Toutes les précautions sont prises pour que cela ne soit pas le cas : je suis vice-président chargé des régions et des villes d’Europe. Je garde une influence sur la politique de cohésion. L’autorité que j’ai acquise, depuis quinze ans que je travaille sur cette politique [Younous Omarjee a notamment présidé la commission du développement régional – REGI – de 2019 à 2024], continuera à la servir. Être vice-président, c’est encore plus de moyens d’action et plus d’influence.
Cela va continuer parce qu’il y a, historiquement et aujourd’hui encore, une majorité très forte au sein du Parlement pour considérer que le cœur battant de la démocratie européenne, ce sont les régions et les villes. Une majorité beaucoup plus forte que dans les autres institutions – et c’est bien ce qui nous inquiète – pour considérer qu’il ne faut pas ouvrir la porte de la renationalisation [de la politique de cohésion et de la politique agricole commune (PAC), lire ci-dessous]. Le Parlement européen, j’en suis convaincu, défendra ces principes. Cela ne veut pas dire que nous sommes rétifs aux réformes. Le monde n’est plus le même aujourd’hui, on ne peut pas garder des règlements qui ont été pensés en 1989.
La structure du budget doit évoluer pour aller vers des instruments plus flexibles, plus réactifs, plus simples dans leur utilisation. Mais dans un certain nombre de limites : pas de renationalisation [de la gestion] des politiques. La gouvernance à multiples niveaux et le partenariat entre la Commission européenne et les territoires doivent continuer d’être au cœur de nos règlements.
Non. On dit de cette politique qu’elle va mourir depuis le jour où elle est née. Il ne faut pas alimenter une chronique défaitiste. Je ne crois pas que la politique de cohésion va mourir parce qu’il ne peut pas y avoir d’élargissement sans elle. Cela n’aurait pas de sens. Les pays entrés dernièrement dans l’Union européenne sont des démonstrations vivantes de l’efficacité de notre politique.
Parmi les régions françaises, les régions ultrapériphériques, qui sont les régions les plus pauvres d’Europe, resteront une priorité. Pour ce qui est des régions continentales, il est certain que les fonds de cohésion vont rester extrêmement importants pour accompagner les objectifs de mobilité douce, le développement des énergies renouvelables, le soutien aux innovations. Sans oublier la lutte contre la pauvreté, le [développement du] logement social, l’adaptation au changement climatique qui font partie des priorités.
Concernant la réindustrialisation de l’Europe et de la France, elle passe aussi par les régions, et cela doit se refléter dans cette politique. Il faut confier aux régions les possibilités d’être de véritables actrices [dans la réalisation] de cet objectif. Il faut, enfin, sortir d’un cadre trop uniforme, sans doute faire beaucoup plus du sur-mesure et mieux adapter les objectifs en fonction des particularités de chaque région.