« Entre 60 et 100 projets sont en train d’éclore », a révélé Paul Carrère, maire de Morcenx-la-Nouvelle (40), pendant le point info. Le débat a débuté par le témoignage de deux maires dont les projets sont en cours de réalisation : Emmanuelle Rasseneur (Gourlizon, Finistère) et Matthieu Demoncheaux (Hesdin, Pas-de-Calais), ont raconté les raisons qui les ont poussés à se lancer, et les difficultés rencontrées.
La maire de Gourlizon a évoqué comment «une simple boutade : ‘’Et si on fusionnait ?’’ », a fini par devenir un projet qui a pris corps, entre trois communes «appartenant à trois EPCI différents, avec des SCoT différents et des Sage différents ».
Matthieu Demoncheaux, travaille, lui, avec ses collègues élus à un projet de communes nouvelles avec quatre communes, lancé officiellement en juin dernier, qui nécessite «beaucoup de confiance et d’écoute entre les maires. Quand j’en ai parlé au préfet, il m’a dit : ‘’Appelez l’AMF et appelez Philippe Chalopin à Beaugé-en-Anjou !’’ Je l’ai fait, j’ai écouté les conseils, et c’est grâce à leur aide que nous avons pu éviter les faux pas ».
Plusieurs maires ont posé leurs questions sur les sujets les plus cruciaux de cette «aventure » : comment préserver l’identité des communes ? Faut-il garder des communes déléguées et des maires délégués ? Comment organiser les conseils municipaux ? On retiendra la question de la maire d’une commune de 38 habitants, dans l’Hérault, qui souhaite «se rapprocher » du village voisin, mais se demande s’il est possible de créer une commune nouvelle avec deux villages ayant «si peu de moyens ».
« Si on ne prend en compte que la question des moyens et du nombre d’habitants, ça ne suffira pas, a répondu Jean-Marc Vasse, maire de Terres-de-Caux (76). Ce qui compte avant tout, c’est le projet, et les élus qui portent ce projet ».
La députée de Maine-et-Loire, Stella Dupond, a expliqué les «avancées » auxquelles sont parvenues les délégations aux collectivités du Sénat et de l’Assemblée nationale avec le gouvernement, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2024, pour faire en sorte que les communes nouvelles «ne perdent pas d’argent » en fusionnant.
Un compromis semble avoir été trouvé sur la création d’un fonds de garantie, hors dotation globales de fonctionnement (DGF), permettant de compenser une éventuelle perte de DGF après la création d’une commune nouvelle. Le gouvernement semble aussi disposé à accepter un fonds d’amorçage de 10 euros par habitant.
Reste, en dehors des questions budgétaires, celle des effets de seuil : comment éviter qu’en dépassant, par exemple, les 3 500 habitants, les communes nouvelles se voient contraintes de respecter de nouvelles obligations intenables, notamment en matière de logement social ?
Françoise Gatel, «sénatrice des communes nouvelles », comme l’a surnommée Philippe Chalopin, a conclu par un plaidoyer plein de verve sur les communes nouvelles, pour répondre à ceux qui craignent de «perdre leur identité ». «Votre boulot de maire, c’est aussi de réfléchir à ce que sera votre commune dans dix ans… et ne pas se retrouver un jour tout seul devant son monument aux morts avec même pas de quoi payer la gerbe ! Jacques Pélissard [ancien président de l’AMF et auteur de la loi du 16 mars 2015] a inventé les communes nouvelles parce qu’il croyait à des communes ‘’fortes et vivantes’’. La commune nouvelle, c’est travailler ensemble pour donner plus aux habitants. Lorsque j’étais maire, j’ai fait une commune nouvelle pour que ma commune ait un avenir. »