Aujourd’hui retraité, il a plus de temps à consacrer à la mairie mais ne traite jamais un dossier sans elle. Une réunion a été récemment organisée en visio-conférence avec le Parc national régional des Pyrénées ariégeoises pour redéfinir le centre du village. Le maire et l’adjointe à l’urbanisme y participaient, tout comme Sylvie Bosch. « C’est normal, ajoute l’élu, c’est elle qui pilote tous les dossiers. Son avis est important. J’ai une entière confiance en elle. » « Confiance », le mot revient dans toutes les bouches pour qualifier le tandem que représentent le maire et la secrétaire de mairie. « C’est l’élément essentiel de la relation, confirme Marie-Françoise Kalandadze, maire d’Alliat (59 hab., Ariège). La secrétaire de mairie voit beaucoup de choses et doit garder la confidentialité, c’est primordial. » Une confiance d’autant plus nécessaire que la secrétaire de mairie doit se sentir soutenue pour faire face à certains administrés. « Elle est en première ligne, ajoute Marie-Françoise Kalandadze. C’est elle qui est en contact avec les administrés. Elle doit faire face à la détresse, surtout en cette période de crise, et à l’agressivité. » « Elle me protège, avoue André Bertero, maire d’Aurons (576 hab., Bouches-du-Rhône). Tous les jours, des gens demandent à me voir. Corinne Jouet, la secrétaire de mairie, répond parfois que je ne suis pas là. Avec la crise, notre travail est épuisant. » L’élu se souvient avec une pointe d’amertume de la période qui a suivi les dernières élections municipales. «Pendant trois ou quatre mois, dénonce-t-il, on m’a lancé des injures quand je marchais dans les rues, craché dessus, jeté des excréments dans ma piscine et déposé un chat mort devant la mairie. » Il n’a pas lâché. « C’est une personne d’une grande humanité, déclare Corinne Jouet, nous avons une relation forte, extrêmement étroite. » À Narp (106 hab., Pyrénées-Atlantiques), le maire, Fernand Lagrille, et Natacha Garcia Zarzo, la secrétaire de mairie, planchent coude-à-coude sur les dossiers. « On fait la permanence tous les deux, déclare l’élu. Mon bureau est à côté, mais je préfère travailler avec elle dans le sien. On est toujours ensemble ! » Toutefois, cette complicité peut jouer contre le nouveau maire quand c’est un opposant qui accède à la mairie. « Quand nous avons été élus, raconte la 1re adjointe d’un village audois qui souhaite garder l’anonymat, la secrétaire de mairie nous a mis des bâtons dans les roues. Elle avait soutenu l’ancienne municipalité aux élections et faisait en sorte que les choses se passent mal. La situation commence à peine à s’améliorer aujourd’hui, presqu’un an après. » Laurent Menière, maire de Racrange (600 hab., Moselle), a eu davantage de chance. « Avant de devenir maire, j’étais adjoint, déclare-t-il. Pour autant, je ne connaissais pas les rouages administratifs d’une municipalité. Si Alexandra Krauss, la secrétaire de mairie, n’avait pas été là, j’aurais eu beaucoup de mal. Je m’appuie énormément sur elle. » Avec ces vingt ans d’ancienneté, Alexandra Krauss a connu trois maires et assuré la transition de l’un à l’autre. « Elle travaille également dans une autre commune, poursuit Laurent Menière. Parfois, elle nous rapporte des informations que nous n’avons pas encore. Parfois c’est l’inverse. Récemment, elle a pu faire bénéficier mon homologue de possibilités de subventions que j’avais découvertes pour financer le changement de luminaires. »
« La secrétaire de mairie est le pilier de la commune, estime Jean-Paul Pont, maire de Tortequesne (850 hab., Pas-de-Calais). Elle est un relais entre la population et le maire, car elle reçoit des personnes qu’on ne voit pas. » Nombre d’élus se félicitent de cette proximité des secrétaires de mairie avec la population, qui leur permet de connaître les tendances, les rumeurs, les mécontentements. « Depuis quatorze ans que je suis en poste, objecte Vincent Bigot, secrétaire de mairie à Barenton (1 300 hab., Manche), l’un des rares hommes dans une profession féminisée à 94 %, j’ai constaté que nous avions un peu moins de contact avec la population que par le passé. » De plus en plus de démarches sont dématérialisées et les demandes de pièces d’identité, qui représentaient une part importante du travail, sont désormais centralisées dans certaines mairies. « On doit être au courant de tout, de l’urbanisme à la finance, souligne Françoise Paquet secrétaire de mairie à Laprugne (319 hab., Allier). Ce n’est pas un métier facile. » Surtout dans les très petites communes où certains actes ne sont exécutés qu’une fois par an. C’est pour lutter contre la difficulté de trouver seule la réponse à une législation sans cesse en évolution, qu’en 2019, des professionnelles ont créé l’Association des secrétaires des mairies rurales (https://asmrf.fr). « Nous recevons des demandes sur tous les sujets, nous transmettons des réponses parfois sous forme de tutoriels, de vidéos ou de PDF », explique Karine Follin, secrétaire de mairie dans trois communes de l’Eure et présidente de l’Association. « Certaines secrétaires de mairie sont particulièrement démunies, regrette-t-elle, notamment celles vivant dans les DOM-TOM où tous les territoires ne sont pas couverts par internet. » Le bureau de l’association est composé de 4 secrétaires de mairie qui animent l’association en plus de leur travail.