Pour réfléchir au rôle que les collectivités joueront dans l’Europe de demain, le CdR a organisé un premier dialogue local, le 9 mai, depuis l’hôtel de ville de Strasbourg et en partenariat avec les associations d’élus. Si la Conférence devait déboucher sur une réflexion de nature juridique – éventuellement une modification des Traités –, François Baroin, président de l’AMF, souhaiterait une définition plus précise du principe de subsidiarité européen, histoire de donner « un corps juridique à l’échelon local, le plus proche des citoyens ». Un principe de subsidiarité qui, dit-il, « doit aussi trouver sa déclinaison chez nous », avec des réflexions à avoir sur une territorialisation renforcée dans des domaines comme la santé, le logement, la culture, le sport, le médico-social, etc.
L’occasion aussi de réitérer la demande d’accompagnement dans la résorption des fractures numériques –
« plus de la moitié de la population française vit dans des communes de moins de 2 500 habitants ». Le secrétaire d’État chargé de la Ruralité, Joël Giraud, qui compare la démarche européenne à ce qui s’est fait en France lors du Grand débat, veut « vraiment croire à cet exercice de démocratie participative » à l’heure où « il convient de réaffirmer la permanence du projet européen ». Ces prochains mois, dit-il, doivent aussi mettre en avant la notion de différenciation à l’égard des territoires ruraux, faiblement peuplés, des montagnes, des îles. « Des territoires quelque peu oubliés des institutions et nous aimerions les voir revenir sur le devant de la scène. » Pour Jean Rottner, président de la région Grand Est, qui s’exprimait pour Régions de France, c’est sur « le fait transfrontalier, ces zones vues de très loin par les capitales » qu’il convient d’avoir une réflexion particulière. Des zones qui, plus que d’autres en ce temps de la Covid-19, ont expérimenté le fait que les acquis de l’Europe restent fragiles – les fermetures de frontières le leur ont rappelé. Pour Frédéric Bierry, président de la collectivité européenne d’Alsace, ce rappel a été « brutal ». Il espère que cette année particulière permettra, pour de nombreux jeunes, d’avoir une expérience concrète de l’Europe. « C’est ainsi qu’ils auront conscience d’en faire partie », plaide celui qui regrette aussi que « la France n’éduque pas assez ses jeunes à l’Europe. Un jeune Danois, un jeune Allemand en sait plus sur l’Europe qu’un jeune Français ». Tous se rejoignent sur une même conviction : ce dialogue qu’instaure la Conférence ne doit pas rester un dialogue institutionnel. Il doit surtout permettre de parler de l’Europe « avec son cœur ». « Il faut répondre aux populistes qui contestent l’Europe avec leurs tripes, alors que trop souvent, nous défendons l’Europe avec des PowerPoints », estime Christophe Rouillon, maire de Coulaines (72) et co-président de la commission Europe de l’AMF.