Dix tronçons, représentant seulement 6 % du réseau départemental, ont été retenus pour passer à 90 km/h. Pour chacun d’entre eux, le président du département a dû prendre un arrêté motivé, voté par la commission départementale de sécurité routière, tandis que la préfecture et la Prévention routière se sont exprimées contre ce retour aux 90 km/h. Ces tronçons permettent de traverser le département d’est en ouest et du nord au sud. Sur ces axes routiers, des panneaux sont installés tous les 3 km pour rappeler aux automobilistes cette nouvelle limitation de vitesse. Au total, 780 panneaux ont été achetés et installés par la collectivité pour un montant de 70 000 euros. « Il y a eu des récriminations quand on est passé à 80 km/h, se souvient Germinal Peiro. Les personnes ne comprenaient pas que la vitesse soit réduite sur toutes les routes, surtout quand elles sont confortables. Ils mettaient en avant qu’il était impossible de doubler un camion à cette allure-là. » Cependant, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) a réalisé une étude, parue en 2018, pointant que c’est le réseau principal, c’est-à-dire le plus confortable, qui enregistre 55 % d’accidents mortels. « C’est exactement ce que j’ai constaté avec le passage à 80 km/h, souligne Daniel Julliot, membre fondateur de la Fédération française des motards en colères de Dordogne et membre de la commission départementale de sécurité routière. En roulant à cette vitesse-là, les automobilistes font moins attention. » Germinal Peiro abonde dans son sens : « On s’est même aperçu que, pendant les premiers mois du passage aux 80 km/h, il y a eu quelques accidents mortels supplémentaires. » Directeur de l’Union départementale des maires de la Dordogne, Claude Rey indique, pour sa part, que les élus et la population n’ont pas encore vu l’intérêt du passage à 80 km/h. Il rappelle que la vitesse n’est pas toujours la cause des accidents dans ce département comptant 46 % de personnes âgées de plus de 65 ans, contre 18 % au niveau national : « Des accidents sont parfois dus à des malaises. » Dans un an, le département réalisera un bilan de ce passage à 90 km/h. Dans cet intervalle, il rappelle aux automobilistes que «c’est par leur prudence, l’adaptation de leur conduite aux conditions de circulation, le respect des vitesses autorisées et des distances de sécurité qu’ils manifesteront de la meilleure des façons leur adhésion à cette initiative du département ».