Stadler/Région Grand Est
Sept lignes ferroviaires seront mises en service ou rénovées d'ici 2025 entre les villes du Grand Est et celles d'Outre-Rhin.
Dans le Grand Est, l’ouverture à la concurrence est un dossier sur lequel la région travaille depuis 2016. Date à laquelle il a été mentionné, dans la convention passée avec la SNCF, la possibilité d’ouvrir à des opérateurs privés 10 % du réseau ferré en 2023. «La concurrence va nous permettre d’augmenter l’offre de transport en milieu de journée, le soir, le week-end, pendant les vacances pour répondre aux besoins de déplacement autres que le domicile/travail. Nous estimons que l’attractivité ferroviaire est liée au volume d’offre.
Or, en France, faire rouler un train coûte 30 % plus cher qu’en Allemagne », explique David Valence, vice-président de la région chargé de la mobilité. L’objectif des conseillers régionaux – satisfaits de la qualité de service délivrée par la SNCF – est en effet aussi de réaliser des économies. «Nous les réinvestirons dans la commande de trains supplémentaires », assure l’élu.
Concrètement, l’ouverture à la concurrence s’effectuera en deux temps. La première étape interviendra en 2023 et portera sur quatre lignes : Nancy-Contrexéville, Épinal-Saint-Dié-des-Vosges, Saint-Dié-Strasbourg et Strasbourg-Sélestat. Des lignes fermées ou menacées de l’être car l’infrastructure est en mauvais état. C’est notamment pour moderniser ces liaisons que la région a demandé à l’État et à la SNCF de lui transférer pour vingt-deux ans la gestion des infrastructures. À charge pour l’opérateur retenu de prendre en charge ces travaux qui porteront sur les voies, le ballast, la signalisation, les haltes ferroviaires et la circulation des trains.
Un exploitant unique
Pour établir le cahier des charges et définir le niveau d’offre, la région a consulté les usagers et les élus locaux. «Ils ne découvriront pas du jour au lendemain les services qui seront mis en place », affirme David Valence. Ces quatre lignes ont un potentiel de fréquentation proche de 20 000 voyageurs par jour pour une valeur de contrat supérieure à 1,2 Md€ sur vingt-deux ans. «Nous désignerons l’opérateur retenu au cours du premier semestre 2022. » Une dizaine de candidats sont actuellement en lice pour décrocher ce marché.
La deuxième étape de l’ouverture à la concurrence sera effective en 2025 et englobera sept lignes transfrontalières allemandes : Metz-Sarrebruck, Strasbourg-Sarrebruck, Strasbourg-Neustadt, Strasbourg-Karlsruhe, Strasbourg-Offenburg, Mulhouse-Müllheim et Metz-Trèves. L’avis de concession devrait être publié début 2022. «Sur la partie française de ces liaisons, nous demanderons également à l’État la délégation de la gestion des infrastructures. Certains tronçons, considérés comme des petites lignes, n’ont pas été modernisés », explique David Valence.
Pour mener à bien ce dossier, la région travaille en étroite liaison avec les länders allemands et les élus locaux. «L’ouverture de ces lignes à la concurrence est décalée dans le temps car nous devons régler des contraintes techniques (comme la hauteur des quais qui n’est pas la même). Cela suppose d’avoir un matériel roulant adapté aux différents réseaux », ajoute-t-il. Une commande de 400 M€ a d’ailleurs été passée en ce sens et les trains sont actuellement en production en Alsace. «Nous sommes en train de définir le niveau d’offre, le nombre d’arrêts, de trains pour élaborer le cahier des charges. »
Là aussi, les élus régionaux comptent sur la concurrence pour faire circuler plus de trains sur ces liaisons transfrontalières. «Objectif : avoir des trains directs sur les lignes allemandes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui pour toutes. Pour se rendre de Strasbourg à Neustadt, il faut changer à Luxembourg pour prendre un train allemand », note le vice-président.
Densifier l'offre
La politique de mobilité du Grand Est est de densifier les liaisons entre les métropoles et les villes moyennes «qui sont les lieux où le monde rural peut accéder au transport », indique David Valence. Dans cette région,185 000 voyageurs empruntent par jour l’un des 1 705 TER. Une compétence qui nécessite un budget de fonctionnement de 482 M€ par an.
La région mise sur la concurrence pour densifier l’offre. Ce principe s’applique aussi aux lignes transfrontières. «En Allemagne, la concurrence a permis de rouvrir 800 km de voies ferrées », selon l’élu.
Christine Cabiron
n°394 - OCTOBRE 2021