Une semaine après le début du confinement, une projection alarmante circulait, émanant de professionnels des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et des services à domicile : ils craignaient que 100 000 résidents et bénéficiaires âgés ne meurent du Covid-19. L’alerte mettait la pression sur l’État pour que les personnels reçoivent les masques qui faisaient grandement défaut. Car au début, chacun a dû se débrouiller. Les communes ont souvent fait face, quand elles ont pu récupérer des stocks dont certains dataient de la crise H1N1. Les personnes de plus de 70 ans sont les plus vulnérables face à ce virus. Dans les maisons de retraite où l’âge moyen d’entrée est de 82 ans, les mesures ont été prises parfois drastiquement selon la propagation de l’épidémie. Dans certains EHPAD, les personnes sont confinées au sein même de leur chambre. «C’est douloureux mais l’après crise risque de l’être encore plus », justifie le directeur d’un CIAS du Lot. C’est l’une des raisons aussi qui a poussé le maire de La Garenne-Colombes (92), Philippe Juvin, également médecin urgentiste, à signer un arrêté municipal imposant un test de dépistage à «l’ensemble des résidents » et à «l’ensemble du personnel » non seulement des EHPAD mais également de «tous les établissements sociaux et médico-sociaux » de sa commune «sans attendre le premier cas », comme l’a décidé le gouvernement.
Dans les maisons de retraite et services à domicile, les aides ménagères, aides-soignantes, infirmières, animateurs, gestionnaires ont fait en sorte que le service continue. Souvent avec le coup de pouce des communes lorsqu’elles ne sont pas gestionnaires des établissements ou des services d’aide à domicile. Parce que les résidents sont confinés dans leur chambre et qu’il manquait de matériel pour leur servir leur repas, la mairie de Chamalières (63) a ainsi fourni des chariots et des plateaux provenant des écoles.
Du côté des services à domicile, il a souvent fallu organiser les tournées avec des effectifs réduits (pour raisons médicales ou familiales), explique la directrice du service personnes âgées de Poitiers (86), Valérie Jourdain. Ingrid Coursaud, aide-soignante, confirme : ses interventions ont été recentrées sur les besoins essentiels à la vie quotidienne, «se nourrir, se soigner ». Les services de portage de repas ont augmenté. Souvent à l’incitation même des collectivités qui ont élargi aux personnes âgées la possibilité d’en bénéficier. Beaucoup ont également facilité ou organisé la livraison de ces repas ou celle de courses à domicile, en centralisant les demandes, en mobilisant du personnel et des véhicules municipaux, comme à Tournon-sur-Rhône (07).
À Saint-Étienne (45), la ville a veillé «à développer, via des tablettes, la possibilité pour les résidents en EHPAD de communiquer avec leurs familles ». Un renfort numérique qui, en temps de confinement, est devenu salutaire pour atténuer l’impact psychologique du huis clos de ces établissements, fermés aux bénévoles et aux familles depuis début mars. Tout comme sont jugés salutaires les appels quotidiens d’élus et de bénévoles aux plus isolés. Certains craignent le «syndrome de glissement » qui risque de toucher nombre de résidents après le déconfinement. «Les plantes ne meurent de sécheresse que l’été », acquiesce Pierre Martin, maire de Chauvé (44), directeur d’un EHPAD et représentant de l’AMF au Haut conseil de l’âge. «Pour compenser l’absence physique des familles, nous avons programmé des appels via Skype, explique-t-il. Cela a provoqué de très beaux moments où des familles étaient réunies sur un écran comme elles ne l’avaient plus été depuis longtemps dans la réalité. Nous commençons, depuis mi-avril, à organiser des visites avec isoloir. » Il insiste, comme d’autres, sur l’importance de renforcer les moyens humains, l’animation, le soutien psychologique, la culture, le lien social. «Il faudra aussi se souvenir de ce que ces personnels ont assuré », glisse le maire de Saint-Benoît (86), Dominique Clément.
