« Je préfère voir le verre à moitié plein. Après les JOP, on craignait une gueule de bois, elle est à moitié là », témoigne David Lazarus, maire de Chambly (60), co-président de la commission Sports/JOP de l’AMF et président par intérim de l’Agence nationale du sport (ANS) lors du rendez parisien des maires, le 19 novembre. Ce sont les crédits «sport » qui sont en baisse mais pas ceux de l’ANS. Nous devrions pouvoir faire face cette année pour financer le deuxième plan 5000 équipements sportifs – Génération 2024 parce que nous avons crié fort ».
Le financement du sport en France reste aléatoire. Malgré la réussite des JOP, la Grande cause 2024 dédiée et l’accueil prévu des JO d’hiver 2030. «Nous aimerions que la taxe sur les paris sportifs en ligne, aujourd’hui plafonnée, finance le sport », explique David Lazarus. Pour les équipements, «les crédits de l’ANS ne sont pas à la hauteur [des besoins] », ni des enjeux en termes de défis de transition écologique, de sport-santé... «Nous devrions d’ailleurs avoir aussi notre 1% pour le sport dans le budget national comme la culture », revendique Patrick Apperé, président de l’Association nationale des élus du sport.
Le directeur général de l’ANS, Frédéric Sanaur, est plus positif en soulignant que le budget de l’ANS «est stabilisé » autour de 400 millions d’euros et «c’est important » car il a beaucoup augmenté par rapport aux débuts de l’Agence. Il a permis de financer 5500 équipements lors du premier plan. Déjà 3000 équipements de proximité, 1500 cours d’écoles actives et sportives et 500 équipements structurants le seraient dans le cadre du second plan (2024-2026).
La nouvelle organisation du financement du sport (conférences régionales et conférences des financeurs) ne semble pas donner entièrement satisfaction. Question de temps de mise en place ou problème de fond ? Quinze jours avant le Congrès des maires, le ministre des Sports, Gil Averous, maire de Châteauroux (36), avait remis en cause cet ordonnancement. En Bretagne, il a fallu que les élus locaux tapent du poing sur la table pour se faire entendre : «Le préfet de région choisissait les projets à subventionner. C’était hallucinant !», révèle Noëlle Chenot, maire de Surzur (56), membre de la commission Héritage 2024 de l’ANS pour le compte de l’AMF.
Les choses sont ensuite rentrées dans l’ordre : «nous expérimentons une méthode. La conférence des financeurs vote les subventions par département, le préfet de région les valide. Chaque niveau départemental alloue ensuite les sommes. Cela fonctionne bien car les élus connaissent leur territoire, ce qui n’est pas le cas au niveau national ». Les labels (Ville active et sportive, Terre de Jeux) demeurent importants, pour Noëlle Chenot, car «ils montrent qu’il y a une dynamique sportive à la population et aident à critériser les financements ». En clair, entre deux dossiers équivalents, celui qui comporte des labels sera privilégié. «L’intérêt de l’ANS et des plans 5000 équipements est que les subventions sont désormais accessibles aux petites communes qui n’ont pas besoin d’avoir des équipes municipales de compétition pour monter des dossiers », reconnaît Noëlle Chenot.
C’est bien «la mobilisation des élus [qui fait] vivre l’esprit sportif », expliquent les maires. A Bellefosse (67), la maire Alice Morel se félicite d’avoir pu moderniser la piscine communale construite en 1936, mais précise que celle-ci ne peut accueillir entre 4000 et 6000 personnes par an que grâce au bénévolat. A Lyon (69), le maire Grégory Doucet conditionne les subventions aux clubs et associations à leur degré d’avancement en matière d’égalité femmes-hommes, d’inclusion, de transition écologique. A Chaumont (52), la maire Christine Guillemy, a fait voter en 2023 un plan pluriannuel d’investissements de 25 M€ sur dix ans dans les infrastructures sportives. A Basse-Terre (Guadeloupe), le maire et docteur André Atallah a mis en place un «parcours sportif santé sécurisé » accessible à tous gratuitement pour lutter contre la sédentarité.
Malgré toutes ces bonnes volontés, la France reste incapable d’accueillir toutes les demandes des populations, déplore David Lazarus qui invite «à faire un pas de côté » et de rester en veille sur «toutes les nouveautés qui sont en train de se mettre en place dans des sports non encadrés comme le futsal ou les salles de sports et à inventer des choses. Par exemple un mur d’escalade privé peut servir aussi à un collège ».
Pour Noëlle Chenot, la «mutualisation des infrastructures n’est pas un choix mais une obligation à suivre. Il y a une voie peut-être à forcer du côté de l’Éducation nationale », estime-t-elle. Et puis il faudrait aussi surtout «mutualiser entre sports afin d’arrêter de changer les normes des équipements », implore la maire de Surzur.
Des marges de manœuvre existent confirment le premier vice-président de la Fédération française de basket-ball, Jean-Pierre Hunckler : «il y a dix ans, la fédération internationale a fait évoluer la ligne des 3 points [pour les tirs au panier de basket, NDLR]. Nous avons décidé de ne la faire évoluer que progressivement sur les terrains car cela n’était pas utile au niveau local ».
Revoir la vidéo du forum : "Politique sportive, saisir la balle au bond après les Jeux !"