La Fédération a non seulement voté contre le contrat mais elle continue, depuis l’été, d’appeler les communes à adopter des motions de soutien à ses demandes, tout en gelant les discussions avec l’ONF sur la signature d’une convention censée décliner le COP.
L’initiative est soutenue par l’AMF qui demandait dès 2019 à l’État, dans la résolution générale de son Congrès, la tenue d’assises « pour définir ensemble un plan de sauvegarde des forêts et la mise en œuvre d’une politique nationale ambitieuse en faveur de la filière forêt-bois ». Depuis plusieurs années, beaucoup de communes forestières connaissent un effet de ciseau : face au réchauffement climatique qui provoque le dépérissement de certaines essences, elles doivent engager une diversification et un repeuplement coûteux des massifs tout en accusant une baisse des recettes provenant de la vente du bois.
Cette situation concerne principalement les «forêts de rapport » situées notamment en Bourgogne-Franche-Comté, fortement dépendantes de la vente (30 % de leurs recettes budgétaires en moyenne) et touchées de plein fouet par les scolytes dues aux étés chauds et secs, qui détruisent les arbres, comme en témoigne Michel Bourgeois, président de l’Union régionale des communes forestières : «beaucoup de petites communes du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône sont exsangues financièrement, explique le maire d’Entre-deux-Monts (39). Pour ma commune, le produit des ventes constituait 25 % du budget, il est tombé à 10 %. »
La situation est encore plus catastrophique dans les Vosges, à l’image de celle de la commune de Gigney où les quelques parcelles épargnées par une tornade survenue en 1984 ont été entièrement ravagées par les scolytes ! «Nous avons dû tout couper il y a deux ans et vendre le bois au dixième de sa valeur. Aujourd’hui, nous n’avons plus de bois à vendre et donc plus aucune recette, témoigne le maire, Jérôme Thomas qui préside aussi l’Association départementale des communes forestières. Il faudrait réinvestir pour replanter mais nous n’en avons pas les moyens. »
Dans ce contexte, la hausse des frais de garderie est jugée «intolérable » par les élus : «les communes forestières ont déjà subi de plein fouet la baisse de la DGF depuis 2015 qui a été calculée sur les recettes brutes des ventes de bois ! Elles ont donc largement acquitté la hausse des frais de garderie envisagée », estime Michel Bourgeois en précisant que l’adoption de motions par les communes contre cette décision «est en plein boom ! »
Les élus déplorent dans le même temps l’amoindrissement des moyens dévolus par l’État à l’ONF, partenaire historique dans l’entretien et la gestion (notamment la commercialisation) des forêts publiques. «Le gouvernement accélère depuis deux ans la disparition des emplois de terrain, notamment des ouvriers forestiers, mise à part dans les zones productives où l’enjeu économique lié aux ventes est fort, souligne Dominique Jarlier. Ceci se traduit par une baisse des missions d’intérêt général et de proximité. »
« Nous avons absolument besoin des agents de l’ONF pour préserver la biodiversité des massifs, assurer un rôle de surveillance contre l’incendie, les dépôts sauvages, les pratiques abusives en forêt telles que le quad ou la moto, confirme Francis Cros, président de l’Union régionale des collectivités forestières d’Occitanie et maire de La Salvetat-sur-Agout (34). Or, nous assistons depuis une dizaine d’années à une décrue régulière des effectifs de gardes forestiers et d’agents du patrimoine. Ceci menace la gestion durable de la forêt. On ne peut demander aux communes forestières de payer plus pour avoir moins de services et d’agents de l’ONF sur le terrain ! »
L’État semble avoir pris la mesure de la colère des élus : sur la suggestion du président de la FNCofor, il a annoncé, le 24 juillet, l’organisation d’« Assises de la forêt et du bois » qui devaient se tenir fin septembre ou en octobre. «Nous saluons cette initiative mais j’espère que l’État ne compte pas nous endormir avec des beaux discours, souligne Dominique Jarlier.
Aucun échange n’est prévu à ce stade sur les relations ONF-communes forestières. » Le gouvernement annonce aussi augmenter de 100 millions d'euros les moyens dévolus aux différents dispositifs de soutien à la filière forêt et bois dans le cadre du plan France relance, qui lui affectait déjà 200 millions d’euros. La FNCofor, qui tiendra son CA le 12 octobre et son assemblée générale le 20 octobre, maintient cependant la pression sur l’État.