Partout, les mairies se sont organisées, assurant des permanences afin de pouvoir toujours informer et répondre aux habitants. « Les agents continuent d’assurer cette mission essentielle. Ils sont la véritable porte d’entrée de la municipalité », salue Guilaine Debras, maire de Biot (06). À situation inédite, organisation inédite. Pour poursuivre l’accueil physique et téléphonique, une mobilisation sans précédent s’est mise en place à Dunkerque (59). Passé de 8 à 3 agents, le service a dû se réorganiser et compter sur le renfort d’agents volontaires, de tous services et de toute catégorie, pour notamment répondre aux quelque 300 appels quotidiens et faire face aux pics pouvant aller jusqu’à 600 appels. Impossible également pour les services de l’état civil de s’arrêter, les mairies devant continuer de traiter les déclarations de naissance, reconnaissances, actes de décès… Le délai de 5 jours pour effectuer une déclaration de naissance oblige les mairies à recevoir les papas « physiquement » dans des conditions quelque peu stressantes (sas d’accueil, distanciation sociale, désinfection après chaque venue…).
Toutes les autres formalités administratives, telles que les demandes et renouvellements de cartes d’identité et de passeport, ont été repoussées par les communes, sauf urgence. « Dernièrement, nous avons reçu une demande de procuration urgente pour un acte de vente devant notaire. Nous avons fait en sorte de pouvoir y répondre comme il se doit », relate Guilaine Debras. Les mariages (et les PACS) sont eux aussi suspendus jusqu’à nouvel ordre, sauf cas exceptionnel comme celui d’une personne en fin de vie. À Dunkerque, on anticipe déjà la reprise : face à l’afflux des dossiers en instance, la commune envisage de réduire leurs délais de traitement, selon les cas, à 3 semaines au lieu de 2 mois en moyenne, tout en programmant les rendez-vous jusqu’en 2021.
À Arnay-le-Duc (21), les démarches pour les déclarations de décès sont dématérialisées. À Altkirch (68), l’état civil doit faire face à une activité malheureusement croissante. «Nous sommes passés d’un décès par semaine avant crise à sept-huit par jour », confie son maire, Nicolas Jander (lire aussi p. 42). Une situation d’autant plus difficile que 2 des 3 agents du service sont tombés malades et qu’il a fallu former en urgence d’autres agents.
Dans cette situation exceptionnelle, les services funéraires des mairies poursuivent leur activité tout en accompagnant au mieux les familles endeuillées. À Mont-de-Marsan (40), depuis le 16 mars, les opérations funéraires sont organisées dans la plus stricte intimité familiale avec un conseiller funéraire. Le service des cimetières ne traite que les demandes urgentes liées aux décès. À Biot (06), l’accueil des familles pour établir les modalités d’obsèques s’effectue dans le respect des gestes barrières, avec des contacts réduits au minimum. La gestion des démarches administratives se fait, quant à elle, de manière dématérialisée. Dans les Bouches-du-Rhône (13), le service funéraire ( funérarium et crématorium) en régie municipale de Martigues a dû s’adapter avec des effectifs réduits de moitié. Une quinzaine d’agents se déplace ainsi pour aller chercher les défunts à leur domicile, dans les hôpitaux ou à l’EHPAD. Le centre funéraire (crématorium et chambres funéraires) est fermé au public et les modalités relatives aux opérations funéraires sont traitées par téléphone. Mais certains actes nécessitent encore une venue sur place comme la signature de documents ou le choix du cercueil.
De son côté, le maire de Chambly (60), David Lazarus, a mis en place une permanence non ouverte au public assurée tous les jours par un agent de l’état civil pour traiter tous les dossiers prioritaires (décès, naissances, reconnaissances), ainsi qu’une permanence le week-end pour enregistrer notamment les décès dus au Covid-19 (lire aussi p. 42).
Dans le contexte de la gestion de la crise sanitaire et de la mise en place des accueils scolaires prioritaires, les cantines ont dû s’organiser et se réinventer pour continuer à assurer la sécurité sanitaire et alimentaire des élèves.
