Parmi les dispositifs à leur disposition pour agir en situation de crise comme en prévention auprès de l’ensemble de la population, les élus sont nombreux à plébisciter les conseils locaux de santé mentale (CLSM, créés par la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé), un outil de coordination et de définition de politiques locales. A titre d’exemple, Gilles Gascon, maire de Saint-Priest (69), a présenté son initiative locale de CLSM renforcé, prise après plusieurs crimes «traumatisants » commis sur sa commune sur fond de maladies psychiatriques, un groupe ressources qu’il peut mobiliser en quelques heures en cas de situation de crise.
Daniel Fasquelle, maire du Touquet-Paris-Plage (62), membre du groupe d’experts nommés en octobre dernier par le Premier ministre dans le cadre de la Grande cause nationale 2025 dédiée à la santé mentale, a fait un tour d’horizon des autres leviers d’action des élus, qu’il s’agisse de la facilitation du repérage des personnes vulnérables ou de l’amélioration du cadre de vie, en commençant par le logement. Il a demandé une simplification des dispositifs », qui s’empilent sans fléchage efficient. Un avis partagé par Etienne Pot, médecin de santé publique et délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement (TND), grand témoin du forum, qui a suggéré de confier aux professionnels impliqués cette simplification.
Daniel Fasquelle a aussi plaidé pour que l’état de la santé mentale des élus et des fonctionnaires territoriaux, «un angle mort », soit davantage prise en compte.
Les élus et l’ensemble des acteurs en santé mentale se heurtent à deux difficultés distinctes impactant la prise en charge des personnes en souffrance. D’une part, l’empilage des dispositifs, comme l’a souligné le grand témoin du forum, Etienne Pot, médecin de santé publique et délégué interministériel à la stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement (TND). D’autre part, la crise de la psychiatrie. Le manque de places à l’hôpital comme dans les structures spécialisées du médico-social étant à mettre en rapport avec le manque de psychiatres et la faible attractivité de la filière.
Antoine Pelissolo, premier adjoint au maire de Créteil (94), psychiatre, chef de service au CHU Henri-Mondor (Créteil), a détaillé les conséquence concrètes de cette crise : des patients, parfois dangereux pour eux-mêmes et pour les autres, qui ne sont pas hospitalisés par manque de lits. Et des patients stabilisés qui restent des mois, voire des années à l’hôpital, faute de places dans des structures de suite du médico-social. Le psychiatre et élu a demandé la création d’unités mobiles pour aller au-devant de la population et ainsi soulager les urgences psychiatriques, et la création d’unités pour malades difficiles (UMD) qui ne sont actuellement qu’au nombre de 10 pour toute la France métropolitaine (530 places).
La ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, qui a conclu ce forum, a déclaré comprendre la plainte des élus concernant le manque de psychiatres et de pédopsychiatres et a exprimé le souhait de rendre cette filière médicale plus attractive, en commençant par diversifier les stages les étudiants en formation. Elle veut aussi développer les postes d’infirmier en pratique avancée (IPA) en psychiatrie et santé mentale.
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