• Êtes-vous informé à ce stade du déroulement des opérations ? Début décembre, nous n’avions aucune information de la part du gouvernement ou des autorités sanitaires sur l’approvisionnement en vaccins, les personnes habilitées à vacciner et les lieux de vaccination. Il est urgent que l’État précise aussi le profil des personnes qui devront être prioritairement vaccinées et sa stratégie de déploiement du dispositif de vaccination. Les élus locaux sont, bien sûr, disponibles. Parallèlement, le ministère de la Santé doit informer précisément les Français sur le «bénéfice-risque » des différents vaccins. Nous avons le droit de savoir ce que l’on va nous injecter ! La décision de se faire vacciner, qui permettra d’endiguer l’épidémie, repose sur la confiance, la transparence et le partage des données scientifiques.
• Au-delà de la vaccination, comment, selon vous, éviter une 3e vague de contamination ? Le déconfinement doit s’accompagner de mesures de restrictions fortes et respectées par tous. Le gouvernement doit aussi accompagner le déconfinement d’une campagne massive de dépistage, bien structurée, tracer les cas contacts et, cette fois, favoriser les conditions d’un véritable isolement des personnes malades, en mobilisant par exemple les professionnels de l’hôtellerie. Tester, tracer, isoler, il faut impérativement réussir sinon nous affronterons une 3e vague !
• L’État a vanté le couple maire-préfet dans la gestion de la crise sanitaire. Quelle est la situation dans votre commune ? Le couple maire-préfet fonctionne plutôt bien, nous nous concertons souvent. Je pense que les mésententes sont très liées à la personnalité du préfet. Avec l’ARS, la situation s’améliore par rapport au printemps dernier car à l’époque, l’Agence ne nous transmettait aucune information sur les données statistiques. Nous allons lancer ensemble une campagne massive de dépistage en janvier.
• La gestion de la crise sanitaire démontre le rôle clé des maires. L’État doit-il réorganiser la gouvernance sanitaire pour les associer davantage ? Oui et c’est urgent ! Bien avant la crise, l’AMF et la FHF ont souligné que le maire est la seule personne légitime capable de rassembler l’ensemble des acteurs publics, privés et associatifs de la santé autour d’un projet territorial. C’est en partant des territoires que l’on apportera une réponse sanitaire adaptée aux besoins et que nous moderniserons l’organisation de notre système de santé. La proximité, la réactivité, l’adaptation, l’inventivité, ce sont les maires qui les incarnent, la crise sanitaire le démontre tous les jours. Il faut déconcentrer le système. L’État doit rompre avec une gestion sanitaire hypercentralisée et bureaucratisée.
• Le Ségur de la santé répond-il à cet enjeu ? Clairement non. Or, la territorialisation du système de santé était un des quatre objectifs fixés par le chef de l’État au Ségur. Ce dernier a permis des avancées sur les rémunérations et l’attractivité des carrières, mais rien sur la simplification de la gouvernance ni sur la territorialisation du système de santé. Tout reste à faire. Une proposition de loi en cours d’examen vise avant tout à réorganiser la gouvernance hospitalière. C’est insuffisant car c’est la gouvernance du système de santé qui pose question aujourd’hui. Demain, l’hôpital doit sortir de ses murs, être davantage tourné vers la médecine de ville et les acteurs doivent travailler ensemble. Nous maintenons la pression sur le gouvernement pour que ce chantier aboutisse.