1 La crise de covid-19 impacte les débouchés
La crise sanitaire a mis fin, temporairement, à l’accumulation des stocks de cartons dans les centres de tri, qui devenait critique. Dans un marché surabondant au plan européen, les balles de cartons issues des collectes sélectives ne trouvaient en effet plus preneurs. Mi-mars, elles se sont écoulées en quelques jours, la demande nationale ne pouvant plus être satisfaite autrement. Le problème étant structurel, il pourrait maintenant réapparaître.
De son côté, la filière textile, basée quasi exclusivement sur l’export et déjà mal en point, est sortie exsangue du confinement et aura du mal à s’en relever (1). Sur les plastiques, avec le faible prix actuel des résines vierges, les matières recyclées sont moins demandées. Les débouchés des métaux, très utilisés dans l’industrie automobile, sont impactés par le ralentissement économique. La consommation de papier, chroniquement orientée à la baisse depuis longtemps, l’est plus encore après cette crise. Même s’agissant du verre, la demande en matériau recyclé est inférieure à son niveau antérieur.
2 La qualité des matériaux produits est déterminante
Dans toutes les filières, les standards de qualité des matériaux issus des collectes sélectives garantissent la compatibilité avec les besoins de l’industrie du recyclage. Ils sont une clé de voute d’un équilibre économique fragile. Il arrive pourtant que les recycleurs reprennent des balles ne répondant pas à ces standards, mais ils les négocient en dessous du prix habituel. De plus, la collectivité concernée s’expose à perdre les soutiens financiers versés par l’éco-organisme pour les tonnes qu’elle a produites et qui ne sont pas conformes aux prescriptions contractuelles. Les élus doivent donc être vigilants sur ce point.
3 Le fonctionnement de la filière financière
Dans les filières dites «financières », comme celle des emballages, les collectivités sont soutenues financièrement pour collecter les déchets recyclables, les trier, les conditionner, les remettre aux recycleurs. Dans ce cas, elles assument les aléas sur la vente des matières, de façon plus ou moins sûre en fonction des modalités de reprise qu’elles ont choisies dans le cadre de leur contrat avec Citéo ou Adelphe.
Il existe en effet trois options de reprise au choix : la reprise filières, la reprise fédérations, la reprise individuelle. Dans le premier cas, le plus sécurisé pour la collectivité, il y a une garantie d’enlèvement des tonnes répondant aux standards, à prix fixe, même quand le marché est en berne. Dans la deuxième option, la collectivité contractualise avec un repreneur labellisé par les fédérations FNADE ou FEDEREC, en s’entendant avec lui sur le prix. Si ce repreneur est défaillant, la fédération garantit l’enlèvement des tonnes par un autre adhérent, mais pas le prix. Il faudra négocier un contrat avec ce nouveau repreneur, la collectivité n’étant alors évidemment pas dans une position favorable pour imposer ses vues. Enfin, dans la troisième option, la reprise est directement organisée par la collectivité et mise en œuvre par un ou des repreneurs librement choisis. En clair, la collectivité se débrouille seule pour vendre sur le marché (national ou international) les tonnes produites, ce qui suppose d’avoir dans son équipe une personne exerçant une fonction de courtier.
4 Filières opérationnelles
Dans les filières dites « opérationnelles », comme celle des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E), les collectivités s’occupent uniquement de la collecte. L’éco-organisme gère tout le reste en aval et assume les aléas sur le cours des matériaux et les difficultés du recyclage.
(1) Lire Maires de France, n° 382, octobre 2020, p. 20.