Europe
03/03/2021

« Nous portons la voix des collectivités »

Le Conseil des communes et régions d'Europe (CCRE) fête ses 70 ans. Son secrétaire général, Frédéric Vallier, revient sur son histoire et ses actions. Propos recueillis par I.S.

• Le CCRE a été créé en 1951. Quel était le message à l’époque ?
L’initiative revient aux maires de six pays, dont le maire de Bordeaux, Jacques Chaban-Delmas, et le maire de Lyon, Édouard Herriot. L’idée était alors de répondre à l’appel de Maurice Schumann pour construire un mouvement européen qui parte des territoires. La première délibération du CCRE a été la «Charte des libertés communales », qui instituait la nécessité de reconnaître les communes et de respecter leur autonomie.

Et aujourd’hui ?
La raison d’être du CCRE est toujours la même : agir auprès des institutions pour porter le message des communes. Ces dernières années, le Conseil européen, donc les États, a pris l’ascendant sur les autres institutions. Pour nous, c’est un mauvais biais. On estime qu’environ 60 % des décisions prises au niveau de l’UE sont appliquées, dans les territoires, par les collectivités. Et l’on souhaite que ce fait-là soit reconnu par les institutions, que les collectivités soient plus associées dans la prise de décision et que l’on évalue aussi l’impact des décisions sur les territoires. Cela peut passer par un renforcement du rôle du Comité européen des régions et par une interaction plus forte avec les associations nationales de collectivités locales, parmi lesquelles le CCRE.

La Commission européenne prépare un document stratégique sur l’avenir des zones rurales. Quel est votre message ?
Les zones rurales ne doivent plus être considérées, au niveau européen, simplement comme des zones agricoles. Il faut une politique de développement économique pour ces zones et les considérer comme des territoires d’innovation. Avec la crise sanitaire, il y a une aspiration à vivre et travailler dans les territoires ruraux. Il faut renforcer les investissements dans le numérique, il faut faire en sorte que ces territoires soient accessibles, soutenir des politiques de maintien des services publics, créer les mêmes opportunités pour les citoyens qui vivent en territoire rural et en territoire urbain. L’UE a pris des engagements en la matière.

Avez-vous une autre priorité pour 2021 ?
L’initiative de rénovation énergétique des bâtiments portée par l’UE. La plupart des bâtiments publics appartiennent aux communes. Comment va-t-on financer la rénovation énergétique des écoles, des équipements culturels, de loisir, les logements publics, etc. ? On travaille là-dessus avec la Banque européenne d’investissement (BEI), avec les institutions européennes, pour voir quels instruments financiers peuvent être proposés aux communes. C’est un enjeu énorme pour nos territoires.
En savoir + : www.ccre.org/fr

n°388 - MARS 2021