La présence d’un ministre du Travail «est une première » salue Philippe Laurent, président du CSFPT, et à ce titre porte-parole de la Coordination des employeurs territoriaux (CET), qui veut y voir un signe de l’importance de la fonction publique territoriale. Le maire de Sceaux (92) s’est dit également «extrêmement heureux » de la présence du ministre de la Fonction publique, Laurent Marcangeli. 2025 s’annonce-t-elle sous de meilleurs auspices dans les relations entre les collectivités, la fonction publique et le gouvernement ?
2024 s’était soldée par une journée de mobilisation nationale des fonctionnaires le 5 décembre contre les annonces, unilatérales, de Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique du gouvernement Barnier, sur le jour de carence et l’indemnisation des arrêts maladie. Les employeurs territoriaux étaient eux aussi très remontés contre la hausse des cotisations CNRACL décidée par le gouvernement Barnier sans concertation.
Cette méthode semble dépassée tant les deux ministres ont assuré, ce 8 janvier, à la fois les agents et les employeurs territoriaux de leur «respect », «écoute », de leur «reconnaissance », avec une pensée particulière pour Mayotte et les agents qui «ne comptent pas leur temps depuis le passage du cyclone », a ainsi lancé Catherine Vautrin. La ministre, ancienne présidente du Grand Reims, a insisté sur le rôle de la fonction publique territoriale, «garante d’un service public essentiel pour la cohésion » du pays et de ces agents qui sont «derrière les maires, qui les accompagnent et dont ils ne peuvent pas se passer ».
Le ministre de la Fonction publique a, lui, réitéré ses propos tenus lors de la passation de pouvoirs à l’endroit des fonctionnaires le 26 décembre : «je vous aime ! », a scandé l’ancien maire d’Ajaccio. Aux employeurs territoriaux, il a promis «un travail commun fluide, respectueux, efficace ».
Un ton qui réjouit le monde territorial mais qui ne convainc pas ses représentants. Après le passage de quatre gouvernements en un an, tous aspirent à une plus grande «stabilité ». Mais attendent avec une évidente inquiétude les arbitrages budgétaires. Philippe Laurent, qui est aussi vice-président de l’AMF, a rappelé les sujets sur la table : transposition de l’accord du 11 juillet 2023 sur la protection sociale complémentaire (PSC), suite à donner au rapport Hiriart sur le fonds de prévention de l’usure professionnelle, financement de l’apprentissage, situation de la CNRACL et mainmise de l’Etat sur l’Ircantec, perte accélérée de l’attractivité de la fonction publique.
Habilement, aucun des deux ministres ne s’est engagé sur quoi que ce soit. «En toute humilité, je ferai de mon mieux, a indiqué Laurent Marcangeli. Dans un contexte budgétaire contraint, je ne ferai pas de promesses irréalisables. Nous aurons ces prochaines semaines des discussions. Certaines seront âpres. Elles se feront en nous concertant, en nous respectant. Avant de parler, il nous faut faire des arbitrages ». Le ministre a déjà commencé à rencontrer pour cela les partenaires sociaux.
A moyen et plus long terme, en fonction aussi du temps qu’il aura, Laurent Marcangeli souhaite engager un travail sur plusieurs sujets de fonds comme l’évolution des métiers et carrières, la refonte des grilles de rémunération, la PSC. Sur cette dernière, il a fait part de «détermination très forte » et doit rencontrer prochainement le président du Sénat pour évoquer un projet de loi transposant l’accord de 2023. Dernier «défi essentiel » évoqué par le ministre : la simplification. «Nous devons améliorer la qualité des services publics, réduire l’administratif et donner plus de temps aux missions à valeur ajoutée ».
Catherine Vautrin a, de son côté, appuyé sur les sujets attractivité, prévention des risques professionnels, réflexion sur les métiers. Mais a sans doute douché aussi quelques espoirs sur l’apprentissage en rappelant que l'accord avec France Compétences sur le financement était «une expérimentation » et, qu’à ce titre, elle devait «avoir un fin », tout en ouvrant la porte à de nouvelles discussions. Même flou entretenu sur les retraites : «nous devons continuer à y travailler », a-t-elle signifié.