La salle était comble et les attentes des élus fortes. Car aucun territoire ne sera épargné. «Nous n’avons encore rien vu. Avec le changement climatique, les communes qui n’ont pas encore été touchées le seront. », a prévenu Sébastien Leroy, coprésident du groupe de travail «Risques et crises » de l’AMF et maire de Mandelieu-la-Napoule (06), victime d’inondations à répétition.
Aurélie Teixera, maire de Listrac-Médoc (33), a suivi une formation avec le SDIS de la Gironde pour être prête en cas de crise. «On n’est jamais assez armés: il faut s’entraîner et se préparer », dans un contexte où les maires se retrouvent souvent en première ligne.
« En France, on a des méthodes, des initiatives locales, des bonnes pratiques, mais il n’y a aucune stratégie nationale de gestion des risques majeurs. ». Le constat de Sébastien Leroy est sans appel. Dominique Peduzzi, maire de Fresse-sur-Moselle (88) et président de l’association des maires des Vosges, a rappelé l’essentiel dans ce contexte : «Le risque reste local. Il faut donc s’en emparer localement ».
Pour Sébastien Leroy, «la complexité du système donne l’illusion que l’État sera omniprésent au moment de la crise, mais c’est faux ! C’est au maire seul de décider s’il faut évacuer. L’État se décharge sur les collectivités, il ne faut pas l’oublier. Judiciairement, vous serez toujours en première ligne », a-t-il averti ses collègues élus.
Pour en finir avec «les lois contradictoires », le maire de Mandelieu-la-Napoule plaide au nom de l’AMF pour «une refondation du système, avec la création d’un ministère ou d’un secrétariat d’État dédié » (lire l’encadré ci-dessous).
Christine Lavarde, sénatrice des Hauts-de-Seine, auteure d’une proposition de loi «visant à assurer l'équilibre du régime d'indemnisation des catastrophes naturelles », adoptée le 29 octobre par le Sénat, a confirmé l’éclatement de la machine étatique. «Quand une commune subit un aléa climatique, c’est le ministère de l’Intérieur qui est compétent. Sur l’indemnisation, c’est Bercy. Sur la réparation, c’est le ministère de l’Ecologie…».
Une coordination est nécessaire, selon les élus qui demandent aussi «une lecture nationale de la gestion des risques, au-delà des hommages et des minutes de silence », a souligné Pascale Got, députée de la Gironde.
« La prévention des risques figure pour la première fois dans l’intitulé du ministère » d’Agnès Pannier-Runacher, a cependant souligné Cédric Bourillet, directeur général de la prévention des risques au ministère de la Transition écologique, de l’Energie, du Climat et de la Prévention des risques. Signe, selon lui, d’une «priorité très claire » dans un contexte où «on ne part pas de rien » : des stratégies nationales existent, notamment sur les risques inondation et feux de forêt, a-t-il mentionné.
Pour Julien Marion, directeur général de la gestion de crise et de la sécurité civile au ministère de l’Intérieur, «il faudrait se garder de cette manie française qui consiste à penser qu’en créant une structure, on résout un problème. ». Quant au partage des responsabilités, «il n y a pas de confusion ni de parasitage », estime-t-il. «Notre modèle, fondé sur l’unicité de la chaîne de commandement, fonctionne : l’État n’agit pas contre, mais avec les maires. »
A l’occasion du forum, l’AMF a rappelé ses propositions pour améliorer notamment la coordination entre les acteurs (lire ci-dessous). L’Etat s’implique dans la réalisation d’outils pour les élus. Des «changements considérables » ont été opérés depuis deux ans sur georisques.gouv.fr, a rappelé Cédric Bourillet. Construit en partenariat avec l’AMF, le « guide PCS/PICS » du ministère de l’Intérieur vient d’être revu pour une version plus opérationnelle (lire le compte rendu du point info «Se préparer à la gestion de crise, c’est maintenant ! PCS-PCIS »). Des documents certes utiles, mais qui ne dispensent pas de l’essentiel : la connaissance du terrain et les exercices de mise en situation.
Revoir la vidéo du forum " Se préparer à la gestion de crise, PCS – PCIS, c’est maintenant ! "