À l’heure des exigences en matière de développement durable et des circuits courts, l’utilisation du bois dans l’aménagement des espaces verts mériterait de s’imposer comme une évidence. Matière noble par excellence, le bois s’invite désormais en toutes saisons pour mettre en valeur nos espaces verts. Des lisses aux ganivelles en passant par les plessis et les canisses, le bois peut être utilisé seul, ou associé à des éléments minéraux. Et, en ce domaine, l’obtention d’un résultat visuel à la hauteur des attentes peut rapidement se révéler aussi simple qu’économique.
Mais encore faut-il savoir tirer profit de l’opportunité écologique et de l’esthétique d’un tel choix. Plutôt que des bordures métalliques ou en béton aux abords des parterres fleuris, pourquoi ne pas privilégier des bordures en bois tressé réalisées en essences locales ? Qu’on les appelle « plessis », « fascines » ou encore « gaulettes » selon les régions, leur principe reste le même. Ces bordures végétales visent à marquer les espaces que l’on souhaite mettre en valeur. En pratique, la réalisation d’un plessis de quelques dizaines de centimètres de hauteur obéit à quelques règles simples.
En premier lieu, choisir une essence locale de préférence. Car quitte à se lancer dans des bordures en bois tressé, mieux vaut en effet éviter les incohérences avec l’origine des matériaux. L’occasion au passage de soutenir utilement l’économie locale et de bénéficier d’une traçabilité précise, plutôt que de contribuer au pillage des forêts primaires d’où sont extraits la plupart des bois exotiques. En fonction des régions, saule, osier, frêne ou encore noisetier verront donc utilement leurs jeunes branchages mis en valeur de la sorte après avoir subi leur taille hivernale ou printanière.
Lorsque le choix d’une essence de bois locale s’avère compliqué, il importe de veiller à ce que les matériaux retenus répondent aux exigences d’une certification qui en garantira l’origine durable. Deux principaux signes de reconnaissance sont à connaître en ce domaine. La certification FSC, qui concerne essentiellement des bois exploités dans les forêts d’outre-Atlantique et d’Asie, et la certification PEFC, qui touche plus d’un tiers du bois produit français (pour en savoir + : www.pefc-france.org).
Une fois le choix de l’essence opéré, il faut imaginer la forme la plus adaptée à l’espace à mettre en valeur. Qu’il soit de forme angulaire ou arrondie, tout est possible en ce domaine. Enfin, prévoir un piquet tous les 50 cm ou 1 m en fonction de la longueur des branches à disposer. Aux traditionnels piquets en acacia ou en châtaigniers, certains préfèrent opter pour des piquets métalliques discrets de type « fer à béton » dont la résistance permet plus facilement de voir défiler les saisons sans encombre en remplaçant facilement les éléments. Pour les moins courageux, ou ceux disposant d’un temps plus restreint, notons que de nombreux modèles de plessis déjà « pré-tressés » sont disponibles à la vente. Compter dans ce cas d’une dizaine d’euros le mètre linéaire à plus du double en fonction de l’essence de bois choisie et de la quantité commandée.
Pour les superficies plus importantes, places, parcs et jardins publics, la ganivelle (parfois également appelée « barrière girondine ») saura produire son effet auprès des visiteurs. Utilisées autrefois pour servir de clôture, ces installations se composent de piquets de bois (les « échalas ») réunis entre eux par du fil de fer galvanisé. D’une hauteur d’une cinquantaine de centimètres, voire plus si besoin, les ganivelles sont disponibles sur le marché par rouleaux de plusieurs mètres destinés à être assemblés. Une installation aussi simple qu’esthétique, mise à l’honneur dès le XVIIe siècle dans de nombreuses demeures et châteaux.
Ces installations en bois sont aujourd’hui encore utilisées pour lutter contre l’érosion et maintenir les dunes de sable sur certains espaces littoraux. À Bernières-sur-Mer (2 337 habitants, Calvados), des ganivelles ont récemment été installées en lieu et place des traditionnelles jardinières, ces dernières étant parties pour rejoindre les abords de l’école et le verger municipal en cours de création. Le choix de ces simples installations en bois n’est pas l’apanage des communes rurales et des petites villes. Les ganivelles savent en effet aussi conquérir les espaces urbains. On peut même d’ailleurs en croiser aujourd’hui au « Jardin des reflets », au pied des tours Aurore et Manhattan à Courbevoie (82 000 habitants, Hauts-de-Seine), en plein cœur du quartier d’affaires de La Défense. Preuve que le bois dans tous ses états entend bien reprendre la place qui lui est due pour mettre en valeur nos espaces verts, aussi bien en campagne que dans les villes !