D’abord, il a fallu gérer l’urgence. Certaines cantines se sont retrouvées en effet avec des excédents de denrées alimentaires. Le ministère a donc vite procédé aux mesures nécessaires pour absorber le choc. « Le 15 mars, la direction générale de l’Alimentation (DGAL) nous a envoyé une fiche autorisant la congélation d’urgence des produits bruts et cuisinés », normalement uniquement possible dans les rares établissements dotés de procédures très poussées, se rappelle Christophe Hébert, directeur de l’éducation à Harfleur (76) et président d’Agores, l’association des professionnels de la restauration publique territoriale. « Nous avons pu honorer notre commande de 200 kilos de poulet fermier chez un producteur local, que nous avons congelé tout de suite. » Pour le reste, beaucoup de mairies se sont tournées vers le don aux associations d’aide alimentaire habilitées, grâce à une convention-type fournie par la DGAL – dont la signature doit obligatoirement intervenir au plus tard le 20 octobre 2020 pour les opérateurs préparant plus de 3 000 repas par jour.
Rapidement, il a fallu cependant revoir à la baisse les commandes, posant notamment la question du soutien aux petits producteurs : à Harfleur, le nombre de repas préparés a été divisé par dix. Mais pas totalement supprimé, car, comme la plupart des cuisines centrales, elle fournit, en plus de la cantine scolaire, des EHPAD et des personnes âgées isolées, livrées à domicile. Et logiquement, la demande a explosé avec le confinement : « À Harfleur, le nombre des repas en portage a doublé, ailleurs il a décuplé ! Et les demandes ne cessent d’augmenter, ce qui nous oblige à être réactifs en permanence », confie Christophe Hébert. La cuisine centrale de Lons-le-Saunier (39), qui cuisine toujours pour l’hôpital et l’EHPAD, s’est même mise à livrer en dehors de la commune, assaillie par les demandes : « Nous sommes un service public, nous avons répondu présent. Nous fournissons deux maisons de retraite dont le personnel de restauration était malade et confiné, et nous servons la moitié du département, selon les demandes », explique Didier Thevenet, directeur de la cuisine centrale. Mais s’il y a deux fois moins de repas préparés, ils demandent plus de travail, en raison de la rotation nécessaire des équipes, pour assurer les distances sanitaires, et du renforcement des opérations de désinfection, déjà routinières dans la restauration scolaire – qui a souvent fourni surblouses, masques, gels et autres équipements de protection aux établissements de santé locaux.
À Mouans-Sartoux (06), la mairie a procuré une armoire chauffante à l’EHPAD, pour permettre le service des résidents confinés directement dans leurs chambres.
Un autre problème qui n’avait pas été anticipé est celui des familles les plus modestes, directement impactées par la crise, et devant nourrir trois fois par jour des enfants qui, habituellement, comptaient sur la cantine pour avoir au moins un repas équilibré dans la journée, et, parfois, le petit- déjeuner. À l’Île-Saint-Denis (lire ci-contre), comme à
Village-Neuf (68) ou à Montrouge (92), les maires n’ont pas choisi de maintenir l’ouverture de leur service de restauration, pour assurer la sécurité de leurs agents et des habitants, trouvant d’autres solutions pour venir en aide à la population en difficulté comme la livraison de colis alimentaires ou de courses à domicile pour les personnes confinées ou ne voulant pas quitter leur logement, en lien avec les CCAS, les commerçants et les associations locales. À Brest (29), la mairie a envoyé des chèques alimentaires aux familles du tiers des enfants fréquentant ses cantines scolaires : 150 e par enfant bénéficiant de la gratuité des repas, 120 e pour ceux de la première tranche tarifaire. L’aide, correspondant à six semaines de confinement, est distribuée dans les boîtes aux lettres. Mi-avril, la mairie de Paris a annoncé mettre en place des mesures similaires. Elles devront sans doute être renforcées à mesure que le confinement se prolonge et que les difficultés économiques fragilisent toujours plus la population.
