Devis. « En 2015, bonne nouvelle : Azeville est retenue par Manche numérique, une émanation du conseil départemental, pour être reliée à la fibre. Les mois suivants, je me dis qu’à nouveau, les 35 poteaux qui supportent l’éclairage de rue, l’électricité et le téléphone vont être bardés de fils (car il s’agit de fibre aérienne). En outre, l’installation de cette fibre va supposer de poser 20 nouveaux poteaux. C’est hors de question, je commence à être lassé de ces “arbres de Noël” qui enlaidissent nos rues. Je me renseigne sur “l’effacement” des poteaux. En juillet 2018, je demande à mon syndicat d’électrification des premiers devis. Dans cette perspective et pour provisionner la somme nécessaire, je suggère un report de travaux qui devaient avoir lieu dans la salle des fêtes – c’est aujourd’hui ma priorité –, et décide de vendre une belle maison de caractère que la mairie possède, mais qui appelle de gros frais de rénovation. À la surprise générale, nous en toucherons 105 000 euros. »
Subventions. « Avril 2019, le dernier devis arrive. Supprimer les poteaux et enterrer les fils coûterait 376 000 euros, dont 120 000 euros à notre charge (le principal étant couvert par le syndicat). Le montant peut effrayer. Je consulte mon conseil, les “Anciens” du village et donne notre accord. Parallèlement, j’accélère la recherche de subventions, et les réponses positives affluent : 11 520 euros de dotation d’équipement des territoires ruraux, 9 147 euros au titre de la sécurité routière – somme issue des amendes de police gérées par le département, car je prévois de supprimer des zones d’ombre et de mettre aux normes l’éclairage de rue. La communauté d’agglomération du Cotentin nous soutient à hauteur de 16 275 euros et le conseil départemental verse 7 600 euros pour prolonger l’éclairage jusqu’à des blockhaus qui lui appartiennent. »
Redécouverte. « En prime, je me dis que je peux demander 30 000 euros à Manche numérique. La raison ? Passer la fibre dans des gaines enterrées, sans avoir à grimper aux poteaux, réduit le coût de chantier. Je tape juste et l’instance nous octroie 21 500 euros. Octobre 2019, les travaux démarrent : tranchée, dépose de poteaux… La population passe un sale hiver, d’autant plus que le chantier a été retardé par le confinement. Juillet 2020 : enfin, les derniers poteaux partent et soudain, le village respire. Il n’y a plus ni fils, ni poteaux. En outre, nos rues se parent de 29 réverbères à led – soit une consommation électrique réduite de moitié. Il en aura coûté au village, au total, 80 000 euros. La fibre, elle, sera là dans six mois.