Chaque territoire est unique et demande une observation soigneuse pour bien identifier les facteurs accidentogènes. Du fait de son expérience et de sa proximité, l’élu dispose déjà, bien sûr, d’une bonne connaissance de la situation.
Néanmoins, il convient de dépasser parfois certaines idées reçues et d’objectiver les données. L’expérience montre qu’une réduction des décès et blessures graves peut être obtenue avec une approche méthodique (planifier, faire, vérifier, adapter), basée sur des données pertinentes, et notamment celles de l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), et en fédérant tous les acteurs et usagers de la route.
Parmi ceux-ci figurent la police municipale, la gendarmerie ou la police nationale, les services de secours (sapeurs-pompiers, SAMU), les parents d’élèves, les enseignants, les transporteurs, les accompagnateurs scolaires, les associations locales affiliées ou non à des structures nationales : association Prévention routière (www.preventionroutiere.asso.fr) – qui organise les labels «Ville prudente » en partenariat avec l’AMF pour soutenir les efforts des élus (lire ci-dessous) –, Ligue contre la violence routière (https://violenceroutiere.fr), Association nationale pour les transports éducatifs de l’enseignement public (www.anateep.fr), Familles rurales, les délégués locaux d’associations cyclistes, etc.
Ce travail est à engager en lien étroit avec les services déconcentrés de l’État (en premier lieu avec la coordination sécurité routière de la préfecture) : les collectivités sont invitées par les préfets à désigner des élus «correspondants sécurité routière » qui sont leurs interlocuteurs et relaient des informations relatives à la sécurité routière. La commune doit aussi travailler avec les autres échelons (intercommunalité, département, région). À partir d’un diagnostic solide, il s’agira de définir des objectifs et des actions. Par exemple, après une hiérarchisation des voies, la mise en place de modérations de vitesses est à même d’être respectées.
De nombreuses ressources techniques sur ce sujet sont mises à disposition par le Cerema (www.cerema.fr). Par exemple, une série de 38 fiches «Savoirs de base en sécurité routière » et le replay d’un webinaire d’octobre 2022 sur l’évaluation des aménagements en matière de sécurité routière.
D’autres acteurs produisent leurs recommandations, comme la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) dont la dernière note de position, «Pour une pratique du vélo en milieu rural en toute sécurité », privilégie des aménagements économes en coût et matériaux utilisant en priorité les voiries existantes.
Sécuriser et harmoniser les liaisons douces, prendre en compte les usagers de la route les plus vulnérables, définir précisément la notion de «trottoir » sont des éléments importants : il ne faut rien dissocier. Rappelons que les PLU et PLUi sont les instruments adaptés pour soutenir des stratégies d’amélioration de la sécurité routière à long terme : ils offrent la possibilité de préciser, à titre incitatif ou prescriptif, les objectifs et les mesures favorisant la prise en compte du risque routier.
Pour autant, comme mobilité et sécurité routière ne tiennent pas compte des limites communales, il faut trouver moyen de coordonner les projets d’aménagement routiers entre les communes, les intercommunalités et le département.
C’est bien sûr le rôle crucial de la police municipale quand elle existe. Une collaboration efficace avec les forces de sécurité nationale (convention de coordination avec la police et la gendarmerie, élaboration conjointe d’une stratégie locale de prévention et de contrôle routier…) est indispensable.
Il conviendra de communiquer auprès des usagers de la route et de la rue sur les nouveaux aménagements et les nouvelles règles d’usage de la voirie : instauration de zones 30, zones piétonnes, sécurisation des espaces urbains autour des établissements scolaires et des zones de ramassage scolaire (en lien avec le départements et la région pour les collégiens et les lycéens), sécurisation des zones «de rencontre » (en agglomération, zone de cohabitation apaisée où chaque usager doit respecter certaines règles), plan des mobilités sécurisant les liaisons douces, plan d’organisation du stationnement.
Diminuer l’accidentalité sur un territoire implique forcément d’obtenir l’adhésion des habitants et des automobilistes, de lutter contre les idées préconçues, de faire évoluer les comportements individuels. Des initiatives peuvent être prises en déclinant les programmes «Savoir rouler à vélo » ou «Permis piéton » dont l’AMF est partenaire, en recourant à la boîte à outils du label «Ville prudente », en mettant en place le programme pédibus ou vélobus (caravane d’enfants encadrés par des adultes pour se rendre en toute sécurité à l’école à pied ou à vélo).
En Vendée, l’Association intercommunale Familles rurales (AIFR) du secteur de Rocheservière a fait réaliser par des jeunes des vidéos sur les règles de sécurité à respecter dans le cadre des transports scolaires (port de la ceinture, du gilet de sécurité, traversée de la route…).