Albert Séeberger/Centre des monuments nationaux
Chaque commune, comme ici Crécy-la-Chapelle (77), revisite la mémoire de sa libération.
Installé en novembre 2023, le groupement d’intérêt public (GIP) «Mission du 80
e anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la victoire », ou «Mission Libération » (
www.defense.gouv.fr/mission-liberation), abordait, en mars 2024, la dernière ligne droite de la préparation des événements commémoratifs.
Ils débuteront mi-avril dans les communes du Vercors, en présence du président de la République, afin de rendre hommage « aux résistants de l’intérieur et des maquis », selon les termes de l’Élysée, et se termineront en 2025, avec l’anniversaire de l’Armistice.
Le programme commémoratif comportera, en 2024, les hommages aux deux débarquements, Normandie et Provence, et les libérations de Paris et Strasbourg, ainsi que de nombreux autres événements sur l’ensemble du territoire.
La Mission interministérielle, présidée par Philippe Étienne, ancien ambassadeur, avec laquelle l’AMF a signé une convention de partenariat, associe les communes aux festivités en labellisant leurs projets commémoratifs, ce qui n’empêche pas les collectivités de célébrer l’anniversaire de leur libération en dehors de ce dispositif national.
Labellisation
« Sur le terrain, la mobilisation est très forte, bien plus que pour le 70e anniversaire, se félicite Fabien Sudry, ancien préfet de la Côte-d’Or, secrétaire général adjoint de la Mission Libération. À la mi-mars, nous avions déjà réceptionné 1 500 projets de communes mais aussi d’associations et de particuliers, dont 1 000 ont été labellisés, répondant à différents critères comme l’exactitude historique ou encore la valorisation du patrimoine local ».
Le circuit de labellisation passe par les comités départementaux de la mission, installés en préfecture, et sera actif jusqu’à la fin du cycle commémoratif.
Au-delà de la labellisation, Fabien Sudry conseille aux petites communes de «ne pas hésiter à se rapprocher des comités départementaux pour avoir accès à un historien ou être mis en contact avec l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) et ainsi consolider leur projet ». Par ailleurs, les communes sont invitées à «valoriser des héros locaux, notamment en baptisant de leur nom des nouvelles rues et nouveaux lieux publics ».
Des régions, comme la Normandie, ont mis en place leur propre label (https://80e-normandie.fr) parfois assorti d’une aide financière accordée aux porteurs de projets. Le secteur scolaire est également mobilisé à travers des comités académiques qui, notamment, sensibilisent les élèves aux valeurs démocratiques défendues par les acteurs de la Libération.
« Les commémorations viennent renforcer la cohésion sociale autour d’idéaux républicains. Nous rendrons hommage à ceux qui se sont levés, à ceux qui ont souffert et à ceux qui ont combattu et libéré, en laissant toute la place qui leur revient aux vétérans », souligne le secrétaire général adjoint.
Les archives municipales en action
Si la Mission Libération récolte actuellement les témoignages de personnes ayant vécu, enfant, la Libération (@Mission80 ans sur le réseau X, ex-Twitter) et a lancé un appel national à la collecte d’archives, des communes ont lancé leur propre appel à témoignages, initiative coordonnée par leur service d’archives.
Aux Adrets-de-L’Estérel (2 800 hab., Var), Isabelle Martel, première adjointe au maire, contacte elle-même les familles installées, comme elle, depuis des décennies dans la commune. « Pour l’instant, nous avons récolté le journal d’un habitant racontant les jours de la Libération, et quelques objets. Le service des archives va bâtir une exposition autour de cette modeste récolte. Nous avions fait de même pour l’anniversaire des 50 ans de la Libération. 2024 semble être la dernière occasion. »
Cette problématique est la même à Aix-les-Bains (32 000 hab., Savoie) comme l’explique Joël Lagrange, directeur du service des archives : « Nous savions qu’il y aurait très peu de matière à rassembler (témoignages écrits). Car il demeure peu de témoins directs des événements à interroger. »
Le service compte ainsi sur quelques photos prêtées ou données et, éventuellement, sur de nouveaux dons d’ici au 21 août, date anniversaire de la libération de la ville, pour les intégrer à une exposition qui se tiendra jusqu’en novembre 2024.
© Mission Libération
Par Sophie Le Gall
n°422 - AVRIL 2024