Certaines communes accompagnent les initiatives, comme à Mouans-Sartoux (06), où la mairie a prêté tables et sacs en papier pour que l’AMAP organise son drive devant la gare, tandis que celui de l’épicerie bio boostait son chiffre de près de 50 % dès la première semaine. À Village-Neuf (68), la mairie a relayé l’initiative des 6 maraîchers de la commune qui se sont regroupés pour organiser à tour de rôle une vente à la ferme. De son côté, Angers (49) propose aux commerces « non essentiels » de rouvrir leurs portes pour y accueillir des maraîchers. Il suffit de passer le pont sur le Maine pour s’approvisionner en produits céréaliers dans une péniche-bar à vin, ou en fruits et légumes dans le bistrot L’Eden. Lons-le-Saunier (39) a fait tout cela et plus : sa cuisine centrale, qui alimente toujours l’hôpital et les maisons de retraite, a lancé un appel aux producteurs souhaitant lui vendre leurs produits. À Lormes (58), le drive municipal de produits locaux dont les élus rêvaient depuis six ans a été ouvert en une semaine ! Une secrétaire de mairie prend les commandes par téléphone pour ceux qui ne peuvent ou ne savent pas utiliser internet, et des bénévoles assurent les livraisons pour les personnes confinées. Le dispositif regroupe 5 commerçants de la commune et, à ce jour, un éleveur de volailles et un horticulteur.
Pour les producteurs locaux, la fermeture des marchés est un cauchemar. Monique Rubin, présidente de la Fédération nationale des marchés de France, demande aux maires de tout tenter pour rouvrir leurs marchés, à partir du 11 mai. Dans sa contribution à la préparation du déconfinement, l’AMF estime que « la règle doit être la réouverture, sauf opposition motivée du préfet ». Un document validé par le gouvernement présente toutes les mesures qui permettent cette réouverture tout en garantissant de bonnes conditions sanitaires (1). Mi-avril, seuls 1 000 marchés supplémentaires avaient pu rouvrir leurs étals – soit plus de 3 500 sur un total de 10 500 (selon l’État). Mais une fois passé l’orage, on ne pourra plus tout à fait agir comme hier : « Demain, les gens vont revenir beaucoup plus vers les circuits courts », se félicite Isabelle Trendel, première adjointe de Village-Neuf. Grâce aux efforts des collectivités, le bilan de la crise pourrait n’être pas si négatif pour l’agriculture, du moins à long terme.
(1) https://bit.ly/34UgzEE
Emmanuel Guillemain d'Echon