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21/11/2025
107e Congrès de l'AMF 2025 AMF Décentralisation Finances

Les dirigeants de l'AMF dénoncent les "mensonges" de l'État et exigent que les communes retrouvent des marges d'action

Lors de la séance solennelle d'ouverture du 107e congrès des maires, le 18 novembre, David Lisnard et André Laignel se sont montrés très offensifs vis-à-vis de l'État qui «recentralise » et prive les communes de marges d'actions. [Article initialement publié sur le site Maire info]

Franck Lemarc
Faces aux multiples crises, les maires ont montré qu'ils sont «les praticiens du quotidien et les urgentistes de la République ». Et ils ont montré que «pour être efficace, il faut s'affranchir des normes », a souligné David Lisnard, président de l'AMF, le 18 novembre, devant les congressistes. 
© Arnaud Février
Faces aux multiples crises, les maires ont montré qu'ils sont «les praticiens du quotidien et les urgentistes de la République ». Et ils ont montré que «pour être efficace, il faut s'affranchir des normes », a souligné David Lisnard, président de l'AMF, le 18 novembre, devant les congressistes. 
C’est devant un public particulièrement nombreux que s’est tenue la séance officielle d’ouverture du 107e congrès de l’AMF, le 18 novembre – «tous les records d’inscription ont été battus », a souligné André Laignel. Le président de l’AMF comme son premier vice-président délégué ont, chacun, prononcé un discours offensif face «aux mensonges » de l’État et à une politique de «recentralisation » qui ne dit pas son nom. 

« Plus on nous parle de simplification, plus c’est compliqué ! »

David Lisnard, maire de Cannes (06) et président de l’AMF, a salué l’action des maires pendant ce «mandat de crises », «commencé avec le confinement et achevé dans le capharnaüm ». Dans ces crises multiples qui ont éclaté tout au long du mandat – covid-19, crise énergétique, inflation, accueil des réfugiés, catastrophes climatiques – les maires ont montré qu’ils sont «les praticiens du quotidien et les urgentistes de la République ». Et ils ont montré que «pour être efficace, il faut s’affranchir des normes ». 

Dans ce contexte, le maire de Cannes a appelé à «remplacer la défiance technocratique par la confiance démocratique ». Ce que l’État a su faire : lorsqu’il a «dû être donneur d’ordre et se trouver confronté aux difficultés que nous rencontrons, il s’en est exonéré » – référence aux lois prises pour la reconstruction de Notre-Dame ou l’organisation des Jeux olympiques, où l’État a drastiquement simplifié les normes, en dérogeant par exemple aux règles sur les marchés publics, pour pouvoir agir vite. «Que l’État fasse de ces dérogations le cadre général ! », a lancé David Lisnard. 

Le président de l’AMF a vivement dénoncé les reproches «infantilisants » adressés aux communes, accusées de «ne pas vouloir participer à l’effort ». «Participer à l’effort, nous le faisons tout le temps ! Nous ne sommes pas dans une défense corporatiste. » 

Le maire de Cannes a rappelé les ponctions incessantes sur les budgets locaux depuis des années : «Où sont passés les 82 milliards d’euros qui ont été pris sur la DGF ? Où est cet argent ? ». «Il n’y a jamais eu autant de contraintes sur les budgets locaux et en même temps jamais autant de dépenses de l’État. Il n’y a jamais eu autant de freins à l’investissement local, et jamais autant d’injonctions contradictoires et d’absurdité : plus on nous parle de simplification, plus c’est compliqué. »

Alors que l’État demande sans cesse aux collectivités de dépenser moins, «il nous force à dépenser plus », a fustigé le président de l’AMF : envolée des cotisations CNRACL, transferts de compétences sans moyens – entretien des routes et des ponts, digue, trait de côte, service public de la petite enfance… 

Face à ce mouvement de recentralisation administrative et financière, «l’AMF a construit une doctrine de la liberté locale », a rappelé David Lisnard, fondée sur une définition précise de la libre administration, sur l’autonomie fiscale et financière, sur la subsidiarité. «La commune n’est pas une résurgence du passé, a-t-il conclu. La commune est moderne. Nous sommes dans le siècle de la souplesse, de l’adaptation – et les communes sont souples et efficaces. La commune, c’est un facteur d’innovation ! ».

« Hold-up en bande organisée »

André Laignel, maire d’Issoudun et premier vice-président délégué de l’AMF, s’est lui aussi montré offensif, voire en colère contre un État qui «ment et qui nous trompe ». «Le bateau France va à vau-l’eau », a constaté le maire d’Issoudun, et «l’État qui se noie tente de nous entraîner dans son naufrage ». Ce mandat de crise «a eu une vertu », a reconnu André Laignel : «il a révélé à l’ensemble des citoyens que sans les communes, les maires et leurs équipes, la France ne serait pas ce qu’elle est. Les Français ont maintenant clairement à l’esprit que les maires ne sont pas un problème mais sont la solution », et la commune «reste un îlot de confiance dans un océan de défiance ». 

Le 1er vice-président de l'AMF a longuement décrit les mauvais coups que recèle le projet de loi de finances pour 2026, après tant d’autres budgets qui ont «frappé de plein fouet les communes », et dénoncé les «mensonges d’État » : «J’en ai assez qu’on nous trompe ! », a lancé le maire d’Issoudun, expliquant que le gouvernement chiffre à 4,6 milliards d’euros la ponction sur les budgets locaux, quand l’AMF l’estime déjà à plus de 7,6 milliards, et «défiant » n’importe quel ministre de venir en débattre avec lui. Il a vertement critiqué le nouveau Dilico, encore plus brutal que le précédent, et qu’il a assimilé à «un hold-up en bande organisée». 

André Laignel ne se fait visiblement guère d’illusion sur la tonalité du discours que viendra prononcer le Premier ministre jeudi en clôture du congrès, prévenant d’avance les maires : «Jamais vous n’aurez été encensé comme vous le serez jeudi ! On nous caresse l’échine d’une main, et on nous fait les poches de l’autre ». 

Concluant lui aussi sur la «décentralisation » voulue par le Premier ministre, il a rappelé les principes de l’AMF : «La décentralisation n’est pas une réforme administrative, c’est un projet politique : c’est la réorganisation de la démocratie, la volonté de rapprocher le pouvoir du citoyen, qu’il soit au plus proche, que tout ce qui peut être fait au niveau de la commune le soit ! C’est une condition absolue du redressement de la France. » 

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