Maire de Morlaix (29), Agnès Le Brun, elle, découvre les lieux. Elle veut s’y investir « avec humilité et modestie comme un apprenant, sur tous les sujets ». L’ancienne députée européenne et actuelle vice-présidente de l’AMF, a choisi de siéger dans la « Coter » et dans la commission des Ressources naturelles. « On y débat des enjeux essentiels pour la France, comme l’avenir des Fonds de cohésion et de la politique agricole commune. » Si le CdR est, par excellence, le lieu de représentation des territoires, « l’objectif n’est pas d’avoir l’esprit de chapelle, insiste-t-elle cependant. Il s’agit plutôt de partir de l’expérience de sa propre région pour construire un projet commun, qui satisfait tous les territoires et qui est fondé en même temps sur la reconnaissance des particularités ».
Nouvelle également, Karine Gloanec Maurin, conseillère municipale à Couëtron-au-Perche (41), petite commune d’un millier d’habitants, fait part de sa fierté d’y représenter son «petit territoire rural. Cela a beaucoup de sens pour moi. Aujourd’hui, on a vraiment besoin d’avoir une parole européenne encore plus près des citoyens. » Elle a aussi fait un passage par le Parlement européen à la fin de la précédente législature. Un mandat qu’elle disait déjà avoir placé sous le thème de l’Europe des territoires. «Aujourd’hui, je peux dire que je reviens là où mon intérêt se porte vraiment, pour porter l’ambition des territoires. »
À l’heure où le fossé s’élargit entre l’Europe et ses citoyens, ces élus locaux se voient comme des relais. «On a une obligation de pédagogie, d’explication, de lien, de passerelle, pour faire rayonner l’Europe dans nos territoires, et nos territoires à Bruxelles », souligne Agnès Le Brun. Frank Proust, premier adjoint au maire de Nîmes (30) et lui aussi nouveau venu au CdR, abonde dans le même sens – «nous sommes des courroies de transmission ». Député européen pendant huit ans, il va cependant agir dans une instance sans aucun pouvoir législatif. Selon lui, le CdR doit aujourd’hui « prendre une autre dimension. Peut-être qu’il faut changer les codes, les façons de travailler. Au-delà de son rôle consultatif, le CdR doit être une force de proposition. Il faut aller vers le Parlement et la Commission pour qu’ils intègrent nos préoccupations, qui sont celles des citoyens, dans leurs réflexions. Le fait que l’on soit les porte-voix des territoires peut être une plus-value énorme. » Ce que pense aussi Christophe Rouillon. « Le CdR doit être plus politique. Il faut que l’on s’exprime très fort sur les sujets d’actualité. Dans le langage des femmes et des hommes de la rue, pas dans un langage crypté qui rend inaudible. Nous sommes d’abord des élus locaux et nous sommes à Bruxelles pour porter ce que nous entendons dans nos communes. »
(1) Gouverneur de la région de Macédoine centrale (Grèce), il succède à Karl-Heinz Lambertz (lire Maires de France, n° 376, février 2020,
pp. 20-21).