Pratique
20/10/2021
Numérique, réseaux sociaux

Recruter un conseiller numérique pour lutter contre l'illectronisme

Les collectivités sont incitées à recruter des conseillers numériques. Leur action gagnera à s'inscrire dans un schéma d'ensemble de lutte contre l'illectronisme.

La dématérialisation accélérée des procédures, et en particulier celles des grandes administrations de l’État, a provoqué un afflux d’usagers en demande d’assistance dans les mairies et centres sociaux. Celle-ci transcende tous les milieux sociaux et n’épargne pas les jeunes même si elle touche en premier lieu les personnes cumulant les fragilités. Pour répondre à ce besoin d’accompagnement humain, l’État a mis en place le dispositif des «conseillers numériques France services » (CNFS) avec pour ambition le recrutement de 4 000 conseillers d’ici 2022.
 

1 Accompagner les usagers

Le conseiller numérique France services n’est qu’une composante d’une stratégie d’inclusion numérique territoriale portée par une intercommunalité, un département ou une région. Celle-ci a vocation à coordonner l’ensemble des acteurs de l’inclusion numérique en réalisant un inventaire des offres existantes et en veillant à leur adéquation aux besoins.
Le schéma doit également organiser un système de repérage et d’aiguillage des usagers, le besoin pouvant concerner la formation à l’assistance, aux outils et à l’aide à l’accomplissement de formalités.
Le CNFS fait partie du dernier maillon, celui de l’accompagnement des usagers.
 

2 Aider à monter en compétence

La mission du CNFS est d’aider les personnes souffrant d’illectronisme – autrement dit ne maîtrisant pas les outils ou l’internet administratif – à «monter en compétence » sur le numérique pour les rendre autonomes. Concrètement, le conseiller numérique a vocation à organiser des ateliers et des initiations gratuites à destination d’un large public sur l’usage d’internet, du courrier électronique, des smartphones, la réalisation de formalités (…). Le CNFS peut être affecté à un lieu (maison France services, bibliothèque, espace public numérique, école, mairie, etc.) ou bien être itinérant.
 

3 Prise en charge du salaire

Les entités appelées à recruter des CNFS sont les collectivités territoriales, les associations, les entreprises de l’économie sociale et solidaire ou les groupements publics. Le salaire du CNFS est pris en charge intégralement par l’État pendant deux ans dans la limite de 50 000 euros, délai au bout duquel l’aide prend fin. À noter que la prise en charge ne porte que sur le salaire et exclut toute aide matérielle (véhicule, ordinateur, etc.) qui reste à la charge de la structure d’accueil. Pour exercer ses missions, le conseiller peut cependant s’appuyer sur la communauté des CNFS et sur les hubs territoriaux pour un numérique inclusif, là où ils existent.
 

4 Plateforme de recrutement

Pour recruter le CNFS, les collectivités peuvent mobiliser un agent existant mais l’État exige des conseillers consacrant 100 % de leur temps à l’inclusion numérique et privilégie de nouvelles recrues. Tout contrat existant sera du reste étudié au «cas par cas ». Le CNFS n’est pas non plus un service civique, car il est davantage formé, rémunéré et a vocation à exercer des responsabilités (animation, coordination, etc.). Pour trouver le bon profil, les collectivités peuvent puiser dans le vivier de candidatures de la plateforme www.conseiller-numerique.gouv.fr mise en place par l’Agence nationale de la cohésion des territoires.
 

5 Contreparties

En recrutant un CNFS, la collectivité prend plusieurs engagements vis-à-vis de l’État. Les collectivités ont ainsi un mois pour les recruter, 15 jours pour signer un contrat et doivent laisser leur CNFS suivre une formation initiale (financée par l’État). Il doit également revêtir une tenue aux couleurs du dispositif «conseiller numérique France services » et se rendre disponible pour des rencontres locales ou nationales.

250 millions pour l’inclusion numérique
Dans le cadre du plan de relance, le gouvernement a affecté 250 millions d'euros à la lutte contre l’illectronisme. Le recrutement des 4 000 conseillers numériques France services s’élève à lui seul à 200 millions d'euros. Le reste de l’enveloppe financera la création de nouveaux lieux d’accueil (40 millions d'euros) et l’outillage des aidants avec le déploiement «d’aidants connect » (aidantsconnect.beta.gouv.fr/), la création de «kits d’inclusion » et la plateforme d’aide multicanal «Solidarité numérique » www.solidaritenumerique.fr/ (10 millions d'euros).
Olivier Devillers
n°394 - OCTOBRE 2021