« Les signaux d’alerte sont au rouge », a affirmé le maire d’Issoudun (36), pointant une série de mauvais indicateurs révélés par l’OFGL sur la base des comptes de l’an passé : «des concours financiers de l’Etat stagnants » (+0,7% par rapport à 2023), «une inflation normative «estimée à «5 milliards d’euros sur les trois dernières années », «un besoin de financement des collectivités qui s’accentue" à hauteur de 10,3 milliards d’euros, financé au deux-tiers par la dette et un tiers par l’autofinancement.
« L’Etat baisse les ressources des collectivités qui doivent donc ponctionner leur trésorerie et accentuer leur endettement », a résumé André Laignel.
Logiquement, la dette des collectivités a augmenté «de 4,2 % pour l’ensemble d’entre elles » l’an dernier «même si cet endettement demeure maîtrisé ».
L’épargne brute des collectivités (différence entre les recettes et les dépenses de fonctionnement) «est en très forte baisse (-7,3%) » tandis que «leur trésorerie chute de 6,3 milliards d’euros ». Cette dernière situation affecte notamment les départements (-27%) et les régions (-71%).
Sur la seule année 2024, la moyenne de la trésorerie des collectivités «est passée de 133 jours de dépenses de fonctionnement à 78 jours », a précisé André Laignel (118 jours pour les communes mais seulement 34 jours pour les départements et 4 jours pour les régions).
Seule bonne nouvelle dans ce sombre tableau : les dépenses d’investissement des collectivités ont augmenté de 7 % en 2024 (à 70,4 milliards d’euros, soit leur plus haut niveau depuis 18 ans) portées principalement par le bloc local en cette fin de mandat (+9,5% pour les communes et + 12,4% pour les EPCI).
Mais, là aussi, la situation pourrait se dégrader dès cette année. «Avec les ponctions budgétaires et les dépenses imposées en 2025 (près de 8 milliards d’euros), la dégradation des comptes va s’accélérer », s’est alarmé André Laignel, pointant «un risque d’asphyxie des collectivités » et un «risque de récession en France » compte tenu de leur poids dans l’investissement public.
Le gouvernement laissant entendre que les collectivités pourraient de nouveau être mises à contribution en 2026 pour participer au redressement des finances publiques, en leur imposant par exemple une «année blanche », c’est-à-dire un gel total de leurs recettes, le président du CFL estime à titre personnel et en sortant « un tout petit peu [de la position] du CFL », que « si on annonce de nouvelles coupures de moyens pour 2026, la seule réponse possible est la censure [du gouvernement] sous toutes ses formes ".
Au niveau local, « les collectivités feraient une année blanche sur les dépenses que l’Etat leur impose ». André Laignel explique que « les collectivités refuseraient de payer à la place de l’Etat » en ne cofinançant plus des politiques nationales » mais aussi en refusant de participer à certains dispositifs contractuels « comme les contrats de plan Etat-régions ». Elles refuseraient également « tout transfert de nouvelles compétences ».
Cette proposition de « censure » n’a toutefois pas été abordée par le bureau de l’AMF qui s’est réuni, le 17 juin, et dont André Laignel est le premier vice-président délégué.
« Ce que nous défendons, c’est l’intérêt des citoyens, la capacité des collectivités à maintenir des services publics de qualité, le rôle d’amortisseur économique et social des communes », a souligné André Laignel.
Interrogé sur les travaux en cours de la conférence financière des territoires installée par le gouvernement et dont les travaux se poursuivent, le président du CFL indique y avoir ses «observateurs » tout en déplorant, à l’instar de l’AMF, «l’absence de propositions concrètes et chiffrée » formulées dans cette instance. «Il ne s’y dit rien et aucun document n’est sur la table ».
André Laignel réitère l’opposition farouche des élus à toute nouvelle participation des collectivités au redressement des comptes publics : «Nous avons déjà donné avec une contribution de 80 milliards d’euros en cumulé depuis 2014. Nous ne pouvons plus être rabotés ».
Le Premier ministre, qui a indiqué qu’il rendra ses arbitrages budgétaires à la mi-juillet, est prévenu.