Le vieil adage « Mieux vaut s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints » s’avèrerait-il donc particulièrement adapté en matière de permanences municipales ? « Je souhaiterais vraiment que les rendez-vous puissent se prendre avec les adjoints en charge des thématiques qui les concernent, sauf que, pratiquement toujours, c’est bien au maire que les habitants veulent directement parler ! », confirme Aurélie Genolher, maire de Massillargues-Atuech (Gard, 660 hab.). L’élue occitane, qui confie pour sa part avoir « laissé tomber le principe de permanence car la présence des citoyens est très aléatoire », privilégie les rencontres individuelles en mairie en laissant toute leur place à ses adjoints.
« Selon les thématiques, j’organise les rendez-vous de préférence avec l’adjointe ou l’adjoint en charge de la question, sinon je reçois seule. » À Massillargues-Atuech, ces rendez-vous ont lieu le lundi après-midi. «Bien entendu, je m’adapte si les citoyens ont des soucis par rapport aux horaires proposés, mais je tiens à limiter à une demi-heure maximum chaque rendez-vous car je me suis aperçue que, parfois, les habitants parlaient de tout et de rien et pas forcément de leur problématique de départ. » En pratique, les rendez-vous sont pris au secrétariat de la mairie avec obligation de préciser l’objet du rendez-vous afin de bien cerner le sujet.
« Pour les personnes qui le souhaitent et qui sont à l’aise avec les outils, je mets également en place des rendez-vous en visio ou des échanges téléphoniques », précise l’élue qui avoue cependant «préférer la visio car cela permet de voir les personnes et leurs réactions. C’est important pour moi ».
En Normandie aussi, Jean-Yves Heurtin s’est vite approprié les nouveaux outils de communication. «Les formes de contact ont évolué, et pour des sujets ou des questions simples, les SMS et les e-mails sont de plus en plus nombreux. Cela peut a priori sembler moins humain, mais en réalité on y gagne tous eu égard aux exigences d’une prompte réponse de la part des habitants », confie-t-il. Encore faut-il maîtriser la fréquence des échanges et des réponses apportées à ces derniers pour ne pas se laisser déborder, ni être constamment sollicité par les administrés au risque d’improviser des réponses qui ne seront pas suivies d’effet.
Dans l’Essonne, à Bures-sur-Yvette (9 691 hab.), c’est également une nouvelle forme de liens avec ses habitants qu’a souhaité privilégier Jean-François Vigier. Dès son élection en 2008, le maire a pris la décision de ne pas tenir de permanences formalisées en mairie. «Mes concitoyens peuvent me rencontrer sur rendez-vous à tout moment de la semaine », explique l’élu qui a choisi d’organiser ses temps de rencontre avec les habitants «sans règle particulière ». Un choix guidé, là encore, par les opportunités offertes par les outils numériques. «Mon adresse mail est publique et les habitants peuvent aussi me contacter via Facebook. Je leur réponds toujours en direct. » Soucieux de favoriser le contact humain direct sur le terrain, Jean-François Vigier préfère multiplier les occasions de rencontres en allant aux devants des préoccupations des habitants. «À chaque printemps, j’organise des réunions publiques dans les quartiers, en pied d’immeuble, dans un square pour dialoguer avec eux », poursuit-il.
Et chaque automne, l’édile invite ses habitants à le rencontrer dans le cadre de «samedi café » dans les bars de sa commune afin d’échanger avec eux sur leurs problèmes quotidiens autour d’un café. Difficile en réalité de définir une méthode type pour maintenir la permanence des liens entre les élus municipaux et leurs administrés. D’autant qu’en ce domaine, tout dépend de la taille et de la configuration de la commune (urbaine, rurale, etc.), des attentes particulières des habitants, mais aussi du mode de relation dans lequel les maires se sentent le plus à l’aise. Sans oublier, bien sûr, la part qu’ils souhaitent réserver à leurs adjoints pour les encourager aux rencontres directes. « Il n’y a pas de modèle ou de solution unique. L’essentiel est de savoir rester accessible et humain pour chaque concitoyen, tout en composant avec nos activités professionnelles », résume Jean-Yves Heurtin. Pour l’élu normand, « c’est bel et bien l’écoute qui est la plus importante, même si nous n’avons pas toujours la réponse attendue ». Une manière de souligner que, par-delà les épisodes bien spécifiques de confinement, les permanences et les rencontres en «présentiel » avec les habitants revêtent un sens très important pour ces derniers. Si l’on sait cependant faire preuve d’un minimum de rigueur en matière d’organisation.
Si elle avait un conseil à partager avec d’autres maires, celui d’Aurélie Genolher tiendrait en quelques mots simples : savoir cadrer au maximum ses permanences. « Il est très important, symboliquement, d’avoir un cadre précis : un objet, une durée. » Selon elle, « faire préciser aux habitants l’objet de leur rencontre aide précieusement à anticiper les réponses à apporter sans avoir le sentiment d’aller vers l’inconnu ». Et de conclure : « La bienveillance est une qualité primordiale pour les élus que nous sommes, et encore plus dans ce contexte sanitaire et social compliqué ».