Pratique
01/09/2019
Environnement

Trottoirs nets et rues propres

Préoccupation largement partagée, la propreté de la voirie et des espaces publics fait aujourd'hui l'objet d'innovations. Tour d'horizon.

Depuis 2000, les dépenses de fonctionnement pour le nettoyage et la propreté des rues ne cessent de croître, selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) : 1,6 MdE en 2013 contre 700 ME en 2000. Les dépenses d’investissement sur ce poste demeurent en revanche relativement stables – environ 100 ME par an (1). C’est dire s’il importe aujourd’hui de savoir opérer les bons choix en matière de propreté urbaine, à coût constant si possible, si l’on souhaite conjuguer satisfaction des habitants et économies collectives.
Il suffit de consulter les catalogues spécialisés et de visiter les salons professionnels pour constater que l’heure est plus que jamais aux véhicules multifonctions. Balayage, lavage, déneigement, salage, aspiration, arrosage, élagage…, les fabricants n’hésitent désormais plus à doter leurs engins d’autant de fonctions que de besoins. «Douze métiers, treize misères », objecteront peut-être les adeptes du proverbe franc-comtois. Il n’empêche que choisir une machine capable de combiner plusieurs usages peut se révéler aussi utile qu’économique. 
Parmi les critères de choix à privilégier, outre la variété des fonctions disponibles et le prix de l’engin (compter jusqu’à 150 000 E pour un véhicule thermique multifonction tout équipé), maniabilité et consommation énergétique ne doivent pas être négligées. Plus l’angle de braquage sera proche des 90° et plus la manipulation de l’engin sera aisée dans les configurations les plus délicates. Côté motorisation, pour les modèles thermiques, bien vérifier que le système propose un mode écoconduite. Dans l’idéal, opter pour une motorisation électrique silencieuse, ne serait-ce que pour la quiétude des riverains aux heures matinales ou tardives de la journée. Mais qui dit multifonction, dit par définition plusieurs outils. Ne pas hésiter en ce domaine à tester en réel l’aisance promise (ou non) par les constructeurs pour le changement des options (lames, bras, rotobalayeuses et autres accessoires) afin d’éviter tracas et inutiles pertes de temps au détriment des heures d’entretien effectif. Comble du confort, certains modèles proposent même des sièges chauffants. 

Stop aux déchets sauvages

Selon une étude réalisée en 2018 pour Gestes Propres, 94 % des Français déclarent conserver leurs déchets extérieurs pour les jeter dans une corbeille de propreté, voire à leur domicile. Un taux qui tombe à 83 % lorsque le délai d’attente pour pouvoir jeter ces déchets est supérieur à une heure. Si ces chiffres méritent sans doute d’être pris avec prudence, il n’en demeure pas moins que c’est bien aux collectivités et à leurs établissements publics qu’il revient, notamment, d’équiper la voirie en nombre suffisant de corbeilles publiques. On évalue aujourd’hui leur présence à une corbeille en moyenne pour 77 habitants (2). Un chiffre qui place l’Hexagone dans la moyenne de ses voisins européens, même si le bât blesse encore dans nos communes en matière de corbeilles publiques proposant un tri sélectif. Seuls 10 % des chefs-lieux disposeraient en effet de corbeilles de propreté permettant le tri en centre-ville. Cette question mériterait pourtant d’être prise au sérieux, les déchets sauvages (mégots, plastiques, chewing-gums, emballages…) représentant environ 520 000 tonnes par an disséminées sur nos trottoirs, routes et cours d’eau, selon l’association Progrès et Environnement, à l’origine de Gestes propres, campagne nationale de prévention des déchets sauvages.  
Dans un tel contexte, la mode en matière de politiques publiques pour la propreté urbaine est désormais celle des « nudges ». En clair, des « coups de pouce » donnés aux administrés pour leur faire prendre conscience de l’impact de leur consommation sur l’environnement. Ces «coups de pouce » prennent diverses formes : de la multiplication des corbeilles dans les espaces publics, à la signalisation incitative en passant par la mise en place de dispositifs novateurs. Dans ce cadre, les nouvelles technologies ne sont pas en reste avec l’apparition de nouvelles « poubelles solaires » à Caen, Cannes, Strasbourg ou encore Châlon-sur-Saône. Pour un coût situé aux alentours de 1 500 E l’unité, ces poubelles assurent un compactage des déchets tout en informant une console de gestion sur leur remplissage en temps réel. 

« Jeter utile »

Autre tendance à signaler, souvent à l’initiative des enseignes des grandes surfaces, les collecteurs de bouteilles en plastique ou de canettes métalliques fleurissent sur les parkings. En contrepartie de cette démarche « écocitoyenne », l’usager se voit remettre quelques centimes d’euros ou un bon d’achat utilisable dans le magasin. Ces « nudges » invitant à « jeter utile » ont vite trouvé leur public à Saint-Pée-sur-Nivelle (64), La Guerche-de-Bretagne (35), ou encore ­Mortagne (61). Chez nos voisins européens, à Fribourg (Allemagne), la municipalité propose, depuis 2016, des gobelets réutilisables aux cafés et aux commerces de son territoire. En Espagne, à Barcelone, ce sont encore de petites déchetteries de quartier que l’on développe afin d’offrir un service de proximité pour la collecte des déchets ménagers de petits volumes. Des infrastructures qui complétent les premiers dispositifs de collecteurs souterrains mis en place il y a déjà vingt ans. Alors, prêts pour la transition au service de la propreté ?            


(1)  Lire «Déchets : chiffres clefs », Adema, avril 2019, www.ademe.fr
(2) «Étude des corbeilles de propreté en France et à l’international : la réduction des déchets et le tri hors foyer », Meslard-Hayot H, Moreau S, 2019.

Savoir sensibiliser
Pour aider les mairies à sensibiliser les habitants, l’Association des villes pour la propreté urbaine (AVPU) propose des kits de communication, en particulier sur la prolifération des mégots sur les voies publiques.  www.avpu.fr
 
Christophe ROBERT
n°371 - septembre 2019