Aujourd’hui, les collectivités territoriales ne sont pas en reste. Elles peuvent, elles aussi, profiter des avantages des enchères et de la vente en ligne. De la plus petite commune rurale aux départements en passant par les intercommunalités, il est ainsi très simple non seulement de vendre ses biens mobiliers réformés mais aussi de trouver de bonnes affaires de seconde main. L’occasion, au passage, de contribuer à l’économie circulaire en recyclant et en luttant contre le gaspillage.
Le recours à la vente en ligne est parfaitement possible sur le plan juridique. «Aucune disposition législative ou réglementaire ne fait obstacle à ce que les collectivités territoriales et leurs groupements recourent à la vente aux enchères en ligne pour vendre des biens mobiliers ou immobiliers appartenant à leur domaine privé tels que du matériel informatique, du matériel de jardinage ou encore des véhicules », confirme le ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales (réponse ministérielle à la question écrite n°15598, JO Sénat(Q) du 9 juillet 2020).
En pratique, il est préconisé de faire valider le principe de l’utilisation d’internet par le conseil municipal, étant rappelé que le maire peut être habilité, par délégation de l’assemblée délibérante, à décider de l’aliénation de gré à gré des biens mobiliers jusqu’à 4 600 euros (article L.2122-22 10° du Code général des collectivités territoriales - CGCT).
À l’heure actuelle, deux principales plateformes occupent le marché, même si d’autres leur ont emboîté le pas. La première, Agorastore, a été créée par la ville de Lyon en 2005 alors qu’elle cherchait une solution pour revendre son matériel réformé. Rachetée quelques années plus tard par deux anciens étudiants d’HEC, cette plateforme s’est rapidement trouvée en concurrence avec la seconde, Webenchères, qui fidélisait déjà, depuis 2008, plus d’un millier de collectivités locales. Il y a quatre ans, ces deux entités se sont rapprochées pour renforcer leur offre aux entreprises et aux collectivités territoriales.
Face au succès de la démarche, d’autres nouvelles plateformes se sont développées pour permettre aux collectivités de vendre et d’acheter du matériel d’occasion, à l’instar de Moniteur des Ventes, spécialisé au départ dans la vente de véhicules et de matériel industriel. «La vente aux enchères de matériaux usagés est une démarche à la fois économique et écologique grâce au réemploi des matériaux », explique la municipalité de Beauzelle (8 000 habitants, Haute-Garonne). En s’inscrivant dans cette démarche, la ville renforce ses engagements en matière de développement durable et de bonne gestion des deniers publics. »
La commune a ainsi choisi la vente en ligne pour se dessaisir de son matériel usagé. Concrètement, les ventes sont ouvertes à tous (particuliers, professionnels, organismes publics et associations) et tout le monde peut enchérir sur les biens mis en vente, du matériel de bureau au matériel technique. Un prix de base est proposé par le vendeur et le bien est vendu au plus offrant.
Même pratique à La Tour du Pin (8 000 habitants, Isère) où l’on n’hésite pas à afficher la couleur : «Pas de gaspi à la mairie ! », annonce la municipalité, qui a également rejoint Agorastore pour revendre le matériel et le mobilier dont elle n’a plus l’utilité. «Un prix de base est fixé pour chaque produit, en fonction de son coût d’achat, de sa décote et de son état actuel. Vous n’avez plus ensuite qu’à enchérir sur le bien souhaité », détaille la mairie sur son site officiel. De nombreuses autres communes ont fait ce choix, comme à Flers (14 300 habitants, Orne), où c’est un lot de chaises, de tables et d’étagères que le maire vient de mettre en vente aux enchères sur une plateforme, par délégation du conseil municipal.
À Vire Normandie (17 400 habitants, dans le Calvados), c’est une goudronneuse qui a récemment été vendue en ligne pour un montant de 6 000 euros TTC. «L’objectif est de favoriser les enchères citoyennes et ainsi de permettre d’acquérir et de profiter des biens dont la collectivité n’a plus l’utilité », explique Annie Rossi, première adjointe au maire chargée des finances et de la commande publique.
Plus récemment encore, c’est la communauté de communes des Coëvrons (26 900 habitants, Mayenne) qui a organisé une vente en ligne de son matériel réformé. Dans sa «vitrine numérique » figurent une tondeuse autoportée, un camion benne ou encore un micro-tracteur. Et pour assurer le succès de sa vente, l’intercommunalité a présenté les biens proposés sur sa page Facebook.
Les mairies désireuses d’acheter en ligne des biens d’occasion peuvent également se tourner vers les sites des fournisseurs traditionnels. À l’exemple de Manutan Collectivités qui propose à la vente sièges de bureau, tables, meubles de rangement de seconde main. Il y a quelques jours, on pouvait trouver sur le site des armoires à rideaux d’occasion en parfait état vendues au quart de leur prix neuf. Autant d’aubaines à saisir pour conjuguer chasse au gaspi et précieuses économies.