Les prévisions pour 2024 sont sombres. «Les mises en chantier reculeront encore de 16 % en 2024, alors que les permis perdront 12 %. S’en suivra une chute d’activité de 21 % en volume », prévoit la fédération. Le logement neuf pèse pour 27 % dans l’activité du bâtiment. 3 000 emplois auraient déjà été détruits en 2023. La FFB s’attend à une perte de 150 000 emplois locaux entre 2023 et 2025.
« Après une érosion de son activité [globale] à -0,6 % en volume en 2023, le bâtiment entrerait véritablement en récession en 2024, à -5,5 %. L’effondrement du logement neuf (-21,3 %) et le recul du non résidentiel neuf (-6,0 %) se cumulant pour déboucher sur une chute globale du neuf (-14,6 %), qui l’emporterait largement sur la petite hausse (+1,6 %) de l’amélioration-entretien », peut-on lire dans la note de conjoncture de la FFB.
Parmi les explications avancées, le sous-investissement des ménages, essentiellement en raison du contexte économique actuel (inflation, taux d’intérêt…), mais aussi les premiers effets du zéro artificialisation nette (ZAN). «Les maires ne savent pas comment s’y prendre, déplore Olivier Salleron. Ils n’ont pas tout compris des décrets, nous non plus d’ailleurs ! C’est très compliqué. Nous aurons des estimations chiffrées dans six à huit mois ».
Une chose est sûre, le ZAN contribue à renchérir le foncier dont le coût constitue un réel problème aujourd’hui (le premier avancé lors du conseil national de la refondation logement), mais sur lequel «personne ne travaille aujourd’hui », selon la FFB. Des dispositifs comme le bail réel solidaire (BRS), sont certes intéressants, mais «ils ne suffiront pas » à relancer la construction de logements. La fédération attend davantage du futur projet de loi sur le logement. Elle a «des propositions à faire notamment sur la régionalisation » (sic).
Autres effets à prendre en compte pour 2024, la limitation annoncée du prêt à taux zéro et la fin du dispositif Pinel, si elles étaient confirmées dans le projet de loi de finances 2024. Et puis les conséquences collatérales de diverses mesures comme MaPrimeRenov’ conditionnée à la réalisation de travaux d’ensemble et au changement du dispositif de chauffage (selon la FFB, les ménages seront réticents à s’engager dans de tels travaux importants), le dispositif MonAccompagnateurRénov’ (2500 annoncés en 2024, mais seulement 300 recrutés aujourd’hui), etc.
En revanche, la FFB fonde beaucoup d’espoir sur la rénovation (notamment des écoles et bâtiments administratifs et des publics). L’activité dite d’« amélioration-entretien », qui représente 54 % de l’activité du bâtiment, augmente de «près de 3 % en volume, notamment grâce à la rénovation énergétique », même si elle devrait se tasser en 2024 (+1,6 %).
La FFB mise d’ailleurs sur cela pour 2024 et les années à venir, notamment grâce au secteur public «pour les 30 ou 40 à venir. Le plan de rénovation des écoles (lire notre article), notamment primaires, est très positif ». A noter que la construction du neuf non résidentiel est tirée par les bâtiments administratifs (seules les surfaces autorisées pour la construction de ces bâtiments sont en hausse de + 5,6%).
Autre point noir à l’horizon pour 2024 : la filière REP de récupération des déchets du bâtiment ne fonctionne toujours pas. «Les déchets ne sont pas repris sur les chantiers et en entreprise ; les tarifs 2024 ne sont pas encore connus alors que nous demandions à les avoir au moins neuf mois avant l’entrée en vigueur de la filière, mais l’éco-contribution est bien collectée depuis le 1er mai 2023 », tonne Olivier Salleron qui alerte sur «la grogne qui monte » chez les artisans et dans les entreprises du secteur.
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