Intrusion. « Je suis chez mon père, un dimanche à déjeuner, quand je reçois un appel des gendarmes : des sangliers sont entrés dans la mairie ! Je crois à une blague mais c’est sérieux. Je me rends sur place aussitôt. Le hall est saccagé, la porte d’entrée en verre a explosé, il y a du sang, de la boue... Heureusement, les bêtes ne sont pas allées à l’étage ni en salle de conseil. Elles sont reparties, n’ont blessé personne. Les chasseurs arrivent à leur tour, et nous comprenons ce qui s’est passé. À une dizaine de kilomètres, ils ont levé des sangliers, qui se sont dispersés. Un groupe de cinq, mené par un mastard, s’est retrouvé dans le bourg, a déboulé sur la place. Ils ont vu les sapins de Noël devant la mairie, leur reflet dans la porte : ils ont foncé. »
Médiation. «Je ne veux pas que la nuit, la mairie soit ouverte à tous vents. Le lundi, nous sommes fermés comme d’habitude. J’en profite pour appeler la maintenance. Dans les heures qui suivent, un ouvrier fait une réparation de fortune. La porte sera remplacée quelques semaines plus tard. Je calme aussi la colère de deux administrés dont les grillages ont été défoncés par les sangliers, ils veulent porter plainte. Je leur promets que les chasseurs répareront les dommages – ce qu’ils feront. Dans la semaine, je reçois les réactions d’administrés et de collègues. À part quelques remarques hostiles à la chasse, c’est l’humour qui l’emporte. On me demande du “ pâté de sanglier ” ! On s’amuse de ces “ paroissiens ” qui trouvent refuge dans la mairie. Un ami belge m’appelle, il a vu des vidéos sur les réseaux sociaux. »
Concertation. « La ruée des sangliers a été filmée par un habitant. Cela a permis de savoir combien les animaux étaient, l’heure où ils sont passés – mieux que la télésurveillance ! Je ne veux pas que l’incident se renouvelle. Le dimanche matin est jour de marché. Si, ce jour-là, les sangliers avaient foncé sur les étals…, je préfère ne pas imaginer. Je ne sais même pas si mon assurance aurait joué. J’ai contacté la préfecture, dans les jours suivant le saccage, pour qu’une grande battue “ administrative ” soit organisée. Je n’ai pas été entendu. Elle a préféré réunir des propriétaires terriens et les chasseurs. Les premiers ont été invités à mieux entretenir leurs friches – des vergers que les sangliers adorent et qui les attirent. Les chasseurs ont été autorisés à chasser plus souvent. Je leur ai demandé, en raison du marché, de ne pas lever de sanglier le dimanche matin. Aujourd’hui, nous voyons moins de sangliers aux alentours du village. »