Souffrance. «En tant que maire, je préside l’établissement d’hébergement des personnes âgées dépendantes. Un jour de septembre 2020, je suis convoqué en réunion avec la directrice de l’Ehpad, une de ses agents et une syndicaliste. Cette agente de soins hospitaliers (ASH) cumule les arrêts de travail depuis plusieurs années à cause d’un dos abimé. Je découvre le dossier, sa souffrance et aussitôt, je pense qu’on peut la reclasser à la bibliothèque communale. Celle-ci est animée par des bénévoles et je veux de longue date leur adjoindre un agent à mi-temps. Quelques semaines plus tard, j’évoque ce projet avec mes adjoints : ils me donnent leur accord et je reçois l’agente. Elle est abasourdie qu’enfin on s’occupe d’elle et accepte la mobilité. Je convaincs la directrice d’Ehpad et informe le Centre départemental de gestion (CDG), qui apprécie qu’une commune de 30 agents favorise un reclassement plutôt qu’un licenciement. »
Stage. «L’agente travaillera 28 heures par semaine : elle s’occupera de la bibliothèque à mi-temps, et je planifie qu’elle soit, l’autre mi-temps, à l’accueil de la mairie. En février 2021, nous lui proposons un stage pour se familiariser avec la mission d’accueil. Cela se passe mal. Elle ne trouve pas sa place, maîtrise trop peu l’informatique ou les métiers de la mairie. Nous interrompons le stage, je suis ennuyé et l’agente prend un coup au moral. Ma DGS et moi lui cherchons une autre affectation dans les différents services. Avec sa douleur au dos, elle ne peut faire des tâches trop physiques. Nous voyons le CDG et convenons que, de toute façon, elle se formera à la bureautique. »
Confiance. «Mi-juillet, j’ai une idée. À la suite d’un départ, la cantine est en réorganisation et je vois la possibilité que l’agente d’Ehpad accompagne les écoliers lors du déjeuner. Requinquée, elle accepte. Ainsi, en plus des 14 heures à la bibliothèque, elle s’occupera des enfants 10 heures par semaine et, en plus, pour atteindre ces 28 heures/ semaine, je lui propose 4 heures hebdomadaires de ménage (en faisant attention à son dos) dans la bibliothèque. Là encore, elle accepte et même, s’avère heureuse d’avoir tant de responsabilités en un seul lieu. Aujourd’hui, je suis confiant. Une fiche de poste a été écrite et une procédure nous permettra de la recruter. Au 1er novembre, elle nous rejoindra et trouvera sa place – d’ici là, elle se forme. Du côté de l’Ehpad, où cette ASH était régulièrement remplacée par des salariés précaires, nous allons recruter. Nous stabiliserons l’emploi et gagnerons en qualité des soins. »