C'est notamment le cas sur la rénovation énergétique du bâti scolaire. Le gouvernement met 2,5 milliards d'euros sur la table. Et il ne mettra pas plus, a prévenu Gabriel Attal. Or, ce chantier, qui concerne 4 000 écoles d'ici à 2030, coûtera «40 milliards » d’euros, a rappelé Frédéric Leturque, maire d’Arras (62), co président de la commission Éducation de l'AMF, avec Delphine Labails, maire de Périgueux (24). Gabriel Attal est resté inflexible, renvoyant les collectivités à leur «compétence » ou au ministère de la Transition écologique en charge de la gestion du fonds vert.
Autre sujet d’inquiétude des élus abordé lors du forum, la suppression - suspendue par Gabriel Attal pour 2023-2024 - du fonds de développement des activités périscolaires envisagée par le gouvernement à la rentrée 2025. Le ministre veut «laisser le temps de la concertation pour définir peut-être de nouvelles règles pour les plus petites communes ». «Le périscolaire c’est important, mais toutes les mairies n’ont pas la volonté ou la capacité d’investir dedans. L’État doit être le régulateur. Il faudrait que les collectivités soient mieux accompagnées », a plaidé le maire du Lamentin et président de l’association des maires de Guadeloupe (971), Jocelyn Sapotille. Au risque, sinon, «de laisser faire et de créer des inégalités », selon l’élu.
Autre sujet sensible, le financement des écoles privées, plus précisément les suites du protocole conclu entre le ministère de l'Éducation nationale et le SGEC (le secrétariat général de l’enseignement catholique), en mai dernier, sans que les maires en soient associés. «Nous jouons déjà le rôle d’amortisseur de l’augmentation des charges du privé au dépend même des augmentations que nous subissons. Alors s'il faut en plus parler de cantine, cela nous gratte un peu ! », a souligné le maire de Saintes (17), Bruno Drapon. «Le sujet de la mixité sociale est suffisamment important pour que l’on puisse reprendre le dialogue », a estimé le secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme.
La détermination du ministre en faveur du respect de la laïcité (notamment l’interdiction de l’abaya) a été largement saluée. «On doit réaffirmer fortement nos valeurs, ce que j’ai fait avec la décision sur le port de l’abaya. Cela ne veut pas dire qu’on est au bout des atteintes à la laïcité à l’école », a expliqué Gabriel Attal.
Le ministre a également été applaudi sur ses intentions de réformes, qui seront dévoilées en décembre et janvier, dont «une réforme profonde de la formation initiale des enseignants ». Gabriel Attal «veut reconquérir le mois de juin », «avec le décalage de mars à juin des épreuves du bac », «comme la tenue des conseils de classe le plus tard possible en juin » ou encore «les épreuves de BEP en juillet ».
Interpellé sur les besoins spécifiques des territoires ultramarins, le ministre a acquiescé, mais sans rien promettre. Il souhaite porter son attention sur les dispositifs innovants en citant un exemple à Mayotte (manuel scolaire unique pour l’apprentissage de la lecture). Il a enfin souligné l’intérêt de classes bilingues français-créole et prévoit un déplacement en Guyane.
« Le nouveau ministre veut réformer l’école, il le faut, car les inégalités s’amplifient et il faut tenir la promesse de la République. Mais il aura besoin de nous pour l’innovation pédagogique, la relation avec les familles », a appelé le maire de Montpellier, Michaël Delafosse.
« L’école n’appartient pas qu’à l’Education nationale » comme l’a plaidé Marie-Jeanne Bellamy, maire des Trois-Moutiers et présidente de l’association des maires de la Vienne, rappelant que les dasen n’associent pas toujours les maires aux décisions.
Le ministre l'a assuré, il compte sur une «alliance profonde entre collectivités et État » pour y parvenir, «l’académie devant être là pour conseiller et accompagner, et non pour sanctionner ». Avec comme premier gage, la mise en place dès 2024 d’une démarche triennale sur la carte scolaire pour les communes rurales ainsi que d’une nouvelle instance de concertation locale réunissant représentants de l'Éducation nationale et élus en amont du Conseil départemental de l’éducation nationale (CDEN). Une démarche saluée par Delphine Labails, coprésidente de la commission éducation de l’AMF, qui appelle ses collègues à se mobiliser : «cette commission doit être installée dans tous les départements, donc si vous n’avez pas de nouvelle, appelez-nous ! ».
Retrouvez la vidéo du débat sur l'école du 105e Congrès des maires de Fance