Mobilisés sur tous les fronts, les policiers municipaux se sont vite imposés comme d’indispensables acteurs de terrain. Partout en France, dès le début de l’épidémie, une question s’est posée dans les mairies : comment protéger la police municipale du virus ? Pour parvenir à trouver des masques, des gants et du gel hydroalcoolique, nombre d’élus ont dû recourir au système D, comme à Montpellier (34) : « Nous entretenons d’excellentes relations avec Chengdu, la ville chinoise avec laquelle nous sommes jumelés, raconte le maire, Philippe Saurel. Les autorités locales nous ont fait parvenir 10 000 masques chirurgicaux, auxquels se sont rajoutés 50 000 masques donnés par un P.-D.G., dont le groupe est basé dans l’Hérault et qui travaille avec la Chine… » Priorité aussi à la désinfection obligatoire des véhicules à chaque changement d’équipe. « Ne pas laisser nos policiers en première ligne sans protection, c’est le minimum. Nous les avons vite équipés de masques chirurgicaux ou FFP2 et nous avons mis en place un système de blanchisserie pour nettoyer systématiquement leurs uniformes », raconte aussi Mickaël Paccaud, adjoint à la sécurité publique à Mions (69).
Dans cette commune comme ailleurs, l’organisation de la police municipale a dû être repensée : « Dès la mi-mars, nous avons établi des roulements par équipes de deux, poursuit cet adjoint. Depuis, les patrouilles ne se croisent plus et entretiennent le moins de contacts possibles. » La réorganisation des équipes en binôme et en horaires décalés a été adoptée par de nombreuses mairies. Celles-ci ont dû tenir compte d’une importante réduction des effectifs, liée aux personnes malades ou absentes pour cause de garde d’enfants à domicile. « À la Grande-Motte (34), des autorisations spéciales d’absence ont permis à des policiers municipaux de rester chez eux. L’objectif de cette mesure est de constituer une “ réserve ” dans le cas où un grand nombre de policiers, sur le terrain, contracteraient le virus », explique Jean-Michel Weiss, responsable de la police municipale. Au-delà de cette réorganisation, cet agent décrit l’évolution brutale des missions des policiers municipaux en cette période de confinement : «Avec la généralisation du télétravail, les conflits liés au bruit et les problèmes de voisinage nous obligent à multiplier les médiations. Sur les violences intrafamiliales, elles sont devenues quasi quotidiennes. Globalement, le confinement est respecté mais, dans de nombreuses communes, ici comme ailleurs, les policiers ont toujours affaire à des personnes récalcitrantes … »
Le stationnement gratuit ainsi que la baisse de la délinquance comme des cambriolages ont permis aux policiers municipaux de se concentrer sur des missions relevant de la santé publique : contrôle des attestations de déplacement, rappel des consignes aux citoyens, application des multiples arrêtés pris par les mairies… S’agissant du respect du couvre-feu, il occupe les nuits de nombreux agents, comme à Montpellier : «Trois équipages patrouillent de 21h00 à 3h00 du matin, explique Philippe Saurel. Ils rencontrent surtout des SDF. Leur mission relève dans ce cadre davantage de la prévention que de la répression, car il s’agit avant tout de guider ces personnes vers les gymnases qui ont été mis à leur disposition ».
Autre mission majeure de la police municipale dans ce contexte d’épidémie : les contrôles routiers, généralement effectués en commun ou en coordination avec la police nationale et la gendarmerie. De même, de nouveaux liens se sont tissés avec les sapeurs-pompiers : « Nous travaillons tous main dans la main, côte à côte. Cette coopération laissera de bonnes traces », estime Mickaël Paccaud, lui-même pompier professionnel. Il poursuit : « cette crise montre que la police municipale, notre troisième force de sécurité intérieure, est hyper-importante ». En tant que secrétaire national de la Fédération autonome de la fonction publique territoriale, Jean-Michel Weiss ne peut qu’approuver : « Après la crise, il faudra reparler de la place, des missions, des moyens de la police municipale, et tout remettre à plat. »
Les services techniques ont priorisé leurs missions pour assurer la continuité de la collecte des déchets, de la distribution et du traitement de l’eau. Dans le Pays de Craon (53), la communauté de communes a créé une cellule de crise « eau et assainissement » dès la veille du confinement. « Dans le plan de continuité de l’activité, nous avons déterminé les missions prioritaires », explique Frédéric Michel, responsable du service environnement. À savoir : la production et la distribution d’eau potable ainsi que la collecte et le traitement des eaux usées. Pour assurer ces services, 17 agents travaillent en demi-équipe une semaine sur deux. «Ils ne se croisent pas et ont été dotés d’équipements spécifiques comme des masques qui englobent le visage pour ceux qui interviennent en station d’épuration car il peut y avoir des virus dans les eaux usées. Les autres ont des masques FFP2 et FFP3 ». Ils ont aussi pour consigne de se doucher systématiquement en fin de service et de laver leur tenue. «Nous avons limité les interventions à domicile, même si nous avons maintenu les ouvertures/fermetures de compteurs et intervenons en cas de fuite. » De plus, cette communauté a mis en place une procédure afin de disposer en permanence d’un stock minimum de produits de traitement. « Nous devons tenir compte des délais de livraison, actuellement plus longs ». La communauté a également activé une «astreinte de décision » pour assister les techniciens sur le terrain. «Des cadres sont à leur disposition pour ne pas les laisser seuls face à un problème », précise Frédéric Michel.
