École : quels moyens pour mener à bien les projets locaux ?
Lors du forum « Préserver l'école, faire réussir les enfants », le 20 novembre, les élus ont souligné la nécessité de créer un climat de confiance avec l'Education nationale et de disposer de moyens d'accompagnement pour faire face aux enjeux de réussite des enfants.
Incertitudes budgétaires
Les présidents de la commission éducation de l'AMF – Delphine Labails, maire de Périgueux (Dordogne) et Frédéric Leturque, maire d'Arras (Pas-de-Calais) – ont synthétisé à chaque occasion les messages prioritaires des maires : «ce qui nous préoccupe, c’est le contexte [budgétaire] général dans lequel les collectivités sont placées. Et qui va nous conduire à faire des choix, parfois difficiles, et qu’on espère ne pas faire au dépend de l’éducation et de la construction des jeunes citoyens », a souligné Frédéric Leturque.
Les maires demandent notamment à l’Etat de bénéficier de crédits pour mettre en sécurité les établissements scolaires et poursuivre leur rénovation énergétique, deux chantiers importants et coûteux. Ils veulent aussi que l’exécutif soutienne durablement les dispositifs qu’il impulse, dont les cités éducatives, et concerte avec eux sur les enjeux de l’école (voir encadré). .
L'importance du périscolaire
Les élus ont également souligné l’importance du périscolaire pour la réussite des enfants. «Car c'est là où s’exerce la compétence éducative des communes et de leurs intercommunalités », a expliqué Delphine Labails. Une mobilisation toutefois fragile dans le contexte budgétaire actuel. «Il faut maintenir le fonds de soutien aux activités périscolaires », qui devrait être supprimé à la rentrée 2025, a plaidé Corine Sauvage, maire de Montamisé (Vienne). Sans l'aide de l'État, elle risque de ne plus pouvoir proposer ces activités qui sont pourtant «un investissement sur l'avenir ». Une inquiétude partagée par Fabien Guichou, adjoint au maire de Foix (Ariège), qui plaide pour une alliance des acteurs éducatifs pour favoriser des activités périscolaires. Des solutions doivent cependant être recherchées face aux difficultés de recrutement des animateurs et d’accessibilité financière des activités comme l’a souligné Marielle Muret-Baudoin, maire de Noyal sur Vilaine (Ille et Vilaine).
Climat scolaire : les communes innovent
Harcèlement scolaire, violences… La dégradation du climat scolaire inquiète aussi les élus. «On doit travailler ensemble à faire baisser la température », a appelé le maire d'Arras. Le forum a mis en avant quelques initiatives – les bancs de l'amitié de Val de Reuil (Eure), les cités éducatives ou les colos apprenantes dans les quartiers de la politique de la ville d'Allonnes (Sarthe) – inspirantes pour la ministre.
« On ne peut ni apprendre ni enseigner avec la boule au ventre », a reconnu Anne Genetet, en faisant référence à la dégradation du climat scolaire. Anne Genetet a aussi assuré que «la mise en sécurité » de 1 000 établissements est en cours, 400 l'ont déjà été, «600 autres vont l’être ».
Outre-mer, une autre image de l'école de la République
Le cas spécifique des territoires ultramarins a été évoqué. «Rien ne va mieux », a résumé le maire de Mamouzdou (Mayotte), Ambdilwahedou Soumaila. Avec une dynamique démographique sans commune mesure avec la métropole (10 000 naissances par an dont 7 000 dans la ville capitale de Mamouzdou), il faudrait construire sur l'ile «une salle de classe de plus par jour » pour que tous les enfants puissent ouvrir leurs cahiers tous les matins, il en manque à l'heure actuelle 302.
« Dans ce département le plus pauvre de France, on demande aux 17 maires de réaliser des miracles au quotidien ! », interpelle l'élu. À défaut d'avoir ce pouvoir, les maires ont organisé des systèmes alternatifs. En mettant en place des «rotations scolaires », des élèves suivant les cours le matin, d'autres l'après-midi ». En créant des «classes itinérantes », dans des maisons des jeunes et de la culture, «où on essaye que certains enfants aient au moins 2h de cours par jour ! ». Des réponses forcément insatisfaisantes et insuffisantes. Le maire a appelé à la «solidarité nationale » pour ces enfants de Mayotte qui ne bénéficient pas du «minimum social ».
« Mayotte est dans mes radars, d’autant que vous avez une manière d’enseigner et d'imaginer l’école qui peut être enrichissante pour le territoire hexagonal », a répondu la ministre.
L'Etat veut élaborer une méthode de travail avec les maires
Anne Genetet a manifesté son souhait de signer prochainement un protocole d’accord avec l’AMF afin de poser une méthode de travail collaboratif avec les maires sur les enjeux de l’école.
Sur la carte scolaire, «la démographie est connue, on ne sera pas étonné de savoir que l'on aura 200 000 élèves de moins, mais on peut dès aujourd'hui construire cette carte scolaire à trois ans », a expliqué la ministre de l'Education nationale, comme le prévoit le Plan France ruralités.
D’autres enjeux requièrent une concertation avec les maires, que ce soit en matière de sécurité des écoles, de rénovation énergétique, d’accessibilité ou encore de continuité éducative. Sur ce dernier point, la ministre ne s’est pas prononcé sur la suppression du fonds de soutien destiné aux communes dont les écoles sont restées à 4,5 jours. Elle a proposé «une concertation pour voir comment continuer à accompagner ce sujet du périscolaire ».
Retrouvez la vidéo du forum " Préserver l’école, faire réussir les enfants "
Maires de France est le magazine de référence des maires et élus locaux. Chaque mois, il vous permet de décrypter l'actualité, de partager vos solutions de gestion et vous accompagne dans l'exercice de votre mandat. Son site Internet, mairesdefrance.com, vous permet d’accéder à toute l'information dont vous avez besoin, où vous voulez, quand vous voulez et sur le support de votre choix (ordinateur, tablette, smartphone, ...).