Pratique
08/06/2021
Numérique, réseaux sociaux Sécurité - sécurité civile

Drones. Quels nouveaux usages ?

De plus en plus performants, les drones se développent au service de multiples usages dans les collectivités. Par Christophe Robert

Désormais bien rôdée sur le plan technique et strictement encadrée sur le plan juridique (lire la fiche parue dans Maires de France d’avril 2019), l’utilisation des drones séduit de plus en plus de collectivités. En ce domaine, les usages de ces aéronefs sans équipage sont en mesure de répondre à de nombreux besoins. À l’été 2020, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) recensait quelque 17 000 drones dédiés à des applications professionnelles en France. Par-delà les traditionnelles utilisations photographiques à finalité touristique, les prises de vue aérienne permises par les nouveaux modèles de drone trouvent toute leur utilité dans des applications bien plus techniques. À l’instar des travaux de cartographie liés aux systèmes d’information géographique (SIG) les plus pointus. Grâce aux récentes avancées technologiques, la photogrammétrie aérienne permet aujourd’hui de réaliser des plans topographiques d’une précision difficile à égaler. Dénivelés, cavités et reliefs peuvent être ainsi renseignés avec une précision centimétrique.
En pratique, une fois ortho-rectifiées, c’est-à-dire présentées comme si elles avaient été prises depuis la verticale, les images sont assemblées via un traitement informatique afin de produire ce que l’on nomme une « orthomosaïque » compatible avec un SIG. Souvent doté de plusieurs hélices afin d’assurer une stabilité maximale, voire d’un parachute de secours, un drone est alimenté par une batterie dont la puissance détermine la durée d’autonomie. Et c’est déjà sur des modèles propulsés par l’énergie hydrogène que travaillent aujourd’hui les fabricants. Les plus performants disposent d’une durée d’autonomie de plusieurs heures et peuvent être commandés jusqu’à 10 km de distance. Mais attention, le coût d’un tel engin peut dépasser les 5 000 euros. Sans doute de tels modèles apparaissent-ils surdimensionnés pour les besoins les plus courants des collectivités. Sur le marché, plusieurs solutions sont proposées : de la location à l’achat, les deux formules pouvant être couplées à une exploitation logicielle en fonction des besoins. Parmi les usages plébiscités, les diagnostics patrimoniaux côtoient les relevés thermiques mais aussi la protection de l’environnement. Carsan (646 hab., Gard) a ainsi décidé d’inspecter par drone les toitures de son clocher et de sa mairie avec l’aide d’une société spécialisée. Les clichés permettront de modéliser le clocher en 3D pour déterminer les travaux à réaliser.
 

Thermographie et écologie

Une démarche similaire a été mise en place à Pougny (817 hab., Ain). « Je voulais connaître l’état exact de l’église Saint-Vincent, notamment si des tuiles n’étaient pas déplacées occasionnant des fuites, mais aussi l’état des parties en pierre au niveau du toit et du clocher », détaille son maire, Thierry Beauvais. Équipé d’une caméra thermique, un drone peut aussi aisément repérer les passoires énergétiques. Comme à Agen (34 000 hab., Lot-et-Garonne) où un quartier vient d’être survolé pour réaliser une opération de thermographie aérienne. Plusieurs vols ont été prévus afin d’établir « une cartographie représentant les déperditions énergétiques des logements », explique Jérôme Queyon, directeur du syndicat départemental en charge de cette mission. À Pierres (2 800 hab., Eure-et-Loir), c’est encore un drone qui effectue des relevés thermiques des toitures des bâtiments. « Les bases de données récoltées seront utilisées pour le conseil dans les mesures énergétiques selon les nouvelles réglementations en vigueur », explique la municipalité.
 

Prévention et sécurité

Les drones peuvent encore être utilisés à des fins environnementales, comme à la Communauté de communes Sud-Avesnois (25 700 hab., Nord) où un aéronef a réalisé une trentaine de photographies aériennes de chacune des 12 communes membres de l’EPCI. But de l’opération ? Identifier, pour mieux les réprimer, les arrachages de haies de bocage protégées et les retournements de pâtures classées en zone humide. « L’idée, c’est aussi de recenser toutes les haies, de figer la situation telle qu’elle est aujourd’hui et de l’améliorer par la suite », explique Sylvain Oxoby, vice-président de l’intercommunalité en charge de la protection de l’environnement et de la ruralité. Une entreprise locale a été retenue pour réaliser ce travail facturé un peu plus de 3 500 euros. À l’avenir, c’est sans doute à des finalités plus « sécuritaires » que les drones semblent promis. Même si le Conseil constitutionnel a censuré une disposition de la loi du 25 mai 2021 pour une sécurité globale préservant les libertés qui autorisait les sapeurs-pompiers et les policiers municipaux à utiliser des drones dans le cadre d’une expérimentation. À L’Haÿ-les-Roses (30 000 hab., Val-de-Marne), le maire, Vincent Jeanbrun, souhaite renforcer la sécurité de sa ville en utilisant régulièrement un drone. Pour l’élu, cette nouvelle possibilité permet de « filmer en image classique et avec des caméras thermiques qui peuvent, y compris dans le noir total, repérer si des personnes tendent un guet-apens ». De l’information à la répression en passant par la prévention, l’avenir des drones s’annonce donc prometteur. « Devenus plus performants et plus abordables, les drones peuvent aujourd’hui jouer un rôle levier dans la connaissance et la gestion des territoires », conclut le Cerema, qui a récemment publié un guide pratique dédié à leur usage (https://bit.ly/2R1XDBx).

n°391 - JUIN 2021