En Isère, la communauté de communes du Pays voironnais a réorganisé son service eau et assainissement. Dix missions essentielles à la sécurité de l’eau et de l’environnement ont été inscrites au plan de continuité de l’activité. Une astreinte a été instaurée pour les réparations liées aux fuites, casses, débordement et refoulement sur le réseau. C’est aussi le cas pour les contrôles des boues dans les stations de traitement des eaux usées. La recherche de fuite a aussi été priorisée. Pour cela, 30 agents sont mobilisés et travaillent en deux équipes. «Nous avons réparti les compétences pour assurer une polyvalence. Nous sommes en train de former environ 40 agents pour pouvoir assurer des renforts si besoin », explique Thaïs Valentino, directrice du service. « Nous sommes très vigilants sur les opérations de prévention (comme les curages qui ont été stoppés) car nous risquons de le payer prochainement. » Depuis le début du confinement, des urgences ont dû être gérées : casses survenues sur le réseau d’eau potable (long de 860 km), débordement de déversoir d’orage, remontées d’eaux usées. « Ce sont des urgences classiques. Néanmoins, nous avons renforcé les protocoles de sécurité et doté nos agents d’équipements spéciaux. »
L’un des effets du confinement est une hausse de la consommation d’eau. «Ce qui nous a amené à effectuer des bascules de réseaux pour sécuriser la continuité de la distribution », indique Thaïs Valentino. À Ranchot (39), la consommation d’eau a, elle aussi, augmenté. Cette commune de 500 habitants est l’une des quatre dont la production et la distribution de l’eau est assurée par le Syndicat intercommunal des daux de Dampierre (SIED). « Nous surveillons la consommation journalière grâce à des compteurs de sectorisation », explique Éric Montignon, président du SIED et maire de Ranchot. «En temps normal, nous produisons 500 m3, contre 700 m3 actuellement ». En cause : la présence des familles H24 à leur domicile et le jardinage. «C’est aussi lié à des fuites sur le réseau. En milieu rural, c’est un problème récurrent car nous devons contrôler 42 km de canalisations dont les plus anciennes datent de 1935. » Ce qui est plus compliqué en période de confinement. «Nous n’avons pas les moyens mécaniques pour repérer les fuites ni les entreprises pour les réparer. Mais le fontainier et moi-même arrivons quand même à nous débrouiller », affirme Éric Montignon.
