Interco et territoires
03/03/2021
Transports, mobilité, voirie

Petite-Rosselle sécurise le pont de Rosselmont

La détermination de la commune (Moselle, 6 400 habitants) a payé pour obtenir les subventions nécessaires à la reconstruction de l'ouvrage. Par Caroline Saint-André

À la place de l'ouvrage, un talus sur lequel passe une nouvelle route a été érigé. L'État a participé à ces travaux à hauteur de 448 000 euros.
Le pont de Rosselmont est rouvert à la circulation ! Une victoire pour la commune de Petite-Rosselle, dans l’agglomération de Forbach, et un symbole important pour les maires confrontés à la problématique des coûts d’entretien de leur patrimoine. Dit « orphelin », car sans propriétaire revendiqué, ce pont en très mauvais état a fait grand bruit dans le cadre du rapport sénatorial de juin 2019 sur la sécurité des ponts. Celui-ci alertait sur les risques liés à un manque de surveillance et d’entretien des ouvrages et soulignait la méconnaissance des ponts des communes et de leurs groupements. Le déplacement de la mission sénatoriale dans la commune et la détermination de l’ancien maire de Petite-Rosselle, Gérard Mittelberger, ont finalement permis de faire reconnaître la responsabilité de l’État dans l’entretien du pont, archives à l’appui. L’histoire de cet ouvrage est intimement liée à celle du bassin lorrain qui, après 150 ans de mono-industrie charbonnière, conserve les stigmates de cette période révolue. Desservi par le pont de Rosselmont, le musée de la mine – labellisé Musée de France – atteste de ce passé qui fait désormais partie du patrimoine. Construit par les Houillières du Bassin de Lorraine, qui utilisaient la voie ferrée pour transporter le charbon de Forbach vers Freyming-Merlebach, ce pont devient la propriété de Charbonnages de France en 2004. Mais en 2007, leurs biens, droits et obligations sont transférés à l’État. Or, aucune convention n’a été établie pour préciser les modalités de répartition des coûts relatifs à la structure de l’ouvrage et fixer l’identité du gestionnaire.   nouveau remblai et piste cyclable sécurisée Exorbitant pour le petit budget de la commune, le coût de réfection est tel (548 000 euros) que « chacun se renvoie la balle », résume le nouveau maire de Petite-Rosselle, Éric Federspiel. Après des échanges de courriers et des passes d’arme, entre 2017 et 2019, avec Élisabeth Borne, alors ministre chargée des Transports, la requête de la commune – appuyée par Hervé Maurey, président de la commission de l’aménagement des territoires du Sénat – a été entendue. Résultat : l’État lui a accordé 80 % de subventions (448 000 euros) pour procéder à la destruction de l’ancien pont, à la construction du nouveau remblai et du tunnel pour la piste cyclable créée sous le nouveau pont, à la place de la ligne de chemin de fer. Une partie de ces subventions provient du fonds mobilités actives (216 000 euros) et de fonds de concours de la communauté d’agglomération de Forbach Porte de France (50 000 euros), dans le cadre de la création de la piste cyclable. 182 000 euros proviennent de la dotation d’équipement des territoires ruraux. Au final, 20 % de la facture (100 000 euros) restent ainsi à la charge de la commune. Retardés par le confinement, les travaux se sont finalement achevés fin 2020, selon le calendrier fixé. La météo clémente a permis la construction du remblai dans les temps, une « chance » presque inattendue pour le maire. Pour le nouvel élu, le déplacement de la mission sénatoriale a sans aucun doute « mis le pied à l’étrier », la commune étant alors « au pied du mur ». Mais cette réussite tient surtout à l’action de son prédécesseur, Gérard Mittelberger, qui s’est « démené pour démontrer que le pont appartenait à l’État, en allant fouiller dans les archives départementales », reconnaît le nouvel élu. L’humilité et la pugnacité ont payé. De son côté, l’État semble avoir pris la mesure du problème car il a lancé, en janvier 2021, à sa charge, un programme de recensement et d’évaluation des ouvrages (lire ci-dessous).

Relance : 40 millions d'euros pour les ponts communaux
L’État mobilise 40 millions d’euros cette année pour aider les petites communes à réaliser le diagnostic de leurs ouvrages d’art. Pilotée par le Cerema, cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’appui en ingénierie proposé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Environ 28 000 communes ont été contactées pour manifester leur intérêt et ont jusqu’au 31 mars pour le faire. D’ici à 2022, le Cerema recensera leurs ouvrages et leur remettra un «carnet de santé » des ponts permettant de prévoir les travaux d’entretien.
n°388 - MARS 2021