Selon une étude réalisée en 2018 pour Gestes Propres, 94 % des Français déclarent conserver leurs déchets extérieurs pour les jeter dans une corbeille de propreté, voire à leur domicile. Un taux qui tombe à 83 % lorsque le délai d’attente pour pouvoir jeter ces déchets est supérieur à une heure. Si ces chiffres méritent sans doute d’être pris avec prudence, il n’en demeure pas moins que c’est bien aux collectivités et à leurs établissements publics qu’il revient, notamment, d’équiper la voirie en nombre suffisant de corbeilles publiques. On évalue aujourd’hui leur présence à une corbeille en moyenne pour 77 habitants (2). Un chiffre qui place l’Hexagone dans la moyenne de ses voisins européens, même si le bât blesse encore dans nos communes en matière de corbeilles publiques proposant un tri sélectif. Seuls 10 % des chefs-lieux disposeraient en effet de corbeilles de propreté permettant le tri en centre-ville. Cette question mériterait pourtant d’être prise au sérieux, les déchets sauvages (mégots, plastiques, chewing-gums, emballages…) représentant environ 520 000 tonnes par an disséminées sur nos trottoirs, routes et cours d’eau, selon l’association Progrès et Environnement, à l’origine de Gestes propres, campagne nationale de prévention des déchets sauvages.
Dans un tel contexte, la mode en matière de politiques publiques pour la propreté urbaine est désormais celle des « nudges ». En clair, des « coups de pouce » donnés aux administrés pour leur faire prendre conscience de l’impact de leur consommation sur l’environnement. Ces «coups de pouce » prennent diverses formes : de la multiplication des corbeilles dans les espaces publics, à la signalisation incitative en passant par la mise en place de dispositifs novateurs. Dans ce cadre, les nouvelles technologies ne sont pas en reste avec l’apparition de nouvelles « poubelles solaires » à Caen, Cannes, Strasbourg ou encore Châlon-sur-Saône. Pour un coût situé aux alentours de 1 500 E l’unité, ces poubelles assurent un compactage des déchets tout en informant une console de gestion sur leur remplissage en temps réel.
Autre tendance à signaler, souvent à l’initiative des enseignes des grandes surfaces, les collecteurs de bouteilles en plastique ou de canettes métalliques fleurissent sur les parkings. En contrepartie de cette démarche « écocitoyenne », l’usager se voit remettre quelques centimes d’euros ou un bon d’achat utilisable dans le magasin. Ces « nudges » invitant à « jeter utile » ont vite trouvé leur public à Saint-Pée-sur-Nivelle (64), La Guerche-de-Bretagne (35), ou encore Mortagne (61). Chez nos voisins européens, à Fribourg (Allemagne), la municipalité propose, depuis 2016, des gobelets réutilisables aux cafés et aux commerces de son territoire. En Espagne, à Barcelone, ce sont encore de petites déchetteries de quartier que l’on développe afin d’offrir un service de proximité pour la collecte des déchets ménagers de petits volumes. Des infrastructures qui complétent les premiers dispositifs de collecteurs souterrains mis en place il y a déjà vingt ans. Alors, prêts pour la transition au service de la propreté ?
(1) Lire «Déchets : chiffres clefs », Adema, avril 2019, www.ademe.fr
(2) «Étude des corbeilles de propreté en France et à l’international : la réduction des déchets et le tri hors foyer », Meslard-Hayot H, Moreau S, 2019.