Soixante-et-un laboratoires départementaux d’analyse (LDA) sont en ordre de marche pour dépister le Covid-19, notamment dans la perspective du déconfinement à partir du 11 mai. Ces experts en épidémies animales ont une capacité de 20 000 tests par jour. Depuis la publication de deux décrets, le 23 mars et le 5 avril 2020, ces laboratoires peuvent être réquisitionnés par les préfets pour effectuer des tests. «Du fait de l’étendue de l’épidémie, nous avons vite estimé que la capacité d’analyse habituelle de la biologie médicale pouvait être mise à rude épreuve », explique Aurèle Valognes, présidente de l’Association française des directeurs de laboratoires vétérinaires publics d’analyses (ADILVA). « En proposant nos services, notre objectif est de prendre le relais si leur capacité de test sont dépassées. » La France compte 75 LDA répartis sur le territoire dont l’une des missions est de dépister l’émergence de nouvelles épidémies tant dans la faune sauvage qu’au sein des cheptels. Ils assurent aussi la sécurité de la chaîne alimentaire en proposant à l’État, aux industriels, aux services de restauration collective… des analyses biologiques, virologiques, parasitaires et chimiques. Ces laboratoires sont pour partie financés par les conseils départementaux et comptent 4 500 agents. « Sur les 75 LDA, 61 sont accrédités en biologie moléculaire et donc équipés pour effectuer des tests Covid-19. Ils ont le personnel habilité, le matériel contrôlé, adapté et des locaux haute sécurité. » Dans le cadre de la lutte contre le coronavirus, les LDA sont chargés d’effectuer les tests dits PCR de biologie moléculaire. «Pour l’instant, les décrets ne prévoient pas que nous fassions des tests sérologiques », précise la présidente de l’ADILVA.
Ces laboratoires vétérinaires interviennent pour le moment en troisième ligne, lorsque les laboratoires de biologie médicale des centres hospitaliers et de ville sont saturés. «Nous sommes opérationnels depuis le 20 avril 2020 », indique Aurèle Valognes. Exception faite pour le LDA des Bouches-du-Rhône qui a commencé les premiers tests Covid-19 le 6 avril 2020, en raison de son habilitation pour réaliser des analyses en santé humaine.
Dans le Bas-Rhin, celui de Strasbourg a dépisté le coronavirus le 10 avril, du fait de l’urgence sanitaire. Les 61 laboratoires accrédités en biologie moléculaire ont estimé être en capacité de réaliser 20 000 tests par jour. Pour cela, ils doivent se procurer les réactifs. « Les prix commencent à flamber car la demande est mondiale. Ils sont de l’ordre de 200 000 € pour 10 000 tests. De plus, ce n’est que la moitié du coût de l’analyse », note Aurèle Valognes. Autre crainte : que les industriels produisant ces réactifs à usage humain ne suivent pas la cadence. « Tous les pays impactés par le Covid-19 en ont besoin. Or, ces réactifs sont fabriqués loin, hors de France. » L’occasion pour l’ADILVA de rappeler l’expertise qu’ont les vétérinaires en matière de coronavirus, car ces virus existent depuis longtemps chez les animaux. « Nous avons la chance d’avoir en France trois fabricants de réactifs à usage vétérinaire. Pour dépister le Covid-19, ils ont développé des tests en cours de validation par le Centre national des coronavirus de Pasteur Lyon et Paris. Si ces tests sont validés, nous serions moins sujets à des aléas de production, de logistique et de livraison comme cela s’est produit pour les masques. »
Dossier réalisé par Emmanuelle STROESSER, Estelle CHEVASSU, Christine CABIRON, Sarah FINGER
et Emmanuel GUILLEMAIN D’ECHON
Informer et mutualiser les bonnes pratiques
• En appui de sa fonction de conseil aux élus, l’AMF a créé sur son site www.amf.asso.fr deux rubriques spéciales «Coronavirus, Covid-19 » : l’une les informe et les conseille sur l’organisation et le bon fonctionnement des établissements et services dont ils ont la responsabilité, dans tous les domaines (recommandations générales, gestion des personnels, entreprises, école, restauration collective, personnes âgées et handicapées, petite enfance, transports…) ; l’autre a vocation à rassembler des initiatives exemplaires des communes et des EPCI sur l’ensemble du territoire (www.amf.asso.fr/m/COVID19/).
• L’AMF a aussi mené une enquête sur «La continuité éducative en confinement » afin de dresser un panorama, non exhaustif, des différentes mesures adoptées par les communes depuis la fermeture des écoles (dispositif « ma classe à la maison », accueil scolaire, pause méridienne et restauration, accueils péri et extra-scolaires, consignes sanitaires, incidences financières). www.amf.asso.fr (réf. BW40076).