« En 2016, la CAF des Deux-Sèvres a intégré la dynamique et a lancé un appel à projets à l’ensemble des acteurs potentiellement concernés, comme les centres sociaux ou les missions locales. Le sujet des dangers rencontrés par les jeunes sur les réseaux devenait de plus en plus prégnant », retrace Matthieu Aguesse, coordinateur départemental du réseau «Promeneurs du Net 79 » (www.promeneurs dunet.fr/departements/deux-sevres), rattaché à la maison des adolescents de Niort (79), à laquelle la CAF des Deux-Sèvres a confié la formation (4 jours) des animateurs volontaires.
« Aujourd’hui, ce réseau compte 32 professionnels formés, dont la moitié exercent au sein d’un centre social et culturel, et 7 animateurs en poste dans une collectivité ou dans une intercommunalité », détaille le coordinateur. Dispositif utile mais perfectible La communauté de communes Haut Val de Sèvre délègue ainsi deux de ses animateurs jeunesse, à raison de deux heures par semaine, pour tenter de nouer le dialogue en ligne avec les jeunes, par exemple sur la plateforme de communication Discord. «Nous sommes entrés dans le dispositif en 2019, à la demande de la direction de notre service jeunesse », précise Marie-Pierre Missioux, vice-présidente de l’EPCI, maire de Cherveux (1 900 habitants) et présidente de l’Association des maires des Deux-Sèvres. Ce nouveau service s’est «révélé fort utile pendant la période de la crise sanitaire liée à la Covid-19, avec des adolescents plus que jamais plongés dans le monde virtuel », se rappelle l’élue.
Après quelques années d’expérience, Marie-Pierre Missioux estime que «cette présence de professionnels sur les réseaux est indispensable ». Néanmoins, elle en souligne les limites : «avec quelques heures par semaine, on peut presque parler de saupoudrage. Mais la communauté n’a pas les moyens de faire davantage (l’intervention de base est financée dans le cadre de la prestation de service jeunes délivrée par la CAF) ». De plus, «les horaires des animateurs ne correspondent pas aux usages des jeunes, davantage en ligne en soirée, voire dans la nuit », souligne l’élue. Pour pallier ces difficultés, elle imagine «un outil qui serait issu de l’intelligence artificielle et qui pourrait être actif H24 et ferait remonter aux animateurs les situations sensibles ou les messages préoccupants ».
Par ailleurs, l’intercommunalité doit faire face à un fort turn-over des agents et à des difficultés de recrutement. Sans nier cette réalité, le coordinateur départemental du réseau «Promeneurs du Net 79 » défend un bilan positif : «les jeunes acceptent le contact des PdN, totalement identifiables, parce qu’ils ont l’occasion de croiser ces mêmes animateurs dans différents lieux qui leur sont dédiés. La relation de confiance est un préalable. Et pour certains jeunes, hors des radars, il s’agira d’un premier contact qui pourra basculer sur du présentiel ». Matthieu Aguesse estime aussi que «les professionnels de l’animation ne peuvent plus se passer de cette spécialisation à l’appréhension des réseaux sociaux et à leur impact sur le public jeune ».