« Le choc est immense et nous découvrons notre fragilité, celle des régions européennes, devant les catastrophes climatiques », a déploré Younous Omarjee, président de la commission de la politique régionale du Parlement européen, qui a convoqué un débat en urgence sur le sujet en session plénière, à la mi-septembre.
Avec ses collègues, il appelle à la création d’un nouveau Fonds régional spécifique d’adaptation au changement climatique. «Pour engager les travaux nécessaires sur les infrastructures afin de les rendre pérennes. Les milliards d’investissements nécessaires seront toujours inférieurs au coût de l’inaction », insiste l’eurodéputé.
La balle est dans le camp de la Commission européenne : en effet, créer un tel Fonds nécessite, au préalable, de soumettre une proposition concrète aux États membres et aux députés. Le débat est aussi lancé sur l’adaptation des instruments de réaction immédiate de l’Union européenne face à de telles catastrophes. Au cœur de l’été, la solidarité européenne s’est vite mise en place via le mécanisme européen de protection civile.
Quand l’ampleur d’une situation d’urgence dépasse les capacités de réaction d’un pays, celui-ci peut toujours appeler l’aide des voisins européens par l’intermédiaire de ce mécanisme créé en 2001. Un centre de coordination basé à Bruxelles fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Il mobilise et coordonne alors l’envoi d’hélicoptères, de bateaux, d’avions, d’équipes de secours, avec des frais d’acheminement pris en charge par l’Union européenne (UE) à hauteur d’au moins 75 %. Cet été, la France a ainsi répondu présent pour dépêcher véhicules et secouristes notamment en Grèce, en Italie et en Belgique.
Si, depuis 2019, le mécanisme s’est enrichi d’une réserve propre de matériel, entre autres des hélicoptères et des avions type Canadair, l’ampleur des événements, cet été, en a aussi laissé entrevoir les limites. Rien qu’avec les incendies dans le sud de l’Europe, l’UE a coordonné, outre l’acheminement d’avions et d’hélicoptères, l’envoi de pas moins de 1 300 pompiers. «La plus grande brigade que nous ayons jamais déployée. Nous avons utilisé toutes les capacités et si nous en avions eu davantage, nous les aurions aussi utilisées », a indiqué le commissaire européen chargé de la gestion des crises, Janez Lenarcic.
C’est un fait : les catastrophes à répétition et leur virulence inédite mettent le mécanisme – et son budget – sous pression. Avant le pic de cette année, son activation avait déjà grimpé en flèche ces dernières années. D’une moyenne de 20 mobilisations par an entre 2001 et 2019, on est monté à 102 activations en 2020. «Et pour 2021, on devrait arriver à 120 », a prédit le commissaire. Selon lui, il est donc «urgent » d’entamer une réflexion sur le renforcement des capacités d’intervention «à la fois au niveau européen et dans les États ».
Même démarche pour cet autre instrument d’aide emblématique qu’est le Fonds de solidarité de l’UE. Créé en réponse à de graves inondations qui ont touché l’Europe centrale, à l’été 2002, ce fonds (lire ci-dessus) intervient en aval pour rembourser une partie des dégâts causés par les grosses catastrophes régionales et, depuis le Covid-19, pour soutenir les dépenses en équipements médicaux et aide à la population en cas d’urgence sanitaire majeure.
Avant l’été, l’UE annonçait encore qu’elle débloquerait plus de 50 M€ du Fonds pour aider la région Provence-Alpes-Côte d’Azur à se relever des dommages causés par la tempête Alex en octobre 2020 (lire Maires de France n° 389 d’avril 2021, pp. 10-11).
Mais voilà : les interventions liées à la crise sanitaire combinées aux demandes liées aux catastrophes naturelles ont déjà complètement asséché les ressources pour 2021. Et les demandes, elles, continuent à arriver. «Chypre a déjà soumis une demande et nous savons que d’autres États comptent le faire », a indiqué la Commission. Pour de nombreux députés, il est désormais temps de renforcer cet instrument de solidarité et, au passage, d’assouplir ses modalités d’intervention.
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