Yves Lafaury, maire d'Épinouze (26), a fait appel à deux référents sûreté, les adjudants-chefs Yann Demoyen et Hervé Léanni, son village étant confronté à une progression des incivilités.
Missions
La prévention n’a peut-être jamais aussi bien porté son nom. C’est en effet très en amont que les référents sûreté, dont la mise en place remonte à 2007, interviennent gratuitement pour devancer les actes de malveillance tant dans le secteur public que privé.
Leurs compétences et leur connaissance de la délinquance leur permettent d’apporter une expertise pour déterminer les vulnérabilités des sites communaux, et formules des conseils aux élus pour les sécuriser.
Les maires peuvent solliciter, par saisine écrite auprès du commandant de groupement ou en prenant contact avec leurs référents élus, une consultation sûreté en mairie (une demi-journée environ) à l’issue de laquelle leur sont préconisées des actions préventives.
Plus rarement, si la situation le nécessite, des diagnostics et audits (dans les cas les plus sensibles et complexes) peuvent être établis.
Organisation
Sur le territoire, les 317 référents sûreté en gendarmerie sont regroupés au sein des cellules de prévention technique de la malveillance (CPTM) des groupements de gendarmerie départementale. Ainsi chaque département de métropole et d’Outre-mer dispose d’une CPTM, composée d’un ou plusieurs référents sûreté. Chacun d’entre eux a reçu une formation de cinq semaines.
De plus, 5 000 correspondants sûreté de la gendarmerie, non habilités à donner des conseils en matière de vidéo-protection et dont la formation est moindre, peuvent dispenser des recommandations de premier niveau.
Actions
En 2023, les référents sûreté ont réalisé 1 229 consultations sûreté, 114 diagnostics et 6 audits au profit des communes. Ces consultations passent notamment au crible la partie bâtimentaire (éclairage, serrures, clôtures, pièces à sécuriser...) et permettent au référent de proposer des pistes selon les cas : installation de caméras de vidéo-protection (lire ci-dessous), conduites à tenir par le personnel en cas d’intrusion, liens avec la gendarmerie, engagement d’agent de sécurité... Une consultation peut être réévaluée si un phénomène de grosse délinquance survenait dans une commune.
Fanny Tabellion,
référente nationale des référents sûreté
« La majeure partie des demandes des élus porte sur les conseils techniques et juridiques en vue de l’installation de caméras de vidéo-protection. Ces conseils sont adaptés à la taille et à la délinquance enregistrées sur la commune.
Cependant, les référents sûreté n’ont pas vocation à se prononcer sur la faisabilité de l’implantation de ces caméras, à la charge de l’installateur, ni sur le choix des prestataires.
Globalement, les conseils des référents sûreté sont très complémentaires des formations à la gestion des incivilités du GIGN et du Raid dispensés auprès des élus. »
À Épinouze (26), la mairie veut muscler sa sécurité
« J ’ai décidé de faire appel aux référents sûreté, le village étant confronté à une progression de la délinquance et des incivilités qui, sans être exponentielle, n’en est pas moins palpable », confie Yves Lafaury, maire d’Épinouze (Drôme, 1 650 habitants). Dernier épisode en date en janvier 2023 : l’effraction du local des services techniques qui s’est soldée notamment par le vol de matériel électro-portatif.
Rendez-vous est donc pris avec le groupement de la gendarmerie de la Drôme, le 2 août 2024, pour une consultation sûreté à laquelle assistent en mairie deux référents sûreté, les adjudants-chefs Yann Demoyen et Hervé Léanni (photo ci-dessus).
Au préalable, un document extrêmement complet, après visites de différents sites communaux et un état des lieux des malveillances subies par la commune et sur les différentes manières d’y remédier, est remis à Yves Lafaury. Puis vient l’heure de la supervision d’un site communal dans lequel transite des convois de fonds. Il dispose déjà d’une caméra vidéo mais recèle quelques faiblesses comme la présence de stores à la place de volets : «Nous l’avons notifié au maire tout comme nous lui avons conseillé d’installer un bouton d’alerte », explique l’adjudant-chef Yann Demoyen.
Soucieux d’implanter de la vidéoprotection sur sa commune selon les préconisations des deux référents sûreté, Yves Lafaury doit désormais en étudier la faisabilité budgétaire.
Contact : Direction générale de la gendarmerie nationale, 4, rue Claude Bernard. 92130 Issy-les-Moulineaux.
www.referentsurete.fr
Par Thierry Guerraz
n°428 - NOVEMBRE 2024