« Le plan de fermeture du cuivre d’Orange fonctionne selon une logique de lots annuels de communes », a rappelé Michel Sauvade, maire Marsac-en-Livradois (63) et co-président de la commission numérique de l’AMF. 162 communes composaient le premier lot. «Plus de 8 000 communes seront dans le septième et dernier lot », a indiqué Olivier Fritz, directeur de l'aménagement numérique des territoires d’Orange. Ainsi le réseau FTTH (Fiber to the home) deviendra la «nouvelle infrastructure de référence ».
Mais les maires appellent les opérateurs à ne pas relâcher leurs efforts sur le cuivre car il reste encore des communes qui ne sont pas 100 % «fibrées » et, dans certaines communes où la fibre n’est pas encore totalement déployée, les citoyens dépendent toujours de l’ADSL. Il faut donc continuer à entretenir le réseau d’infrastructure avant sa disparition programmée.
« 93 % des locaux ont été rendus raccordables à la fibre en France », a indiqué Ghislain Heude, directeur «Fibre, infrastructures et territoires » de l’Arcep. Du côté de Bercy, on espère même atteindre les 96 % de locaux raccordables à la fibre d’ici à la fin de l’année. «Pour fermer le réseau cuivre, il faut que la fibre soit là, insiste-t-on du côté de l’Arcep. Il y a aura des reports de date de fermeture pour certaines communes qui ne sont pas encore fibrées, mais ce n’est pas un échec. C’est avant tout pour ne pas se retrouver dans des situations compliquées. »
Si le déploiement de la fibre est un succès – la France est aujourd’hui le pays européen le plus fibré –, des irritants persistent. Dans certaines communes, les derniers mètres pour amener la fibre jusqu'aux habitations ne sont en effet pas si simples. Des travaux chez les particuliers sont parfois nécessaires et ils peuvent être particulièrement coûteux, allant jusqu’à plusieurs milliers d’euros parfois à la charge du particulier. «Les maires sont ou vont être sollicités sur cette question », a prévenu Michel Sauvade.
Comme l’a indiqué Antoine Jourdan, sous-directeur des communications électroniques et des postes à Bercy, un nouveau dispositif expérimental de soutien au financement de ces raccordements complexes a été lancé. Les administrés concernés par ce problème, qui vivent dans l’une des 3 000 communes où le cuivre va disparaître d’ici à 2027 (lot 1, 2 et 3), peuvent ainsi accéder à une aide financière allant de 400 à 1 200 euros (lire Maire info du 24/09). La demande doit se faire sur le site de l’Agence de services et de paiement (ASP).
Cependant, pour les communes qui vont faire partie des derniers lots, comme Saint Éloi (Ain, 524 habitants), le réseau cuivre reste et son décommissionnement n’est prévu que très tardivement (2028, 2029 ou même 2030). «Mais les infrastructures [de l’ADSL] vieillissent », a souligné Jehan-Benoît Champault, le maire. L’élu observe dans sa commune des «fils qui pendent », «des sections arrachées qui peuvent poser à la commune des problèmes d’entretien des bas-côtés » mais aussi des problèmes de sécurité. «Aujourd’hui, ces destructions ne sont plus réparées », a-t-il déploré.
Olivier Fritz a rappelé qu’il est possible de signaler en ligne des dommages sur le réseau Orange afin que des équipes puissent intervenir au plus vite sur le terrain. Le message des maires est clair et Orange assure en avoir conscience : le réseau cuivre doit continuer à être entretenu.
Dans un contexte où de plus en plus de vols de câbles sont constatés dans les communes. Lionel Jouneau, maire de Saint-Perreux (Morbihan, 52 758 habitants), assiste à des vols de cuivre réguliers et déplore des délais trop longs de remise en état des réseaux pouvant aller «jusqu’à six mois ».
Olivier Fritz a confirmé l’ampleur du phénomène : «On observe une augmentation de 30 % des vols de câbles chaque année depuis trois ans, et plus de 3 000 vols ont été enregistrés en 2025 », explique-t-il. Localement, des partenariats entre la gendarmerie et l’opérateur Orange se mettent en place depuis ces dernières années.
Enfin, pour que la bascule du cuivre vers la fibre se fasse sans problème, la communication doit faire l’objet d’une attention particulière. Sur ce point, Michel Sauvade a précisé que «les maires n’ont pas vocation à être les communicants des opérateurs mais ils sont libres d’être des relais d’information auprès de leurs administrés s’ils le souhaitent ».
De nombreux élus sont aussi interpellés par leurs habitants, souvent âgés, qui souhaitent conserver le téléphone sans pour autant prendre un abonnement à la fibre. Les offres de téléphonie seules existent, mais elles sont bien souvent peu mises en avant par les opérateurs. «C’est d’ailleurs une demande de l’AMF de donner plus de visibilité à cette offre », a conclu Michel Sauvade en soulignant l’importance d’éviter qu’il y ait des «naufragés de la fibre ».
Pour aller plus loin :
. Retrouvez l'interview-vidéo de Michel Sauvade, par Maire-info, sur le décommissionnement des réseaux 2G/3G qui va avoir des conséquences sur le terrain
. Retrouvez la vidéo du point info sur l'extinction du réseau cuivre (téléphonie et ADSL) : le plan de fermeture prend de l'ampleur
. Lire aussi notre dossier spécial " 107e Congrès de l'AMF 2025 "