Interco et territoires
02/02/2021
Transports, mobilité, voirie

L'Auvergne sauve ses " petites lignes "

Neuf liaisons ferroviaires vont bénéficier d'un plan de rénovation de 130 millions d'euros financé à parts égales par la région Auvergne-Rhône-Alpes et l'État. Par Christine Cabiron

La région Auvergne-Rhône-Alpes et l’État ont signé, le 5 octobre 2020, un accord pour le ferroviaire assorti de 280 M€, dont 130 M€ seront ciblés sur les « petites » lignes, en 2021 et 2022, financés à parité par l’État et la collectivité. «  Dans notre région, la majorité d’entre elles sont situées en Auvergne », indique Martine Guibert, vice-présidente de la région en charge des transports. Les lignes considérées à faible trafic représentent en effet 59 % du réseau auvergnat. Ce plan de sauvetage porte sur neuf lignes qui s’étendent sur 500 km. Ce nouveau budget s’inscrit dans la continuité des investissements engagés en 2016 dans le cadre du CPER (264 M€). Le nouvel accord va permettre de poursuivre ces travaux de rénovation au travers d’actions qualifiées « d’urgentes » à mener d’ici 2022. « Sans l’intervention de l’État et de la région, ces lignes étaient menacées de fermeture », affirme la vice-présidente. 

Réouverture de la ligne entre Boën-sur-lignon et Montbrison

Il s’agit des liaisons entre Montluçon et Vallons en Sully, Montluçon/Gannat, Clermont-Ferrand/Thiers, Clermont-Ferrand/Volvic, Aurillac/Arvant, Aurillac/Brives, Brioude/Langogne, Neussargue/ Saint-Chély d’Apchet, Saint-Georges/Le Puy-en-Velay. Des dessertes qui comptent une soixantaine de gares. Ces lignes feront l’objet de travaux d’entretien, de modernisation, de sécurisation via la suppression de passages à niveau, le changement des rails et du ballast. Ils porteront aussi sur la rénovation des ouvrages d’art. « Ces liaisons sont très précieuses car elles desservent tous les territoires et les connectent entre eux », précise Martine Guibert. Cette volonté de pérenniser l’offre TER s’est traduite par la réouverture, en 2018, de la section entre Boën-sur-Lignon et Montbrison (Loire). Deux ans de travaux et 8,3 M€ ont été nécessaires pour renouveler cette voix sur 8,4 km, sécuriser 12 passages à niveaux et 50 ouvrages d’art. Un projet dont la moitié des financements a été prise en charge par la région, la communauté d’agglomération Loire Forez ainsi que par le conseil départemental de la Loire. « Si nous n’avions pas financé ces travaux, cette ligne n’aurait pas rouvert », confirme Martine Guibert. Autre exemple, celui de la régénération complète de la ligne entre Le Puy-en-Velay et ­Firminy. Une opération en cours chiffrée à 42,7 M€ portant sur 30 km de voies.
Ces actions sont menées en étroite liaison avec les élus locaux. « Nous avons des échanges permanents avec les maires et présidents d’EPCI, affirme Martine ­Guibert. Ils sont très attentifs à l’offre et aux services présents dans leurs communes ». Ces échanges visent à articuler l’offre TER avec les services urbains et interurbains de mobilité. « Les élus travaillent à nos côtés à l’évolution des gares, à la modernisation des systèmes de distribution des titres de transport, à la création de maisons de services ». À ce titre, la région a prévu un programme d’investissement pour transformer les gares en tiers-lieux (espaces de coworking, centres de santé, etc.) mais aussi en pôle d’échanges multimodal. « Il s’agit de reconquérir ces gares dont les guichets sont souvent fermés pour créer des “maisons de mobilité” regroupant des services d’auto-partages, de covoiturage, de location de vélos », explique Martine Guibert. Cette ambition se traduit aussi par l’organisation de «comités de mobilité » associant les élus locaux, les usagers et les acteurs de la mobilité. L’occasion d’établir régulièrement un état des lieux des travaux en cours et à venir. 

Transfert de gestion
L’accord du 5 octobre 2020 comprend deux autres volets. Il prévoit la rénovation de 5 lignes de fret ferroviaire pour un investissement total de 20 M€, mais aussi d’investir 130 M€ sur la ligne de transport de voyageurs TET qui relie Clermont-Ferrand (63) à Paris. Le décret n° 2020-1820 du 29/12/2020 (JO du 31/12) fixe le cadre du transfert aux régions de la gestion de lignes d’intérêt local ou à faible trafic, en appli­cation de la loi LOM de 2019. Le transfert est facultatif, à la demande des régions, et devra faire l’objet de conventions. La collectivité candidate adresse à l’État un dossier de candidature (lire Maire info du 06/01/2021).
n°387 - FEVRIER 2021