Le projet est pragmatique. Les objectifs fixés sont restreints afin d’avancer lentement, mais plus sûrement. Les professionnels ont choisi de s’intéresser à une pathologie, l’insuffisance cardiaque, fort répandue localement. Le territoire ne compte qu’un cardiologue…
La force de l’expérimentation est «justement de rechercher un consensus et une organisation locale, qui tient compte des forces en présence comme des trous dans la raquette », explique le médecin. «On n’invente rien, on ne rajoute pas une couche, on s’appuie sur tout ce qui existe. On améliore la coordination, la bonne connaissance et l’articulation des acteurs locaux. »
C’est ce qui justifie le choix d’un territoire critique, suffisamment vaste. Les professionnels ont choisi d’aller des Hautes-Alpes jusqu’au nord des Alpes-de-Haute-Provence, un bassin de 150 000 à 200 000 habitants, au-delà du périmètre du groupement hospitalier de territoire.
Dès le départ, la liaison a été faite entre les professionnels de santé hospitaliers et les libéraux, réunis dans les quatre communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) du Gapençais, du Büech Devoluy, du Briançonnais Écrins et du pôle santé Champsaur Valgaudemar. Tous sont parties prenantes depuis les premières réunions de présentation, en novembre 2022, et l’étape de définition du projet de santé, de septembre 2023 à juin 2024.
« De la personne à risque à celle atteinte d’insuffisance cardiaque, nous avons défini les actions pour chacune : depuis la lutte contre la sédentarisation, la malbouffe jusqu’au traitement de l’hypertension qui est l’un des facteurs de risque et qui est, en outre, commun à d’autres pathologies. C’est là où le système va vraiment devenir vertueux », expose le Dr Sarlon. Maintenant que la méthode a été posée, les communes vont plus directement entrer en scène.
L’expérimentation restait jusque-là un peu floue pour elles (hormis les élus impliqués par le biais du comité territorial de santé des Hautes-Alpes). Certaines collectivités ont déjà pu être indirectement concernées quand elles ont participé au renforcement des liens entre professionnels, comme pour la maison médicale de Sisteron, située dans les murs de l’hôpital.
Elles doivent aujourd’hui surtout devenir des relais auprès de la population. Gap, Briançon (10 875 hab., Hautes-Alpes) et Sisteron (7 944 hab., Alpes-de-Haute-Provence) ont déjà engagé leurs services dans des campagnes de dépistage, comme dans l’opération «Cœur des femmes » programmée en janvier 2025. Elles réfléchissent par ailleurs à des actions de prévention au quotidien via leurs écoles, cantines ou centres aérés.