" Les habitants voudraient voir « leur » Miss, obtenir une dédicace, la voir figurer sur un timbre ! "
Soutien. «Je ne suis pas fan du concours Miss France mais le 26 septembre 2020, une jeune fille originaire du village est élue Miss Normandie : ça change tout ! Quand Amandine, 23 ans, franchit cette étape, je lui envoie des fleurs. Les semaines suivantes, nous placardons son visage sur des panneaux communaux pour que, le jour de l’élection nationale, tout le monde vote pour elle. Mais, deuxième confinement oblige, je ne fais rien de plus. J’aurais aimé réunir, le soir de l’épreuve, les habitants à la salle des fêtes mais cela sera finalement chacun chez soi. Je suis motivé : mes filles, qui connaissent Amandine, me disent que sur les réseaux sociaux, elle figure dans “ dans le top 5 ”. Alors, ce 19 décembre, pour la première fois de ma vie, je regarde l’émission, au début assez distraitement. »
Renommée. « Quand Amandine se retrouve dans le carré final, soudain, je deviens accroc. Je vote pour elle et quand elle est en finale, face à Miss Provence, je suis déjà dans le “ coup d’après ”. J’anticipe sur les conséquences de son élection : comment l’aider ? Comment éviter, avec la gendarmerie, que des habitants enfreignent le couvre-feu pour fêter cet événement dans les rues ?… À tel point que j’oublie de voter ! Heureusement, Amandine est élue et Bourguebus, qui ne s’était fait connaître que pour son équipe de football qui, en 2018, était parvenue au sixième tour de la Coupe de France, devient renommée nationalement. Le lendemain, dimanche, je reste chez moi mais je suis surpris de n’être pas plus appelé par les journalistes. En fait, ils veulent surtout les réactions d’habitants et de la famille. »
Carte. « Les jours suivants, c’est la folie au standard de la mairie. Les habitants aimeraient voir “ leur ” Miss, obtenir une dédicace, la voir figurer sur un timbre, etc. ! Nous répondons que le concours n’est pas organisé par la commune et que nous ne gérons pas l’agenda de Miss France ! Pour ma part, je pense éditer une carte de vœux avec Amandine en photo, et veux en parler au comité Miss France. En ai-je le droit ? Je me méfie, car l’organisation est une machine commerciale. Après plusieurs semaines, je finis par avoir quelqu’un et, fin janvier, ma carte sort avec le nom du coiffeur, du maquilleur et la date d’élection sur TF1 ! Un vrai dépliant ! Aujourd’hui, j’attends la fin de la crise sanitaire : le comité Miss France m’a assuré qu’une réception aura lieu dans la commune d’où vient la Miss ! »
Ce qu’il retient
• Rester en retrait : «J’ai adressé à notre Miss un SMS de félicitations mais je ne veux pas trop en faire. Ce qui compte, quand un habitant se distingue, est de se mettre à son service, de l’accompagner dans son parcours, sa passion. Amandine a réussi à nous faire passer une photo dédicacée : elle est dans l’entrée de mairie ! C’est notre nouvelle Marianne ! »
• Garder l’esprit ouvert : « Les Miss n’étaient pas ma tasse de thé. J’ai évolué. S’engager, quelle que soit la cause, surtout quand on est jeune, c’est bien ! En écoutant les candidates, j’ai été surpris par leur maturité. Ce ne sont pas que de “ belles plantes ”. Ainsi, j’ai appris qu’Amandine se destinait au “management en EHPAD ”. Elle a peut-être été sensible, adolescente, à nos actions pour la solidarité et le vivre ensemble. »
Remerciements
« Je tire mon chapeau aux employées communales et à ma directrice générale des services qui ont traité les appels de centaines de personnes voulant voir Amandine. Elles ont aiguillé les appels vers le comité Miss France même si nous savions que c’est un bunker – je trouve d’ailleurs que cette instance néglige les élus, sauf pour leur demander des sous ! Je remercie aussi les parents d’Amandine qui lui ont fait suivre nos félicitations. Mais quand, pour Noël, Amandine est venue les voir, nous l’avons laissée tranquille. Elle reviendra plus tard, car on n’est Miss qu’un an ! »
n°390 - MAI 2021