Cependant, les maires et présidents d’intercommunalité ont refusé de se résigner. «Nous restons résolument optimistes car nous faisons l’expérience chaque jour (…) que le travail de proximité des 35 000 maires, des 500 000 élus du bloc communal, des 1,5 million d’agents territoriaux, est un levier puissant pour remettre notre pays sur de bons rails. (…) Les communes ne sont pas un problème, elles sont souvent la solution ! », souligne la résolution.
Or les «recentralisations multiples et étouffantes » que les maires dénoncent depuis longtemps entravent leur action : la multiplication des plans eau, vélo, chaleur, transferts rampants (digues), le ZAN, les mesures imposées et non concertées (hausse du point d’indice la fonction publique), le poids des normes et, enfin, «l’étouffement financier » (nationalisation des impôts locaux, refus d’indexation de la DGF sur l’inflation, fléchage des dotations d’investissement de l’Etat.
Les maires saluent quelques avancées, sur la revalorisation du métier de secrétaires de mairies et la possibilité pour les associations d’élus de se constituer parties civiles dans les affaires d’agressions et de violences contres l’un des leurs. Mais ils demandent surtout «la nécessaire relance de la décentralisation ». L’AMF a formulé des propositions en ce sens. Celles-ci «concernent tous les leviers de l’action publique, allant de la révision constitutionnelle au changement de culture administrative, en passant par des changements de la loi », rappelant au passage que «trop de temps a été perdu et qu’il est désormais temps d’enclencher le mouvement ».
A nouveau, l’AMF exige le «rétablissement d’une véritable autonomie financière et fiscale ». Les maires veulent aussi «réécrire » le principe de compensation et la définition des ressources propres », en introduisant «des clauses d’indexation » et des «clauses de revoyure ». Ils redemandent une nouvelle fois «l’instauration d’une contribution territoriale universelle » pour plus de justice entre les citoyens devant l’impôt, «un pacte financier sur la durée de la législature » et «un débat dédié au parlement chaque année ».
« L’engagement d’une réforme structurelle des dotations, tant en investissement qu’en fonctionnement » s’avère plus qu’indispensable. «Il faut redonner de la lisibilité à un système à bout de souffle, […] garantir le principe de liberté d’affectation des recettes », partager la fiscalité écologique en créant «une dotation climat », car «l’adaptation au changement climatique impose une refonte du modèle financier des collectivités », estiment les maires.
L’AMF appelle également à une revalorisation de la commune avec notamment une amélioration des conditions d’exercice du mandat (lire p. enjeu), la pleine reconnaissance de la diversité des communes, de la ruralité à l’Outre-mer. Et l’instauration d’un véritable «pouvoir réglementaire d’application des lois », ainsi qu’un «recours à l’avis conforme des maires sur les décisions essentielles qui concernent leurs communes ». Les relations avec l’intercommunalité et l’organisation des EPCI doivent «retrouver de la souplesse ».
Une relation de confiance entre l’État et les communes doit être rétablie. Tout comme «une vraie déconcentration, corollaire indispensable à la décentralisation, par le renforcement des services départementaux d’accompagnement de projets sous la responsabilité du préfet de département ».
Pour l’AMF, «ce qui manque, c’est une véritable vision et surtout, sa concrétisation dans la loi autant que dans le fonctionnement de l’Etat. La commune du XXIe siècle, moderne, résistante, est plus nécessaire que jamais dans notre société fragmentée et notre démocratie fragilisée. […] Nous exigeons le respect du principe constitutionnel de libre administration », soulignent les élus.