Le gouvernement a convié, le 2 septembre, les associations d’élus à une réunion sur le sujet. L’AMF a rappelé ses demandes à cette occasion (2) : une « véritable réponse pénale », systématique, dans le respect de la circulaire Belloubet du 6 novembre 2019 ; l’accélération des procédures judiciaires et des condamnations proportionnées ; la fin des disparités de traitement par les services d’enquête et les parquets des plaintes et des signalements des maires ; un accompagnement « procédural et psychologique » des victimes.
La réaction du gouvernement a été prompte : dans une circulaire relative au traitement des infractions commises à l’encontre des personnes investies d’un mandat électif et au renforcement du suivi judiciaire des affaires pénales les concernant adressée, le 7 septembre, aux procureurs et aux présidents de cours d’appel (3), le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, les invite à la fermeté en estimant que toute atteinte à l’encontre des élus « constitue une atteinte au pacte républicain ». Le garde des Sceaux demande aux procureurs de retenir des qualifications pénales « qui prennent en compte la qualité des victimes ». S’agissant des insultes, « il conviendra de retenir la qualification d’outrage » plutôt que celle « d’insulte ».
Le ministre a repris la formule de l’AMF de « réponse pénale systématique et rapide » et demande aux procureurs d’éviter les rappels à la loi pour privilégier le « défèrement » (c’est-à-dire la comparution du prévenu devant un juge d’instruction ou un procureur à l’issue de sa garde à vue). La procédure de comparution immédiate doit être appliquée, autant que possible, pour les cas les plus graves. La circulaire rappelle qu’il est possible de prononcer une peine « d’interdiction de paraître » voire de séjourner sur le territoire d’une commune. Éric Dupond-Moretti demande enfin que des instructions soient données aux forces de l’ordre afin que soient prises en charge de façon particulièrement « diligente » les plaintes déposées par les parlementaires et les élus locaux.
Le ministre insiste pour que les élus reçoivent « un accueil personnalisé (…) », et que les procureurs informent les élus victimes d’agression « de façon individualisée et systématique du suivi précis des procédures et des suites judiciaires décidées ».
Plus généralement, comme le demande l’AMF, le garde des Sceaux invite les procureurs à organiser « rapidement » des réunions d’échange avec les élus pour « expliquer leur action », mais aussi pour les informer « de leurs prérogatives », comme l’exige désormais la loi.
(1) www.senat.fr/rap/r19-011/r19-011.html
(2) www.amf.asso.fr (réf. BW40254).
(3) https://bit.ly/2FThQnc