Dans ce contexte, après avoir longtemps opposé un non catégorique à une révision des annexes de la directive «habitats-faune-flore » pour modifier le statut juridique du loup en tant qu’espèce protégée, la CE ouvre désormais la porte à cette possibilité, même si l’UE finance plusieurs projets visant à réduire les conflits de coexistence entre l’homme et le loup (www.lifewolfalps.eu/fr/).
Le débat s’est invité en plénière du Parlement européen, le 13 septembre. Jérémy Decerle, eurodéputé et éleveur de charolaises, a enfoncé le clou. «Pour les victimes, le problème de la prédation n’a rien d’anecdotique. 11 000 animaux tués en France, 4 000 en Allemagne, 700 en République tchèque. (…) Harmonisons le comptage, facilitons l’abattage et ayons le courage politique de réviser le statu quo du loup et des autres [prédateurs] si nécessaire », a-t-il souhaité.
Des revendications sans surprise de la part de l’élu de Saône-et-Loire qui a porté la réflexion sur la prédation au sein de l’intergroupe du Parlement européen «Zones rurales, montagneuses et isolées » (Rumra). Un travail qui s’est concrétisé par l’adoption d’une résolution au Parlement en novembre 2022. «Nous ne pouvons pas continuer à ignorer la colère et le désarroi des éleveurs », a abondé l’eurodéputée Anne Sander (Parti populaire européen). Pour l’élue, le statu quo serait «une punition qui s’étend bien au-delà de l’aspect financier pour les éleveurs. Comment donner aux jeunes agriculteurs l’envie de s’installer (…) ? »
À l’opposé, Caroline Roose, élue des Verts, a fustigé une consultation «opaque et précipitée ». Ursula von der Leyen «a ravivé la peur culturelle du grand méchant loup », ce qui «fait partie d’une stratégie politique bien ficelée qui vise à sacrifier le loup sur l’autel des élections [européennes qui se tiennent au printemps prochain, ndlr]. (…) ». Et l’élue d’appeler la présidente de la CE et la droite parlementaire à s’intéresser davantage aux alternatives «comme une meilleure surveillance des troupeaux par des patous, le renforcement des clôtures, des compensations financières, etc. ».
La CE a indiqué qu’elle n’avait pas encore «une vue d’ensemble suffisante pour concevoir de nouvelles actions », d’où l’appel aux autorités locales. Mais elle promet de travailler vite.
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