"En 2008, on décide de passer au 100% bio et, en quatre ans, on a réussi sans dépenser plus, en diminuant de 80% le gaspillage alimentaire pour financer le surcoût du bio", a-t-il expliqué. Aujourd’hui, dans sa commune, il est possible de se former pour acquérir le diplôme universitaire "chef de projet alimentation durable".
"On est passé en trois ans de 20% à 61% de certifié Ecocert dont la moitié en local", a raconté, pour sa part, Emmanuelle Gazel, maire de Millau (12), ville également engagée "vers le 100% bio avec le plus de local possible". La mise en place d’une tarification sociale a produit des effets : 25% de repas en plus servis dans les cantines en deux ans. "C'est assez énorme, il faut que la cuisine centrale arrive à monter en charge", a pointé l’édile, ajoutant que la restauration collective livre aussi des repas au domicile des personnes âgées.
L’évolution des menus peut cependant susciter du gaspillage, d’où l’importance de l’éducation au goût. A Millau, des dégustations sont organisées dans les cantines en présence des agriculteurs et, sur une carte de l’Aveyron, les enfants peuvent visualiser la provenance de leur yaourt ou de leur steak. Pour Gilles Pérole, les projets alimentaires territoriaux (PAT) communaux, "au plus près des habitants", ont un vrai rôle à jouer dans le changement des habitudes alimentaires.
Bien que la règlementation européenne ne leur facilite pas la tâche (lire ci-contre), les élus volontaristes en matière d’alimentation durable souhaitent tous s’appuyer sur des producteurs locaux. "C'est très compliqué pour de jeunes maraichers de s'installer puis de maintenir l'activité", observe Maïder Arosteguy, maire de Biarritz (64). La commune a acheté un terrain enclavé, un ancien verger "qui était fléché sur du logement", et une association y propose aujourd’hui "de l'éducation à la production de légumes".
A Mouans-Sartoux, une "ferme municipale" permet de produire 96% des légumes proposés aux enfants, a indiqué Gilles Pérole, en précisant que Villejuif (94) développe un projet similaire avec une ferme située à 150 kilomètres. "Multiplier nos capacités d’approvisionnement doit être notre fil conducteur, c’est un enjeu de sécurité", insiste l’élu.
L’achat de foncier permet de préserver les terres agricoles. La collectivité "achète pour permettre à de jeunes agriculteurs de s’installer", a exposé Isabelle Dubois, présidente de la communauté de communes de la Dombes (01), en précisant que l’intercommunalité y consacre un budget annuel de 500 000 euros.
Co-président de l’association «Terres en ville », François Beaupère a souligné que c’est bien l’instance collective du projet alimentaire territorial (PAT) qui doit permettre d’identifier les solutions adaptées au territoire. "Une régie, c’est possible mais cela coûte à la collectivité", a-t-il remarqué. Le représentant des Chambres d’agriculture attend en tout cas, comme les maires, que l’État se réengage financièrement pour soutenir la dynamique des PAT. Les élus ruraux souhaitent également pouvoir continuer à bénéficier de l’aide de l’État sur "la cantine à 1 euro" et l’AMF demande l’ouverture de ce dispositif aux territoires urbains.