« À Roanne (42), l’agrandissement des réseaux d’eau pluviale a été chiffré à 112 millions d’euros. Des solutions de convergence ont permis d’atteindre les mêmes résultats pour 36 millions », a-t-il affirmé. Il s’agit alors de considérer l’eau de pluie comme une ressource et de permettre son infiltration plus facilement ; par exemple, «il suffit de couder une gouttière pour envoyer le surplus vers un espace vert à proximité. Ce nouveau cheminement de l’eau peut permettre de planter un arbre dans une situation de pérennité, avec les ressources suffisantes. »
Cette manière d’utiliser la nature «comme une infrastructure », plutôt que d’adapter les infrastructures à la nature, est d’autant plus essentielle que l’espace public ne représente en moyenne que 20 % de l’espace communal : «il faut que les propriétaires privés se bougent en coopération avec les élus », a résumé Jean-Marc Bouillon.
Outre les inondations, il y a aussi le problème des canicules, «première cause de mortalité due au changement climatique en Europe », a rappelé Élodie Briche, intrapreneure à l’Ademe du service numérique public «Plus fraîche ma ville ». Elle est venue présenter cet outil récent, entièrement gratuit, qui offre aux communes une aide au diagnostic et à la préparation d’un plan d’actions.
« Le végétal n’est pas possible partout : sous-sol encombré, manque de ressources en eau… C’est pourquoi il est nécessaire d’envisager toutes les possibilités », a-t-elle affirmé. 360 élus sont déjà inscrits sur l’espace de projets pour établir des plans de lutte contre les îlots de chaleur.
Le site Internet de l’outil (https://plusfraichemaville.fr) présente également une série de fiches solutions et de retour d’expériences, même ratées, pour voir ce qui marche et ce qui peut être améliorer. «Un quart de la végétation plantée est rebitumée car on n’avait pas pris en compte le coût de son entretien », a averti Élodie Briche. Elle a également insisté sur l’accompagnement de l’Ademe au choix de la bonne méthode de diagnostic de surchauffe urbaine, «qui coûte cher et n’est pas toujours bien fait ».
Parmi les solutions évoquées sur «Plus fraîche ma ville », il y a celles qui ont été mises en place par la ville de Cuers (Var), dont le maire, Bernard Mouttet, a témoigné : installation de moucharabiehs sur les fenêtres des écoles, pour faire baisser la température dans les classes, création de cours-oasis ou remplacement des trottoirs noirs, qui emmagasinent la chaleur, par des enrobés ocres – ce qui a cependant la conséquence d’en «multiplier le coût par trois ».
Là encore, l’argent reste au coeur des préoccupations et des besoins des élus : adapter les communes au changement climatique passe par des investissements souvent coûteux. «La végétalisation d’une cour d’école, c’est en moyenne 500 000 euros, qui étaient très largement financés par le Fonds vert ; quand on apprend qu’il doit être réduit de 60 %, on peut être très inquiet », a averti Christian Métairie, maire d’Arcueil (Val-de-Marne) et co-président de la commission Transition écologique de l’AMF.
« Surtout, ne touchez pas au Fonds vert ! », s’est exclamé en écho Maurice Gironcel, maire de Sainte-Suzanne (La Réunion). Sans compter qu’en plus de l’investissement, «il faut prévoir un minimum de fonctionnement », a complété Pascal Berteaud, directeur général du Cerema, «pour l’arrosage et l’entretien ». En retour, les effets des solutions mises en place sont souvent encourageants : ainsi du Grand Narbonne (11) où après «avoir balayé l’ensemble du territoire, regardé comment désimperméabiliser, on arrive à des effets assez majeurs, on est à 50, 60 % d’eau en moins dans les canalisations ».
Parmi les autres possibilités pour lutter contre les îlots de chaleur, la «genèse de courants d’air » en étudiant l’implantation des bâtiments.
Retrouvez la vidéo du forum " L’adaptation des communes aux changements climatiques : des solutions et outils à votre disposition "