Catherine Stern
Avec les problèmes climatiques et la montée en puissance de la production de neige de culture, nos stations de ski ont dû emprunter pour leur équipement, mais cela devenait de plus en plus compliqué à gérer, reconnaît Alain Castel, président de la communauté de communes des Pyrénées haut-garonnaises, gestionnaire du Mourtis. Sans la création du syndicat mixte Haute-Garonne Montagne et le soutien du département, des stations auraient pu fermer. » (1)
Dès février 2015, un rapport de la Cour des comptes avait alerté sur la situation critique des stations de montagne pyrénéennes, soulignant les difficultés rencontrées par les petites collectivités à supporter seules des investissements lourds. Le rapport les invitait à repenser leur modèle économique. Soucieux de maintenir et de créer des emplois non délocalisables, le département de Haute-Garonne, qui mise sur le tourisme, a décidé d’intervenir. « Nos quatre stations de ski avaient des difficultés, explique Georges Méric, son président. Elles étaient gérées par quatre structures différentes – régie directe et syndicats plus ou moins mixtes (2) – et en concurrence entre elles. Le département devait apporter sa capacité financière et son ingénierie pour les sauvegarder. »
Pendant deux ans, un travail de concertation avec les acteurs du territoire, élus et professionnels des stations, a été mené avec l’aide de bureaux d’études. Il y a quatre mois, cette co-construction a débouché sur la création du syndicat mixte Haute-Garonne Montagne, financé et composé à 80 % par le conseil départemental et à 20 % par les communes. Une première subvention départementale de 6 M€ permet au syndicat d’apurer les dettes des stations et de leur fournir un fonds de roulement. Les salariés des anciennes structures (plus de 120 personnes) ont été repris. Un soulagement pour les habitants car 24 % des emplois privés de ces vallées haut-garonnaises (plus de 830 emplois) dépendent du ski. « Nous avons un projet d’investissement de 21 à 23 M€ sur quatre ans pour stabiliser les stations, avec un partenariat avec l’État et la région Occitanie, explique Georges Méric. Notre stratégie : une direction unique, de la mutualisation avec des achats groupés et une maintenance regroupée, une complémentarité des stations et une évolution vers le “quatre saisons”. »
Nouvelles activités
La collaboration s’est déjà concrétisée par le Village Hiver Haute-Garonne installé à Toulouse, mi-novembre, pour présenter au public les offres de séjour et activités d’hiver des 4 stations. Sur le budget d’investissement, 15 M€ serviront à renouveler la télécabine de Luchon-Superbagnères, auparavant gérée par la communauté de communes.
Dans un contexte de raréfaction de l’enneigement (lire ci-dessus), l’une des recommandations du rapport de l’Observatoire pyrénéen du changement climatique est de maintenir l’attrait touristique des Pyrénées. «Le point d’appui pour développer le «quatre saisons » est le thermalisme et le thermoludisme, ainsi que l’itinérance avec le retour à la nature, détaille Georges Méric. Nous allons spécifier les centres d’intérêt de chaque station (plus familiale, plus sportive ou plus axée sur la nature) et les diversifier. Puis se posera la problématique de l’accueil et de l’hébergement, pour lesquels il faudra trouver des partenaires privés. D’ici quatre à cinq ans, nous espérons retrouver un équilibre financier. » Alain Castel, le président de la communauté de communes Pyrénées haut-garonnaises, est soulagé. « Le département est en train de sauver les stations de ski de Haute-Garonne et d’éviter la désertification de nos communes rurales. »
(1) Luchon-Superbagnères était géré par un syndicat intercommunal (le SIGAS), le Mourtis en régie par la communauté de communes des Pyrénées haut garonnaises, Bourg d’Oueil par un SIVOM et Peyragudes par une société d’économie mixte d’aménagement. (2) La quatrième station, Peyragudes, est à cheval sur la Haute-Garonne et les Hautes-Pyrénées. Sa gouvernance est en cours de redéfinition via la création en 2019 d’une société publique locale dont le syndicat mixte Haute-Garonne Montagne deviendra membre.
Un mois de neige en moins d’ici 2050
Selon le dernier rapport annuel de l’Observatoire pyrénéen du changement climatique (1), « dans les Pyrénées centrales, à une altitude de 1 800 mètres, l’épaisseur moyenne de la neige pourrait diminuer de moitié d’ici 2050, tandis que la période de permanence de la neige au sol réduirait de plus d’un mois ». Le département de Haute-Garonne a d’ores et déjà engagé avec les élus locaux une réflexion globale sur la diversification de l’offre touristique, notamment autour du thermalisme et du thermoludisme. (1) https://opcc-ctp.org/fr
Catherine STERN
n°365 - Février 2019