Saturation. « En 2009, le gérant de notre Intermarché me dit qu’il se sent à l’étroit dans notre cœur de village. Son magasin tourne bien, il est complémentaire de nos petits commerces. Mais il a vieilli, il est saturé l’été. Je crains qu’il s’installe sur un terrain éloigné, attire nos commerçants par de meilleures conditions de bail ou de parking avec un risque pour l’activité en centre-ville. Dès lors, je décide de lui trouver un terrain, même si nous avons peu de réserve foncière. Je me tourne d’abord vers l’EPCI pour qui le supermarché doit “rester où il est ” car, en périphérie de village, il pourrait concurrencer les commerces de villages alentour. Je ne tergiverse pas. Je songe ensuite à faciliter la reconstruction du magasin. Mais cela supposerait une fermeture pendant un an. Je renonce à l’idée. »
Déclassement. « En 2013, je me dis que la solution réside sur un terrain annexe. Communal, il est inutilisé, proche d’une route, et il est assez vaste pour accueillir le supermarché, un parking, une station-service et un drive. Nous échangerions ce terrain avec celui de l’Intermarché. Réélu en 2014, je présente le projet lors de réunions publiques, où il rencontre peu de contestations. En 2015, en lien avec le ministère des Sports, je désaffecte le terrain de sa vocation de loisirs. Début 2016, je modifie le PLU. Mais Carrefour, qui possède un magasin à quelques kilomètres, conteste l’avis positif de la commission départementale d’aménagement commercial (CDAC). Nous devons aller devant la CNAC. En juillet, l’instance lui donne raison. Elle pointe l’absence d’utilisation de matériaux locaux pour construire le magasin, et de transports pour y acheminer les habitants. Ces arguments me laissent dubitatif. »
Inauguration. « Nous n’avons pas su défendre notre projet. Je dis au gérant de redéposer un permis de construire, qui tienne compte de ce qu’a dit la CNAC. En février 2017, la CDAC donne à nouveau un avis favorable, encore attaqué par Carrefour. Retour devant la CNAC, avec de meilleurs arguments. Je souligne notamment que le toit en chaume, suggéré dans le 1er avis de la CNAC, présente un risque sérieux de feu. En juillet, elle nous donne son accord : victoire ! Carrefour, bien sûr, conteste le permis de construire devant la cour administrative d’appel de Nantes. Sa requête est rejetée en novembre 2018, et l’enseigne renonce à se pourvoir en cassation. Ouf ! L’Intermarché est inauguré en septembre 2020. Je veux maintenant créer des logements sociaux et accueillir une maison médicale sur le terrain devenu vierge en centre-ville. »