Pratique
01/05/2021
Environnement

Propreté urbaine. Vers plus d'efficacité

Assurer la propreté urbaine est une mission quotidienne essentielle, plus que jamais en période d'épidémie. Par Christophe Robert

La crise sanitaire et les périodes de confinement n’ont pas ralenti l’activité des collecti-vités pour assurer leurs missions de nettoyage de la voirie et du mobilier urbain. D’autant que le Haut conseil de la santé publique (HCSP) préconisait clairement, dès le printemps 2020, « de continuer d’assurer le nettoyage habituel des voiries et d’assurer le nettoyage et la désinfection à une fréquence plus régulière du mobilier urbain, avec les équipements de protection habituels des professionnels ». Le sujet demeure particulièrement important aux yeux des administrés, à en croire une toute récente étude menée par Kärcher et Kantar révélant que la propreté des rues constitue une « attente majeure » vis-à-vis des maires pour 46 % des habitants. Le contexte actuel n’empêche pas d’innover en la matière. « À moyen terme, deux tendances de fond se dessinent dans le domaine de la propreté urbaine pour les collectivités », explique Alexandre Boulègue, directeur du bureau d’études Xerfi France. D’une part, le secteur des poubelles de nouvelle génération, et, d’autre part, celui des véhicules d’entretien moins polluants. Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre de faire le tour des dernières innovations en ce domaine. Apparues depuis quelques années, les corbeilles connectées séduisent aujourd’hui de plus en plus de collectivités. Leur principe ? Ces poubelles sont équipées de capteurs capables de contrôler et de rendre compte des taux de remplissage et de l’activité de collecte en temps réel. De quoi rationaliser l’activité des agents chargés de leur ramassage tout en réduisant les coûts. Certains modèles sont même équipés d’un système de compactage alimenté par des panneaux solaires. Résultat : une simple poubelle urbaine d’une centaine de litres peut recevoir jusqu’à 5 fois plus de déchets grâce à l’action du compactage. Un choix effectué à Colombes (92), Menton (06), Metz (57) ou encore à Tours (37). « Cet outil nous permet notamment de régler la problématique des corbeilles qui débordent », explique Stéphane ­Ysabelle, responsable de la propreté urbaine à Tours Métropole Val de Loire. Côté coûts, compter quand même entre 5 000 et 7 000 euros par collecteur, en fonction du nombre d’équipements et des fonctionnalités proposées. Un montant restant à apprécier au regard des économies potentielles réalisables côté ramassage, mais également d’une probable réduction des coûts de ces équipements avec l’évolution de ce marché prometteur.
 

Véhicules silencieux

Qu’il s’agisse du nettoyage de la voirie ou du ramassage sélectif (papier, verre, encombrants, etc.), les constructeurs privilégient le silence à la demande des habitants. Une bonne raison de penser que les véhicules électriques devraient continuer de séduire les villes et les centres-bourgs. À l’instar de la ville de ­Trégueux (22), dont le centre technique municipal a récemment reçu un nouveau véhicule dédié aux missions de propreté urbaine et de petit entretien. Doté de batteries au lithium, rechargeables en quelques heures, mais aussi d’un pont basculant, leur nouvel engin dispose d’une autonomie de 92 km à vide et peut charger plus d’une tonne. Ce même choix de véhicules plus discrets a séduit la commune de Saint-Pierre-en-Faucigny (74) qui a opté pour un véhicule gaz et un véhicule électrique pour équiper le service en charge du ramassage des déchets et de la propreté sur plus de 42 km de voirie. « Ce véhicule électrique, qui dispose d’une benne de stockage des ordures ménagères plus importante, permet une réduction des allers-retours aux ateliers municipaux », explique la municipalité.
 

Prévention et verbalisation

L’effort financier consenti par les collectivités pour améliorer les conditions d’entretien de la voirie et assurer la propreté urbaine doit s’accompagner d’une action de sensibilisation des habitants dont certains continuent de jeter sur la voie publique, aux frais du contribuable. Les collectivités privilégient la prévention et la verbalisation. À Saint-Michel-sur-Orge (91), par exemple, la municipalité a décidé de renforcer ses tournées de nettoyage, sans pour autant oublier la sensibilisation de tous au respect des espaces publics. Depuis le 1er janvier 2021, les missions du prestataire du marché de propreté urbaine ont été renforcées, le camion balayeuse étant désormais mobilisé cinq jours par semaine dans toute la ville. Les dépôts sauvages sont constatés et signalés aux services compétents. L’occasion de rappeler que le dépôt illégal de déchets sur la voie publique est passible de lourdes sanctions et que la loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a renforcé l’arsenal juridique dont les élus disposent pour lutter contre ce fléau (lire Maires de France n° 388 de mars 2021, p. 50). À Petit-Couronne (76), un récent arrêté municipal permet désormais aux policiers municipaux et agents de surveillance de la voie publique de constater et de verbaliser le dépôt de déchets sur l’ensemble des voies, espaces publics et privés de la commune. « Depuis mai, une dizaine de contraventions ont déjà été établies », précise la mairie, qui, à l’instar d’autres collectivités, déplore que « dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons, de nouveaux types de déchets aient malheureusement fait leur apparition dans l’espace public : les masques et les gants ». De quoi inciter les élus locaux à faire preuve d’une indispensable pédagogie sans oublier de jouer du bâton quand cela est nécessaire.

n°390 - MAI 2021