« Il ne faut pas que le comportement d’individus entache la profession entière », a souligné Nicolas Lemay, président de la Fédération des forains de France. Ainsi, «pour que la fête perdure », élus et professionnels veulent privilégier la concertation et «réussir à travailler ensemble » dans le respect et la bienveillance. Le préfet Jean-Yves Caullet, président de la Commission nationale des professionnels forains et circassiens, a rappelé qu’« il ne faut pas attendre un problème pour créer un lieu de concertation ». Il souhaite la mise en place d’un travail de recensement des activités.
Malgré l’existence d’une Commission nationale des professions foraines et circassiennes et de commissions départementales mises en place par les préfets, les maires disent n’avoir aucune visibilité sur le calendrier de passage des fêtes foraines, et encore moins pour les cirques. «Il faut structurer votre inscription et votre demande », a plaidé Jean-Claude Morein, maire de Coimères (33).
De son côté, Stéphane Piquet a déploré des demandes «très tardives » qui peuvent faire que l’espace d’accueil dédié ne soit pas disponible au moment venu.
Les représentants des compagnies de cirques et des fêtes foraines s’inquiètent d’ailleurs de la raréfaction des emplacements disponibles dans les communes. «Les villes se restructurent et, parfois, l’emplacement prévu pour les cirques ou fêtes foraines peut-être inaccessible pour cause de travaux comme pour la construction de parkings sous-terrain par exemple, a illustré René Hayoun, président de l’Union Intersyndicale des entreprises des fêtes foraines de France. Quand il y a une complicité avec la municipalité et que tout se passe bien, on arrive à trouver d’autres lieux agréables en cœur de ville ». A contrario selon lui, «quand ça va mal », «les maires décident de nous interdire l’accès au domaine public ».
Si beaucoup de municipalités «ont fait des efforts pour que la fête foraine et les cirques restent dans le cœur de la ville » ce n’est pas le cas partout, et c’est ce que déplorent les professionnels qui dénoncent depuis plusieurs années une «stigmatisation » de leurs activités. Pour Arnaud Tanquerel, adjoint au maire de Bayeux (14) et co-président du groupe de travail Fêtes foraines et cirques de l’AMF, il est pourtant indispensable dans les communes de «faire reconnaître l’art forain et circassien » qui sont des leviers primordiaux pour «faire vivre un centre-bourg ».
Si les professionnels ont appelé à la «mise en place d’un règlement national valable pour les municipalités et pour les professionnels », le préfet Jean-Yves Caullet – conscient du poids des normes qui pèsent déjà sur les maires – suggère plutôt de diffuser les bonnes pratiques grâce à la mise en place d’un réseau de préfets.
Enfin, la charte Droit de cité pour les cirques et spectacles itinérants, signée notamment par l’AMF, les organisations professionnelles de cirques et le ministère de la Culture, va être relancée. Gwénola David, directrice générale du Centre national des arts du cirque, de la rue et du théâtre (Artcena), à l’origine de cette charte du 24 octobre 2018, a indiqué que plusieurs mesures vont être mises en place dont l’élaboration d’un catalogue du cirque «pour mieux faire connaître aux maires ceux qui se produisent sous les chapiteaux ».